Pour sauver les enfants à naître menacés d'avortement, la méthode la plus efficace consiste à aider, psychologiquement, mais aussi matériellement, les futures mamans. Fort de cette conviction, Wielfried Wuermeling a créé en 1995, avec un groupe de l'Union des nations de l'Europe chrétienne (UNEC), l'association SOS-Mamans.
Comment fonde-t-on une association d'aide aux futures mères en détresse ? « En imitant le Bon Samaritain de l’Évangile, qui était venu au secours de son prochain en s'occupant de lui efficacement », répond Wielfried Wuermeling lorsqu'on lui pose la question. Avec un petit groupe de l'UNEC, nous nous sommes un jour rendus compte que nous multiplions depuis des années les tractages contre l'avortement, les lettres aux députés, les articles dans les journaux, les collectes de signatures, sans que cela sauve le moindre enfant », explique le président de SOS-Mamans. « Nous avons alors décidé d'«oublier» les élus, les lois, les autorités, et d'agir plus concrètement. » Très concrètement, donc, les militants de la Charité de SOS-Mamans travaillent aujourd'hui en petits groupes de trois ou quatre personnes, chacune chargée d'une tâche particulière : d'abord, une « fourmi » chargée de rechercher (dans la rue, les parcs ou les squares, les cafés, les pharmacies... ) et de contacter les futures mères « Il s'agit toujours d'une femme, car seule une femme peut trouver, comprendre, consoler une maman en détresse. Le sauvetage demande beaucoup de désintéressement, de patience et surtout de délicatesse », précise Wielfried Wuermeling. Ensuite, un comptable, qui crée et mobilise un réseau de donateurs - il en existe déjà plus de 900. Puis un responsable, qui supervise, s'applique à résoudre les problèmes et reste en contact avec la structure parisienne de l'association, « pour faire face ensemble quand il faut une situation extrême, voire dangereuse ».
Enfin, une personne dévouée souvent un retraité - disposant d'une voiture pour aider éventuellement au déménagement de la future maman, ou stocker dans son garage des vêtements, des poussettes, des berceaux et lits... L'association dispose de neuf groupes construits sur ce modèle : sept en France, à Paris, en Normandie, en Auvergne, en PACA, à Toulouse, Lyon et Dijon... et deux à l'étranger, en Lituanie et en Géorgie. Au total ils ont déjà sauvé près de 500 bébés - ce qui fait dire à Wielfried Wuermeling que « s'il existait en France seulement 1 000 groupes de ce genre, il y aurait peut-être encore des lois sur l'avortement, mais plus d'avortements ! » Les femmes, en effet, ne se résignent pas de gaieté de cœur à sacrifier l'enfant qu'elles portent. « Je n'ai jamais vu une femme prête à avorter qui ne s'y soit sentie contrainte ». témoigne le fondateur de SOS-Mamans. Ces contraintes sont de natures diverses : elles tiennent aussi bien aux pressions exercées par les proches. qu'au manque de place ou de ressources. « Combien de fois n'avons-nous pas entendu une future maman nous dire : « Vous seuls me soutenez et m'aidez, tous les autres. mes parents. mon petit ami, mes meilleures amies, m'incitent à avorter... » Certaines sont menacées d'être chassées de chez leurs parents. d'autres battues par leur mari ou compagnon. « Les filles que nous prenons en charge se présentent souvent avec un ventre légèrement bombé et un visage tuméfié... », raconte Wielfried Wuermeling. « Elles sont démunies, presque toujours matériellement - certaines doivent être relogées le soir même de la rencontre -, et toujours moralement. En sauvant la vie des enfants, nous préservons aussi celle des mamans, qui garderaient sinon une profonde blessure au cœur. C'est particulièrement flagrant dans le cas des prostituées, des femmes-esclaves, des suicidaires : on peut dire alors que leur bébé les sauve. En général, d'ailleurs, les problèmes ne viennent pas de l'enfant, mais des adultes. Une conception, une naissance doivent toujours être regardées comme un cadeau tombé du Ciel, une vraie joie ! Pour bien le marquer, nous buvons toujours une coupe de champagne avec la future maman. Ensuite seulement, nous réfléchissons avec elle aux difficultés à surmonter. Elles sont alors nos meilleures alliées - il suffit de leur parler de la vie pour qu'elles s' envolent ... »
Pour la mère, la naissance devient souvent une occasion de changer de vie, d'arrêter de se droguer, de boire, de mener une vie désordonnée, d'apprendre un métier... et parfois de se convertir. « Le véritable missionnaire, envoyé par Dieu, c'est le bébé lui-même », dit Wielfried Wuermeling, qui se réjouit d'avoir pu conduire au baptistère une douzaine d'enfants sauvés. Soutenues financièrement pendant leur grossesse, les mères restent suivies financièrement pendant quelques mois après la naissance, et parfois logées, les majeures dans l'un des quatre studios que }' association possède en région parisienne et les mineures dans des familles d'accueil. « Nous avons ainsi logé en studio une maman pendant trois ans et demi, jusqu'à ce qu'elle ait trouvé une place en HLM », se souvient le président de SOS-Mamans.
Ces sauvetages ont un coût : 1 000 euros en moyenne. La vie humaine est bon marché... « Au début, se souvient Wielfried Wuermeling, nous avions plus d'argent que de mamans à aider : deux ou trois par an seulement. Aujourd'hui, au contraire, nous avons plus de bébés à sauver que d'argent pour faire face. Mais à l'instant où nous nous croyons acculés, Dieu nous envoie de l'aide. » Mais si la Providence s'occupe du budget de SOS-Maman, on sait que Dieu aime associer l'homme à ses œuvres. Comment aider l'association ? « De diverses manières, répond son président : en faisant partie de nos équipes de sauvetage, ou en nous envoyant par la Poste des layettes (non tricotées main), ou encore par des dons. L'avortement est un défi pour tous les catholiques. À nous de le relever, tous ensemble ! »
Hervé Bizien monde et vie 10 janvier 2008