La bataille de Gettysburg, du 1er au 3 juillet 1863, marque le tournant de la guerre de Sécession. Elle survient deux ans après le début des hostilités entre les armées du Nord des États-Unis (unionistes) et celles du Sud (confédérés).
Les gouvernementaux ont l'avantage du nombre et de la richesse mais les confédérés brillent par leurs qualités militaires. Ils comptent dans leurs rangs les meilleurs officiers, à commencer par le premier d'entre eux, le général Robert Edward Lee, antiesclavagiste mais fidèle à la civilisation raffinée du Sud.
En dépit de l'extrême violence des combats, aucun camp ne prend encore le dessus jusqu'à ce mois de juillet 1863.
Quitte ou double
Dans les premiers jours de mai 1863, à Chancellorsville (Virginie), l'armée de Virginie du Nord, commandée par Lee et son bras droit, le général «Stonewall» Jackson, affronte avec succès l'armée du Potomac, commandée par le major général Joseph Hooker, deux fois plus nombreuse.
Malgré le handicap du nombre, Lee remporte une éclatante victoire, ternie par la mort de Jackson. Usant de son avantage, il décide d'envahir le Nord et se propose d'atteindre Philadelphie ou même Washington, afin de contraindre le gouvernement fédéral à cesser les combats.
Voyant cela, le 28 juin 1863, le président Abraham Lincoln remplace à la tête de l'armée du Potomac Joseph Hooker par George Gordon Meade, un général discret et professionnel.
Les deux armées se font face le 1er juillet à Gettysburg (Pennsylvanie). Lee dispose de 72.000 hommes et Meade de 94.000. Les combats frontaux vont perdurer pendant trois jours avec une violence encore jamais vue. Au plus fort des combats tombe un homme par seconde...
Au final, l'Union perd pendant ces trois jours 23.000 hommes (3000 tués, 15000 blessés, 5000 capturés), soit un quart des effectifs engagés dans la bataille. Les pertes de la Confédération sudiste s'élèvent de leur côté à 23.000 hommes (5000 tués, 13000 blessés, 6000 capturés), soit un tiers des effectifs. Le taux plus élevé de tués par rapport aux blessés chez les Sudistes tient au mauvais état de leurs services chirurgicaux.
Quoique indécise, la bataille précipite la retraite du général Lee. Incapable de faire fléchir l'ennemi, il n'a d'autre solution que de rebrousser chemin.
Simultanément, le 4 juillet 1863, les Nordistes commandés par le général Ulysses Grant s'emparent de la ville de Vicksburg, sur les bords du Mississippi, replaçant le fleuve tout entier sous la souveraineté de Washington. La défaite ultime de la Confédération sudiste ne fait plus guère de doute désormais.
À Washington, un journal titre : «Victoire ! Waterloo éclipsé ! » (comparaison discutable si l'on veut se bien se souvenir qu'il s'agit ici d'une guerre civile et non d'une guerre entre États). Lincoln en veut néanmoins au général Meade de ne pas avoir poursuivi et écrasé Lee. À un télégramme du général qui se vante «d'avoir chassé l'ennemi de notre sol», il répond, courroucé : «notre sol, c'est l'ensemble du pays» (*).
Dans un sursaut, les 19 et 20 septembre 1863, le général confédéré Bragg attire l'armée fédérale dans l'anse de Chickamauga. Mais la résistance du général Thomas évite une déroute à l'armée fédérale.
Inexorablement, l'avantage passe au Nord. Les Sudistes du général Lee doivent désormais lutter pied à pied pour protéger leurs États de l'invasion. La défaite est consommée dix-neuf mois plus tard.
Dans le souci de préparer la reconstruction de l'Union, le président Lincoln se rend le 19 novembre 1863 sur le champ de bataille de Gettysburg. Dans le cimetière où reposent les victimes des deux camps, il rend un bref hommage à celles-ci et en appelle aux valeurs fondatrices des États-Unis. Ce texte est depuis plusieurs décennies appris par coeur par les écoliers américains.
Notons que c'est la première fois dans l'Histoire, avec la guerre de Sécession, que les victimes ont droit à des sépultures individuelles et ne sont plus jetées dans des fosses communes.