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Dominique Venner

Dominique Venner est historien. Engagé volontaire pendant la guerre d'Algérie. Militantisme actif à l'époque. Prison. Fonde et anime la revue Europe Action. S'est apparemment retiré sous sa tente depuis la fin des années soixante, entre ses fusils de chasse et sa machine à écrire. Il a publié une trentaine de livres, de l'histoire des Sudistes (Le blanc soleil des vaincus) à celle des corps-francs de Weimar (Baltikum), en passant par la guerre civile russe (Histoire de l'Armée Rouge, 1917-1924). Il est considéré comme l'un des meilleurs spécialistes des armes et de leurs rapports avec les hommes et l'histoire (15 livres sur le sujet). Il dirige aux Editions Pygmalion la collection Les grands Maîtres de la chasse et de la vénerie, et vient de publier chez Plon 13 meurtres exemplaires, un essai en treize récits fouillés sur la terreur et les crimes politiques au XXe siècle.
Dans les bons manuels d'aventure et de voyage, on trouve une foule de conseils plus ou moins judicieux pour constituer une pharmacie de raid et résister aux microbes vicieux ou aux climats sournois. A chacun ses drogues et ses recettes de survie. Moi, ce sont les livres. Parmi quelques milliers, voici ceux de ma bibliothèque de campagne : les volumes que j'ai toujours sous la main pour le plaisir, l'évasion, le travail ou la santé.

EUPHORISANTS
Remèdes de choc par le rire et par l'humour :
- Jean Anouilh, Les poissons rouges (Table ronde).
- Roger Nimier, Le hussard bleu (Gallimard).
- Jacques Perret, Bande à part et Rôle de plaisance (Gallimard).
- Général de Brack, Les avant-postes de cavalerie légère. A lire au deuxième degré.
- A.D.G., Pour venger pépère (Série noire).
- Montheilhet, Les pavés du diable (Denoël).
- Jean-Marc Parisis, La mélancolie des fast-food (Grasset). En attendant et en espérant le suivant.

TONIFIANTS
pour traitement de fond :
- Montherlant, Les Essais Pléiade. Le livre que j'emporterais sur l'île déserte s'il n'en fallait qu'un.
- Régis Boyer, les religions de l'Europe du Nord (Fayard-Denoël). Pour retour aux sources.
- Soljénistsyne, l'archipel du Goulag (Seuil), l'intelligence, le courage et la volonté d'un homme seul peuvent triompher de la plus cruelle, de la plus hypocrite et de la plus écrasante entreprise de mensonge.
- Evola, Méditations du haut des cîmes (Pardès-Trésdaniel). Contre la médiocrité. 

DROGUES DOUCES
Pour évasion immédiate :
- Giono, Les récits de la demi-brigade (Gallimard). Dense, nerveux, tragique, aventureux et allègre. Tout ce que j'aime.
- Julien Gracq, Un balcon en forêt (Corti). Mêmes commentaires.
- Jean Grosjean, Clausewitz (Gallimard). Idem.
- René Chambe, Le cor de M. de Boismorand (Presse de la cité).
- Henri Vincenot, La Billebaude (Denoël).
- Michel Tournier, Le roi des aulnes (Gallimard).
- André Malraux, Les conquérants (Grasset). Le seul vrai roman fasciste de langue française.
- Pierre Moinot, Le guetteur d'ombre (Gallimard).
- Marquis de Foudras, Les gentilshommes chasseurs (Pygmalion).
- Hugo Pratt, Corto Maltese en Sibérie. Mais aussi Kipling, Maupassant, Jacques London, La Varende, Jean Raspail, Volkoff et autres enchanteurs.

STIMULANTS
Des vitamines pour les méninges :
- Paul Morand Mon plaisir en littérature  (Gallimard).  
- Robert Poulet Le Kaléidoscope (L'Âge d'homme). Recueil éblouissant et trop bref du plus sûr critique littéraire contemporain.
- Pierre Gripari, Critique et autocritique (L'Age d'homme). Ce que l'anarchisme de droite a sécrété de plus original et de plus brillant.
- Dostoïevski, Journal d'un écrivain (Charpentier).
- Nietszche, Le crépuscule des idoles (Mercure de France).
- Spengler, Ecrits et pensées (Copernic).
- Joris von Lohausen, Les empires et la puissance (Labyrinthe). Réflexions de fond sur l'histoire et la destinée de l'Europe, sous l'éclairage de la géopolitique.
- Alain de Benoist, Les idées à l'endroit (Hallier).
- Jean Cau, Le chevalier, la mort et le diable (Table Ronde).
- Robert Ardrey, La loi naturelle(Stock).
- Jean Mabire, L'écrivain, la politique et l'espérance (St-Just).
- Jacques Laurent, Histoire égoïste (Table Ronde). Itinéraire sans faute et sans hypocrisie d'un écrivain qui n'a pas peur des mots.

TRAITEMENTS DE LONGUE DUREE
Parmi les grands romans, ceux que je place au plus haut :
- Tolstoï, Anna Karénine (Pléiade).
- Stendhal, Lucien Leuwen (Pléiade).
- Margaret Mitchell, Autant en emporte le vent (Gallimard).
- Rebatet, Les deux étendards (Gallimard).
- Michel Déon, Les poneys sauvages (Gallimard).
- Mishima, Chevaux échappés (Gallimard).

DROGUES DURES
- Ernst Jünger, Orages d'acier (Bourgeois) et Le Boqueteau 125 (Porte-Glaive). Ce qui a été écrit de plus fort sur l'expérience et le sens de la guerre.
- Ernst von Salomon, Les Réprouvés (Plon, 10/18). La fureur de vivre d'un jeune activiste allemand des années 20. Ennivrant.
- T.E. Lawrence, Les septs piliers de la sagesse (Payot). L'esthétisme de l'action porté à sa perfection sans jamais manquer à l'humour.
- Guy Sajer, Le soldat oublié (Laffont). Le plus grand livre surgi de la Seconde Guerre mondiale.
- Henri Charbonneau, Les mémoires de Porthos (Clan et Librairie française). L'archétype du fasciste à la française, téméraire et bon vivant.
- Charles De Gaulle, Le fil de l'épée (Berger-Levrault). Confidences précoces d'un ambitieux qui avait de l'étoffe.
- Drieu la Rochelle, Fragments de mémoires (Gallimard). Une sincérité absolue et une forme admirable.
- René Quinton, Maximes sur la guerre (Cahiers verts). Le Jünger français.

DEPURATIFS
Pour nettoyer la langue polluée par les abus de TV et de pub :
- Barbey d'Aurévilly, Les diaboliques (Bouquins).
- Saint-Simon, Mémoires (Pléiade).
- Monluc, Commentaires (Pléiade). Pour le français dru d'avant Malherbe. Aurait également sa place dans la rubrique des « tonifiants ». Comme tous les grands mémorialistes, Monluc nous rappelle que nos petits problèmes n'ont rien de très nouveau sous le soleil.
J'allais oublier d'évoquer trois instruments quotidiens : le Petit Robert, le Dictionnaire d'histoire universelle de Michel Mourre et Le bon usage de Grévisse.

J.C.L National Hebdo du 21 au 27 avril 1988

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