Ce cri d’alerte au Grand Remplacement — on force à peine le trait — n’est pas lancé en l’air. « Mon gouvernement reprend le contrôle de nos frontières », a-t-il posté, sur X. Le changement de cap est tellement énorme qu’il a pris soin de le répéter sur tous les tons : « Nous rétablissons le bon sens et le contrôle de nos frontières », « Nous mettons fin à l’expérience des frontières ouvertes de la Grande-Bretagne », « Nous réparons le système et rétablissons le contrôle de nos frontières ».
Préférence nationale et qualité
C’est essentiellement sur l’immigration de travail que Keir Starmer entend peser. Il fait le constat que « les conservateurs ont mis en place un système d’immigration qui reposait sur une main-d’œuvre étrangère bon marché au lieu d’investir dans les travailleurs britanniques » — ce qu’il appelle ni plus ni moins « une trahison ». Que « pendant trop longtemps, les entreprises ont été activement encouragées à recruter des travailleurs moins bien payés, plutôt que d’investir dans leur propre personnel ». Keir Starmer entend aujourd’hui faire jouer la préférence nationale. La taxe que paient les employeurs qui emploient des travailleurs étrangers va augmenter afin d’encourager « les entreprises à créer des opportunités et une progression de carrière pour les travailleurs britanniques ».
Conjointement va être encouragée une immigration de qualité : « Notre système actuel n’est pas suffisamment sélectif […]. Nous relevons le seuil de compétences au niveau du diplôme pour nous assurer d’attirer des personnes capables de faire croître notre économie. » Cela passera aussi par l’apprentissage de la langue : « Si vous souhaitez vivre au Royaume-Uni, vous devez parler anglais. C'est du bon sens. »
Des annonces dignes de « l’extrême droite »
Les annonces de Keir Starmer ne se cantonnent pas à l’immigration de travail. Le tourisme médical ? Fini. « Nous fermons définitivement la voie des visas de soins. » L’immigration illégale, tentaculaire et insaisissable et qui vit sur le dos de la bête ? Des visas, électroniques désormais, faciliteront « la tâche des agents de l’immigration pour pister et prendre des mesures contre ceux qui tentent de rester ici illégalement ». Et de conclure : « L’installation au Royaume-Uni est un privilège, pas un droit. »
Un programme possible parce que, grâce au Brexit, Starmer a les mains libres face à l'Union européenne. Une feuille de route digne de Marine Le Pen, de Georgia Meloni, de Viktor Orbán ou… de Donald Trump. Ce dernier n’est peut-être pas étranger à cet infléchissement. On se souvient que, dès son élection, Trump avait négocié un contrôle rigoureux de la frontière des États-Unis avec le Canada et le Mexique en échange d’un adoucissement des droits de douane. Il se trouve qu’un accord commercial Royaume-Uni-États-Unis a été signé le 8 mai.
Un déclic ?
Peut-être est-ce le déclic dont avait besoin Keir Starmer pour lancer, enfin, la politique anti-migratoire pour laquelle il a été élu, il y a bientôt un an. Cette première année a été marquée par l’attentat de Southport (trois fillettes poignardées à mort en juillet), qui a été l’occasion, non d’un durcissement de ton vis-à-vis des migrants, mais d’une répression sévère à l’égard des citoyens britanniques « de souche », matraqués lors de manifestations et emprisonnés, parfois pour de simples posts sur les réseaux sociaux. Dans le même ordre d’idée, Starmer a repoussé de toutes ses forces l’idée d’une enquête nationale sur les grooming gangs pakistanais responsables de milliers de viols sur des jeunes filles « de souche »… On était à l'opposé de la préférence nationale.
Nous voici à l'heure d'une reprise en main. Starmer s'engage pour une « faible migration nette », avec une chute des entrées légales comme illégales. S'il veut aller jusqu'au bout du raisonnement, il lui faudra ensuite gérer les migrants déjà installés et ce corollaire envahissant : une islamisation galopante de la société et des mœurs. Il y a du pain sur la planche pour que la Grande-Bretagne ne devienne pas « une île d’étrangers ». Step by step!