
La loi Garot, la fin de la libre installation des médecins, ou l’exemple de la contrainte illégitime. Face à une médecine en déshérence, qui ne parvient plus à soigner correctement, ni a être présente sur l’ensemble du territoire, le législateur s’est une fois de plus mû en pourfendeur d’injustice, en redresseur de torts. L’intention est louable, mais la méthode est insuffisante et décalée. Comment en est-on arrivé là ? Peu importe, vont vous dire les tenants de l’interventionnisme et pourtant il est tout de même salutaire de se souvenir que c’est dans les années 90 que Juppé a contribué à assécher lentement mais durablement le réservoir de médecins. Brillante idée d’énarque qui savait que les effets pervers ne se feraient sentir que bien plus tard et qu’on oublierait qui est à l’origine de ce désastre. Trente ans après nous y sommes. Mais le massacre de notre médecine n’a pas été isolé, non, il s’est accompagné d’une savante orchestration de la désertification des campagnes. Sous couvert d’une nécessaire efficience des services publics, ils se devaient de répondre aux besoins modernes des populations, qui vieillissantes, se demandaient bien comment elles allaient trouver dans le vide naissant, les services capables de leur assurer un minimum vital d’administrations de proximité, et plus largement d’activités, dans ces villages oubliés, puis ces villes moyennes.
Systématiquement l’État s’est ingénié à fermer des écoles, des bureaux de poste, et plus tard les trésoreries, certaines gendarmeries. Naturellement, les petits commerces ont disparu, puis les médecins eux aussi sont partis. La conséquence directe est aujourd’hui visible : des patients ne se soignent plus, les maternités ferment, les urgences ne sont fréquentables que selon des heures précises, annulant de facto le côté impondérable de leur vocation. L’urgence n’est plus devenue inopinée, mais doit s’inscrire dans un segment d’ouverture préétabli ! Magnifique technocratie. Mais tout cela n’est que le fruit du décalage que nous ne cessons de dénoncer au RPF, entre le peuple et ses besoins, face à des administrateurs qui règlent les problèmes à coups de normes, de directives, de PowerPoint et de tableau Excell, avec des consignes d’économies. Tout s’écroule autour de nos dirigeants, mais ils ne voient rien, se complaisent à des logorrhées de phrases creuses, ourlant un discours qui se veut pertinent alors que le vocable employé souligne une réflexion sans réponse réelle. Là où l’action devrait s’inviter, c’est une succession de mots destinés à impressionner un auditoire anesthésié, sans jamais provoquer de choc salutaire, ni entrevoir un début de solution. On réglemente, on invoque des commissions qui seront chargées d’étudier l’impact ou l’opportunité de faire un rapport sur le problème, bref on tourne en rond en se congratulant, fier d’avoir une fois de plus géré le néant, rempli le vide pendant un instant.
Mais que faudrait-il pour que les médecins reviennent d’eux-mêmes ! Des patients, et pour cela il faudrait avoir le courage de réimplanter des services publics. On nous a vanté les mérites d’une informatisation qui devait tout régler, alors que nous sommes confrontés à une absence d’interlocuteurs, où les sujets se listent d’après un menu déroulant, ne laissant que peu ou pas d’initiatives pour expliquer son cas précis, ou résoudre une difficulté justement informatique. Rétablir aussi les conditions pour que les commerces vivent et prospèrent dans un environnement favorable. Ce n’est certainement pas en maintenant des prix de l’énergie hauts que l’on y parviendra, ce n’est pas en soutenant une dépopulation que l’on veut compenser par une immigration massive et heureuse non plus, mais par une politique de soutien aux familles françaises ambitieuses, une politique nataliste épurée des clichés de l’extrême droite qu’on lui accole sans trop savoir pourquoi, simplement parce que l’idéologie wokiste l’a décidé. Mais le législateur préfère contraindre, pallier le problème qu’il a créé. Cette loi débouchera sur des effets bien plus pervers, qui ne sont pas étudiés, pris en compte. Lorsque l’on voit l’hémicycle encore plus désert que les campagnes, on peut se poser la question de la légitimité de la loi, et plus globalement des textes qui y sont votés devant des travées vides. Le seul sceau de l’Assemblée nationale suffirait, un tampon ferait donc l’affaire pour un texte que 90% des députés n’auront ni lu ni discuté.
Derrière cette question devenue majeure, « Où passe l’argent ? », la question se pose de la rénovation des services publics avec un taux d’imposition global de 50 %, un record en Europe. Comment font les autres ? Il faut donner de l’air à ce pays écrasé par l’impôt et au RPF nous avons proposé des solutions financières pour un équilibre des finances finalement très peut difficile à rétablir, tant les gaspillages sont nombreux, visibles et évitables. Il ne faut pas chercher de nouvelles ressources, mais revenir à un taux d’imposition moyen, autour de 35 %, planifier une rénovation des services publics tels qu’ils existaient avant les années 80, revenir sur le guichet informatique qui n’a pas fait ses preuves et dans le cadre de la réindustrialisation, faire revivre l’activité économique des territoires, un peu sur le modèle suisse, où chaque village a sa PME ou son ETI. Se départir de cette idée saugrenue qui a voulu qu’on abandonne les provinces au profit des « quartiers », avec quels résultats ???