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Au sujet des pays légendaires

 

Cet éditeur du Loiret publie depuis près de vingt-cinq ans des textes de qualités dans des collections pédagogiques et des formats attractifs. J’ai eu l’occasion de lui rendre hommage ailleurs (1).

 

Le livre de Daniel Kirchner me déçoit cependant. Comment peut-on parler de l’Agartha (pp. 104 à 120) sans évoquer une seule fois Le Roi du Monde de René Guénon, pas même dans le récapitulatif bibliographique ?

 

Heureusement, Guénon est cité pour son offensive contre la « pseudo-religion »  théosophiste (p. 101) et je rejoins l’auteur lorsqu’il dénie toute crédibilité aux élucubrations de James Churchward sur le continent englouti de Mu et à l’Atlantide revisitée par ledit théosophisme (pp. 77 à 103).

 

Mais que le récit de Platon soit un subterfuge destiné à consolider le pouvoir de sa famille (p. 16), que les pages d’une vingtaine d’auteurs grecs et latins sur l’Hyperborée soient assimilées à des « fariboles »  (p. 18), voilà qui me surprend de la part d’une maison élevée dans le sérail du « Traditionalisme intégral » .

 

Une parenté entre différents textes spirituels et religieux ?

 

Certains chapitres de Daniel Kirchner n’en demeurent pas moins passionnants à découvrir, comme celui consacré à Dilmun, « pays sacré » des Sumériens, sorte d’utopie dont la parenté avec l’un ou l’autre passage biblique (la Genèse ou les visions des prophètes) est fort bien mise en relief :

 

« Le lion n’y tue pas » (p. 32)

 

« Le loup n’y dévore pas l’agneau.

 

Y est inconnu le chien sauvage

 

qui se repaît du chevreau.

 

Inconnu le porc sauvage qui ravage les blés.

 

L’orge que la Veuve étend sur le toit.

 

Les oiseaux du ciel ne le mangent pas.

 

La sourde ne baisse pas la tête, découragée.

 

Celui qui souffre des yeux ne dit pas :

 

— J’ai mal aux yeux.

 

Celui qui a mal à la tête ne dit pas :

 

— J’ai mal à la tête.

 

La vieille femme ne dit pas :

 

— Je suis une vieille femme.

 

Le vieil homme ne dit pas :

 

— Je suis un vieil homme. » (p. 33)

 

En Hyperborée aussi, où « la discorde est ignorée ainsi que toute maladie » et où l’on ne meurt « que par satiété de la vie » (Pline l’Ancien, Histoire naturelle, chapitre 89), nombreux sont les possibles rapprochements avec l’Éden hébraïque, les 969 ans de Mathusalem et la fabuleuse longévité des premiers patriarches.

 

L’Hyperborée et l’Atlantide sont des légendes au sens étymologique du neutre pluriel latin legenda : des choses devant être lues. Elles favorisent l’hypothèse d’une division de l’histoire humaine en deux grandes phases.

 

Un autre regard sur la préhistoire humaine

 

Pendant la période pré-glaciaire, la Terre en arrive à tourner circulairement autour du Soleil. La température terrestre moyenne est très élevée (44° C selon René Quinton, savant marginalisé) et la vie n’est possible qu’aux pôles. Pas seulement au Pôle Nord, comme l’écrit « le scrupuleux Hérodote » (p. 20), judicieusement relayé par Daniel Kirchner. Face aux Hyperboréens (peuple d’au-delà des vents du Nord) ont pu exister des « Hypernotiens » (peuple d’au-delà des vents du Sud).

 

La période glaciaire (commencée grosso modo il y a un million d’années) expulse ces peuples de leur habitat polaire originel et contraint l’un des deux à se fixer dans un lieu situé par-delà la frontières des glaciers. L’Atlantide est peut-être cette patrie de rechange, finalement engloutie à la fin de la glaciation.

 

La datation du nouveau réchauffement climatique correspond à la chronologie platonicienne. La Terre se remet à tourner autour du Soleil, certes de manière nettement elliptique (et non circulaire), comme durant l’ère glaciaire, mais avec une obliquité diminuant à raison de trente-six secondes par siècle.

 

Imaginons, vers 9000 av. J.-C. (datation de Platon), une brusque variation (une ou deux secondes suffiraient) de l’obliquité, c’est-à-dire de la déclinaison de la Terre dans son orbite circumsolaire : cela pourrait expliquer la rapide immersion de l’Atlantide par accélération soudaine de la chaleur et de la fonte des glaciers.

 

Je ne prétends pas asséner une vérité. Soyons des penseurs libres, et non des « libres-penseurs » balayant l’irrationnel d’un revers de main (« fariboles ! »), oubliant que l’irrationnel est le plus souvent du rationnel inexpliqué.

 

Daniel Cologne http://www.europemaxima.com

Note

 

1 : Daniel Cologne, « Trois regards sur l’Ordre du Temple et sa survivance », in Vers la Tradition, Chalons-en-Champagne, automne 2001.

 

• Daniel Kirchner, Pays légendaires, coll. « B.A.-BA », Éditions Pardès, Puiseaux, 2004.

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