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Un silence algérien

Ici, un article écrit dans un style très proche de « la Politique » quotidienne de Maurras dans l’Action française…

par Philippe Roch

Il est des silences qui hurlent. Celui de Boualem Sansal, aujourd’hui muré dans son pays comme en un tombeau ouvert, fait entendre jusqu’en France la plainte d’un esprit libre bâillonné par les brutes d’État. Car c’est bien de cela qu’il s’agit : l’intellectuel algérien, l’écrivain francophone, l’homme d’Occident à l’accent du Sud, paie aujourd’hui le prix de son insolence politique et de sa fidélité littéraire.

Sansal, vieil ami du langage clair et de la pensée droite, n’a jamais dissimulé son mépris pour les satrapes du FLN, recyclés en gestionnaires incompétents d’une république de façade. Son dernier livre, pourtant pas plus venimeux que les précédents, a suffi à lui valoir l’interdiction de quitter le territoire. Cela s’appelle, dans les dictionnaires honnêtes, une assignation à résidence sans jugement. Le pays de Saint-Augustin semble avoir appris à perfection de ses maîtres soviétiques la méthode de l’éteignoir.

Or, que font nos ministres ? Que dit notre presse ? Presque rien. Tout se passe comme si ce drame — car c’en est un, au regard des libertés de l’esprit — devait rester cantonné à l’autre rive. On évoque, du bout des lèvres, la situation « délicate » de M. Sansal, puis l’on revient au bilan carbone de tel festival.

Il est vrai que l’homme a tous les torts, aux yeux des puissants d’Alger comme de leurs valets d’ici : il est laïc, il est libre, il parle en français — et ce français n’est pas celui de la repentance, mais celui de Voltaire, de Tocqueville, et, osons le dire, de Barrès. Voilà qui dérange un ordre fondé sur la démagogie, la religiosité politique et l’inculture érigée en vertu.

Nous n’avons jamais partagé toutes les idées de M. Sansal. Il est libéral là où nous sommes classiques, humaniste là où nous sommes nationaux. Mais qu’importe ! Un écrivain de cette race est notre compatriote par le haut : par l’amour de la langue, par l’exigence de la vérité, par le courage surtout. Et c’est au nom de cette fraternité d’esprit que nous devons parler pour lui.

La République française, qui se veut le phare des droits de l’homme, aurait ici l’occasion de briller d’autre chose que de lumière électrique. Qu’elle se taise encore, et l’on verra que ce n’est plus la République, mais l’impuissance, qui parle en son nom.

https://www.actionfrancaise.net/2025/08/25/un-silence-algerien/

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