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Enrayer le nouveau processus liberticide

Le 6 juin le Premier ministre promettait de "tailler en pièces" les groupuscules d'extrême droite. Le 8 juin le même Ayrault demandait au ministre de l’Intérieur l'engagement immédiat de la procédure de dissolution de l'un d'entre eux. Le 10 juin, on voyait la délicieuse Najat Vallaud-Belkacem défendant la "réponse ferme et volontariste" du pouvoir. (1)⇓

Or, le 12 juin le communiqué officiel du conseil des ministres, réuni le matin même n'annonçait plus, ou pas encore, rien de tel.  (2)⇓

Comment en un plomb vil l'or pur s'est-il changé ? Pourquoi ce soufflé est-il retombé aussi vite qu'il était monté ? La crêpe gouvernementale s'est-elle aplatie pour une raison inconnue ? On ose à peine poser la question.

Rassurons-nous cependant la république ne craint rien des ennemis qu'elle s'assigne.

J'éprouve vraiment à les revoir une impression de flâche-baque. Des souvenirs engloutis comme d'avant le déluge remontent dans ma mémoire, à plus d'un demi-siècle de distance. Ils remontent, pour ma part, à ce tragique printemps 1962 et à l'enthousiasme de mes 17 ans.

L'année précédente, notre cher M. Lecarme professeur de français-latin au lycée Louis-le-Grand nous avait peint en Charles Maurras le prophète d'un moindre État incarné par la royauté, et il m'avait convaincu que ce mouvement défendait les libertés françaises, régionales et professionnelles.

Alors la guerre d'Algérie se finissait dans l'affreux drame que l'on cherche à oublier. Et par conséquent de nombreux mouvements patriotiques "dissous" avaient de ce fait basculé dans la clandestinité. Un à un nos camarades de la Préparation militaire parachutiste, groupe Kléber, à encadrement chasseur alpin, étaient happés par une répression qui s'abattait sur tout ce qui entendait encore "défendre l'armée française partout où elle se bat", tout ce qui s'efforçait de lutter contre le communisme et pour l'occident chrétien, et surtout, surtout, tout ce qui s'obstinait à vouloir "brandir haut et fier le beau drapeau de notre France entière". Les couplets des "Africains" retentissent parfois dans mes oreilles et je ne puis toujours pas les fredonner sans émotion.

Officiellement dissous lui-même en 1936 le vieux mouvement royaliste conservait presque seul le droit de maintenir la tradition de la fête nationale de Jeanne d'Arc. (3)⇓ Il fallait un volontaire pour porter vers la célèbre statue de Frémiet la gerbe des étudiants d'Action française, cette vieille structure dont on pouvait aisément mesurer l'honorable insignifiance. Je ne regrette pas aujourd'hui de l'avoir cotoyé il y a plus de 50 ans.

On a donc sorti des archives tous ces vieux phantasmes.

Des photos de leurs divers récents rassemblements ont été abondamment diffusées. Elles montrent, malheureusement pour les marchands de faire-peur, et peut-être même pour la cité, des effectifs assez constants dans leur modestie. Tous ces gens manifestent, on en conviendra, des préoccupations peu avouables. Appartenant bien souvent au prolétariat français, ils ne peuvent qu'effrayer la gauche caviar. Nombre d'entre eux exerçant des métiers d'agents de sécurité, ils s'exposent à une impopularité certaine auprès des voleurs de profession, et, je ne sais pourquoi, de la classe politique et médiatique. Les images d'un dangereux extrémiste, actuellement sous les verrous, le montrent d'ailleurs lors d'une manif, subversive pour sûre, de "Défense des animaux".

Les groupuscules d'extrême gauche semblent quant à eux n'inquiéter personne, ou pas grand monde. Mais, je l'espère, un certain nombre de Français lucides se rallieront à la pétition pour la dissolution de ces groupes-là. (4)⇓

Faut-il imputer dès lors au Mélenchon sa part indiscutable de bêtise ou son degré, jusque-là, insoupçonné de lucidité quand il met sur le même plan et il fait huer ou menacer physiquement par les activistes de son Front de gauche Mesdames Anne Hidalgo et Nathalie Kosciusko-Morizet venues, croyaient-elles, à la pêche aux voix. Elles ne reçurent que leurs crachats.

Il revient naturellement au "Monde" de remporter la palme de la tartufferie et de la désinformation ; le quotidien du soir s'inquiète car "la Manif pour tous (...) a compté de nombreux officiers et familles de militaires ordinaires dans ses rangs.(5)⇓

On déduit donc que "l'extrême droite rêve d'un putsch militaire", ce que suggère le titre de l'article. Et de prendre appui sur une chronique "Secret-défense" du 5 juin comme on dit "bien informée". Informée par qui ?

Les deux rédactrices du "Monde", Mesdames Nathalie Guibert et Caroline Monnot enfoncent alors le clou. Elles soulignent bien, pour qu'on comprenne mieux : "ce n'est pas l'appel au putsch qui est jugé préoccupant en tant que tel, mais le fait que plusieurs officiers généraux catholiques de renom soient, pour l'occasion, présentés comme les fers de lance d'un combat contre "le cabinet franc-maçon" du ministre Jean-Yves Le Drian : Benoît Puga, chef d'état-major particulier du président de la République, Pierre de Villiers, major général des armées, et Bruno Dary, ancien gouverneur militaire de Paris qui a quitté ses fonctions actives depuis un an."

L'idée d'un certain nombre de gens, probablement proches du grand-orient de France : profiter de la présence de la gauche au pouvoir et des rodomontades de Valls pour pousser hors de l'armée d'active les officiers supérieurs suspects de catholicisme.

On revient donc beaucoup plus loin en arrière que mes pauvres souvenirs d'il y a un demi-siècle ; on retourne exactement à la majorité de gauche de 1902, à l'Affaire des fiches, au petit Père Combes faisant l'amalgame des officiers "catholiques, royalistes et nationalistes" mettant la république en danger. (6)⇓ Bientôt, peut-être, nos nouveaux Barère demanderont à la Convention d'applaudir à la politique d'extermination des nouveaux Vendéens...

Décidément, on n'arrête pas le progrès. On s'efforcera quand même d'enrayer son processus liberticide.

JG Malliarakis

Apostilles :

  1. cf. sur le site du parti socialiste.
  2. cf. le site du gouvernement à cette date.
  3. Rappelons que cette fête légale en l'honneur de la sainte de la patrie et en souvenir de la délivrance d'Orléans en 1429, instituée par la République en vertu de la loi Maurice Barrès 1923, reconnue par l'Église romaine, laisse une place au "cortège traditionnel" autour des Camelots du Roy qui l'avaient imposé dans les années 1910.
  4. Pétition en ligne.
  5. cf. "Le Monde" en ligne le 07.06.2013 à 12h36.
  6. cf. Jean Bidegain "L'Affaire des Fiches".

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