par Jean-Luc Maisonblanche
L’édito de mars 2025 du général de corps d’armée 2S, Robert Meille, vice-président de l’ASAF (texte envoyé de sa retraite gersoise), publié par l’Association de soutien à l’Armée française, mérite d’être analysé dans le détail.
Obéissant aux orientations du ministre de la Défense et du Premier ministre, aux injonctions du président de la République, cet éditorial enfourche les certitudes et les obsessions du pays légal républicain aux abois. Il veut sortir les Français de leur sommeil ! Les tirer de leur sieste.
Quelques points concrets méritent une réponse :
-Quand est-il démontré que les intérêts de la France coïncident avec ceux de l’Ukraine ?
À l’opposé… les intérêts de la France sont à l’évidence beaucoup plus concrets et sérieux du côté de la coopération avec la fédération de Russie. Les trains de mesure ont sacrifié les agriculteurs, les distributeurs et les industriels français. La négociation de mars 2022 aurait dû stopper ce conflit et aboutir à une négociation raisonnable. Au lieu de cela, des centaines de milliers de morts pour rien.
Silence du général.
Dans le cas où les avoirs russes dans les banques occidentales seraient utilisés pour financer des réparations, comme l’envisage le général, a-t-on mesuré et chiffré les actions en réponse que la France subirait de la part des Russes ? Les députés du RN qui ont réclamé ce chiffrage attendent toujours une réponse. Silence du général.
La presse anglo-saxonne, que l’on ne peut soupçonner de complotisme, reconnaît aujourd’hui la responsabilité de l’Administration Biden dans les opérations provocatrices et de grignotage de l’influence russe en Ukraine, bien avant 2014 et le coup d’État mené par la CIA à Kiev pour annuler les résultats des élections. La France doit en tirer un enseignement et cesser d’ignorer ces manœuvres. L’Ami américain est et a toujours été ainsi, s’en scandaliser aujourd’hui n’est pas sérieux.
-Le général préconise de poursuivre le conflit et de soutenir les Ukrainiens jusqu’au bout dans la défense de leur territoire. Jusqu’au dernier Ukrainien, mon Général ? Qui entend la voix de ceux des Ukrainiens qui veulent la paix plutôt que la guerre et la mort ?
Le général Meille n’évoque pas le degré d’épuisement des forces combattantes et le risque d’un écroulement « brutal » faute de trouver des ressources humaines pour continuer d’agir en utilisant les systèmes d’armes fournis gracieusement par les États européens volontaires.
La Russie n’a, depuis l’origine, qu’une stratégie et une tactique : stopper l’OTAN dans son avancée offensive vers l’Est, démilitariser l’Ukraine en détruisant ses forces de défense par une guerre longue d‘attrition des moyens humains et matériels de l’adversaire. Démilitarisation et dénazification vont ainsi de pair, et les Russes n’ont cessé de l’annoncer. Les brigades « bandéristes » qui ont fait le coup d’État de Maïdanet dominent encore le gouvernement, n’ont plus le soutien des États-Unis et seront passées à la moulinette, exterminées les unes après les autres.
Comme d’autres, le général n’en est pas à une contradiction près : la Russie est faible, la Russie s’appauvrit… mais elle menace existentiellement la France au travers de ses alliés de l’OTAN.
Ce que le général qualifie, pour s’en moquer, de « poussif » dans l’avance des armées russes, se situe dans la tradition russe : une avance lente et résolue, déterminée !
La politique de défense russe a toujours été défensive et demeure défensive. Comment un général de ce niveau peut-il l’ignorer ?
Lorsque l’on a un territoire trente-trois fois plus grand que celui de la France, avec 150 millions de citoyens seulement, une démographie en berne, on doit juste s’assurer de ne pas avoir de missiles adverses pointés vers soi dans un rayon trop proche. C’est simple à comprendre. Trop simple pour être compris par ce général. Sur les pertes de l’armée russe, les chiffres les plus fantaisistes circulent. Personne ne tente de les mettre en corrélation avec le total des forces engagées. Il faudra bien un jour mesurer la réalité, et l’on constatera alors un écart proche de 50% entre ce que les médias occidentaux ont publié et les morts et blessés effectifs. Dans le même ordre d’idée, les pays occidentaux insistent moins sur les pertes civiles causées par les Russes depuis que l’État d’Israël procède au nettoyage de la bande de Gaza.
-En quoi le soutien des volontaires européens depuis la Roumanie peut-il être dissuasif ?
L’appel à jouer le rôle de forces de garantie en cas de trêve ou de cessez-le-feu est une pétition de principe, comme si les Russes pouvaient accepter des soldats des États européens si engagés aux côtés des Ukrainiens comme forces d’interposition ?
Personne ne peut y croire. Si Macron insiste encore, ce sont les soldats des États d’Afrique qui l’ont chassé et le méprisent qui seront choisis comme casques bleus ou forces d’interposition. Sûrement pas les Français.
-Faire comme si nous avions la main dans ce conflit est mensonger.
Nous n’avons plus la main, et c’est tant mieux. Passons à autre chose. Retirons-nous et laissons le temps faire oublier notre aveuglement, notre lâcheté, notre bêtise.
-Pourquoi ce bon général met-il à la charge de la France et des autres États européens la reconstruction de l’Ukraine ? Qu’avons-nous à y gagner ? N’avons-nous pas assez payé ?
Ainsi, un général en retraite dans sa lointaine province devrait s’abstenir de prendre des positions politiques tranchées, des macronades ridicules, alors qu’il n’a pas la connaissance du sujet. La manipulation tentée par Emmanuel Macron pour regagner une relative popularité a déjà échoué : 5 points dans les sondages, la belle affaire ! Tout ça pour ça ? Il est triste de voir une officier supérieur qui a bien servi son pays, la France, se prêter à un pareil coup fourré : l’emprunt patriotique auquel il exhorte ses lecteurs de souscrire va juste creuser davantage le gouffre de nos dettes, sans garantie de retour d’investissement pour nos industries nationales. Et en revanche, nous pouvons faire confiance à nos « chers » amis allemands, forts d’une industrie domestique encore vaillante, pour imposer leurs choix d’investissement et leur maîtrise des chaînes de production. L’exemple de la tarification européenne de l’énergie aurait pourtant dû éclaire chacun : les Allemands dictent leurs conditions et nous nous soumettons.
Encore une occasion perdue de faire entendre une voix indépendante, souveraine, libre. Il n’est jamais trop tard pour revenir à la France, la France d’abord.
https://www.actionfrancaise.net/2025/03/31/seloigner-de-la-realite-et-divaguer/