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Hollande Louis XVI et les réformes

La comparaison entre Louis XVI et François Hollande me semble, disons-le tout net, insultante pour le roi martyr. Mais, une fois surmonté le dégoût, sur un point au moins, on peut la tenir pour pertinente : même souhait des réformes, pareille conscience, sans doute, de leur nécessité, mais incapacité comparable de les promouvoir.

Explorons donc ce parallèle du p. de la r. avec Louis XVI. Lancée par Jean-Luc Mélenchon (1)⇓, l'assimilation a bien provoqué quelques remous pendant deux ou trois jours. Notre Robespierre d'opérette avait  dit : "Pourquoi tient-il compte seulement des éléments les plus droitiers et les plus archaïques de sa majorité ? François Hollande est aussi aveugle que Louis XVI. Incapable de penser un autre monde." Comme il s'agit d'un des rares hommes politiques à se réclamer ouvertement de la franc-maçonnerie ses moindres frasques disposent  d'un écho complaisant. Mais on s'avise rapidement qu'il admire en Chavez une sorte de réincarnation de Bolivar pour café-concert, qu'il nie le caractère dictatorial de Fidel Castro, et, au bout du compte que ce grand démocrate se révèle incapable de se faire élire au scrutin uninominal. Pour le système il se réduit donc au rôle de bouffon supplétif.

On se dispense ainsi d'examiner le fond de son propos.

Or, une légende tenace assimile le malheureux roi aux Mérovingiens. Les faux lettrés aiment ainsi à retenir que Louis XVI aurait marqué sur un certain carnet, à la date du 14 juillet 1789 : "rien". À cet égard, la Mémoire trompeuse s'efforce d'oublier que cette mention provient en fait du tableau de chasse royal.

Aujourd'hui Monsieur Normal qui par tant de points ressemble effectivement, lui, à un roi fainéant de caricature, se préoccupe sérieusement d'enrayer cette critique. Il sait qu'il serait critiqué pour n'avoir rien inscrit à son agenda pendant les fêtes de cette fin d'année. Cette rumeur était diffusée par L'Express le 24 décembre à 11 h 35. Elle fut rapidement démentie sur le site, décidément plus bienveillant, du Figaro. Lequel titrait le même jour à 17 h 22 : "Hollande et le gouvernement privés de vacances de Noël". On peut tenir ces ordres et contre-ordres pour des broutilles. Elles paraissent assez révélatrices de la mythologie jacobine à l'œuvre dans les cercles dirigeants de notre république. On peut aussi se demander pourquoi un journal appartenant à Serge Dassault se montre aussi ambigu par rapport à l'actuel pouvoir d'État.

Le même site s'ouvrait ainsi ce 27 décembre au matin sur la nouvelle triomphale et, n'en doutons pas, capitale de la "visite surprise de François Hollande à Rungis". Le même matin, d'ailleurs, le même journal diffusait sans commentaire l'évaluation trompeuse de l'Insee prétendant que la dette publique française aurait reculé à l'automne 2012.

L'opération Rungis appelait quant à elle des commentaires critiques. Elles venaient notamment de la gauche. Ainsi un chroniqueur comme Éric Dupin posait la question : "Hollande, la tête de veau et Rungis. Comment un "communiquant" peut-il encore croire à ce genre de truc ?" (2)⇓

À 4 h 35 du matin, ce 27 décembre le chef de l'État s'affichait pourtant visitant le pavillon carné à Rungis en compagnie de Mme Nadjet Boubekeur, attachée de presse de l'Élysée, elle-même accompagnée du ministre délégué chargé de l'agroalimentaire, Guillaume Garot, et du ministre délégué à la Consommation, Benoît Hamon. Message non exempt d'une idée de lutte des classes : tout ce beau monde va à la rencontre de ceux qui travaillent dur "pendant cette période de fête". Et de se montrer photographié au milieu des tripes, abats et découpage de tête de veau. Par ailleurs, on se garde bien de s'attarder sur les cochonnailles.

Apparaissant une fois de plus en renégat du christianisme qu'il se confirme jour après jour, et après qu'il eut souhaité une excellente fête de l'Aïd-el-kébir aux musulmans, on ne l'avait entendu évoquer ni le Noël de ses anciens coreligionnaires ni la fête des Lumières, probablement devenue suspecte depuis que le grand rabbin de France Gilles Bernheim a si brillamment étrillé le projet de loi sur l'homoparentalité.

Tout tend à faire oublier la crise, le nombre des chômeurs, le risque de stagnation qu'aggrave le poids délirant de la fiscalité et des charges sociales.

Car contrairement au malheureux monarque qui, après l'échec de l'assemblée des notables de 1787 convoqua les états généraux de 1789, pour faire adopter les réformes qu'il savait nécessaires, le compagnon de Madame Twitter cherche plutôt à communiquer sur la moindre importance de la crise, conjoncturelle pour l'Europe, structurelle pour l'Hexagone qu'il administre.

Il souhaite nous entretenir aujourd'hui dans l'illusion bien connue des derniers instants de bonheur. Il s'agit bien, là aussi, d'une réminiscence révolutionnaire : "encore une petite minute Monsieur le bourreau". Cette phrase fameuse, attribuée à tort à beaucoup d'autres victimes du "rasoir national", et même à Marie Stuart, fut prononcée en 1793 par la malheureuse comtesse Du Barry. La voici désormais en passe de devenir comme une sorte de viatqiue du déni français, du déclin français.

JG Malliarakis http://www.insolent.fr/

Apostilles

  1. Mis en ligne sur le site de Libération le 29 novembre 2012 à 22:06
  2. gazoullis du 27 décembre.

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