Macron en baisse à cause de... la guerre !
Macron comptait capitaliser à outrance sur l'effet drapeau et surjouait son rôle à l'étranger. Mais la réalité de son effacement géopolitique ne saurait être compensée par ce jeu d'acteur, de « vedette américaine », comme l'a bien vu Georges Michel. Et les Français, non seulement ne sont pas dupes, mais se montrent même très inquiets de cette légèreté présidentielle sur ce sujet grave. L'enquête Harris est cruelle pour notre histrion, qui perd deux points : « Il est frappant, analyse le sondeur, de voir l’apparition du mot "guerre" comme élément explicatif de la non-confiance alors même que les dimensions internationales ne sortent pas nettement spontanément pour qualifier la confiance. Celui-ci semble avoir remplacé (provisoirement ?) celui de "dissolution". » La guerre tant dramatisée devient un boulet pour Macron, aussi lourd que celui de la dissolution. Les quelques jugements des sondés récoltés par l'enquête sont éloquents : « Il se préoccupe plus de son image à l'international que de la France et des Français », « Trop impulsif, n'écoute pas assez les Français, trop prétentieux » ou encore « Il semble qu’il souhaite rentrer en guerre avec la Russie ».
Bayrou en baisse, et même Retailleau...
La baisse continue de Bayrou étonne moins (il perd encore 4 points), tellement la pente semble continue vers une censure qui se précise de semaine en semaine. Ce sondage enregistre un phénomène plus nouveau et dont il faudra voir s'il est pérenne : les poids lourds du gouvernement, à savoir les ministres aux portefeuilles régaliens issus de LR, et qui sont les plus populaires, voient leur cote baisser. C'est le cas du ministre des Armées Sébastien Lecornu (-3 points), sans doute victime collatérale de l'activisme exacerbé d'Emmanuel Macron. Mais aussi de Gérald Darmanin et de Bruno Retailleau, qui cherchent à être en pointe, chacun dans son couloir, sur le sujet de l'insécurité. Si Darmanin ne perd qu'un point, Retailleau en lâche 4, et même 5 auprès des sympathisants RN : le phénomène Retailleau a-t-il trouvé sa limite, celle d'un discours très ferme sur l'Algérie, l'immigration et l'insécurité, mais que l'opinion estime trop peu suivi d'actes ? Si les ministres « de droite » du gouvernement régressent, cela ne profite guère à la figure de gauche de l'équipe Bayrou : Élisabeth Borne perd elle aussi 4 points, du fait de « la polémique autour de la bande dessinée de La Belle et la Bête et ses remarques au sujet de la laïcité dans le sport adressées à Gérald Darmanin et Bruno Retailleau ».
Bardella, Le Pen et le RN portés par une vraie dynamique
Déjà très haut dans les sondages en tant que personnalités politiques préférées des Français, devant Édouard Philippe, Jordan Bardella et Marine Le Pen se paient le luxe de grappiller encore des points ! Selon l'enquête Harris, « Jordan Bardella demeure la personnalité politique recueillant le plus de confiance auprès des Français (40 %, +1). » Et, comme l'écrivait Yves-Marie Sévillia cette semaine, sa visite en Israël avec Marion Maréchal a été un sans-faute et c'est certainement l'événement qui lui vaut cette nouvelle progression, selon Harris. Quant à Marine Le Pen, elle engrange encore 2 points, à 39 % d'opinions favorables, à la veille d'une semaine importante. Surtout, un autre sondage, celui de l'Ifop pour le Jdd, qui paraît ce dimanche matin, donne Marine Le Pen à un score jamais atteint : entre 34 et 37 % au premier tour de la présidentielle, selon les configurations ! Loin devant Edouard Philippe, qui ne dépasse pas 25 %.
Toute la droite patriote en progression !
L'enquête Harris montre que le tandem Le Pen-Bardella fonctionne comme une véritable locomotive qui tire tout le camp patriote avec lui : Marion Maréchal, cinquième personnalité politique préférée des Français, gagne deux points, à 30 % d'opinions positives. Mais un Éric Ciotti, un Nicolas Dupont-Aignan et un Éric Zemmour sont, eux aussi, en progression ! Ce qui place la droite nationale, à la présidentielle, à un total de 45 % (Le Pen+Zemmour+Dupont-Aignan) selon le sondage Ifop : un score jamais atteint ! En somme, une clarification du futur champ de bataille... des législatives et de la présidentielle.