La conférence de Kyoto au Japon, autour de l'effet de serre, a mis en lumière l'opposition entre les intérêts des grands blocs régionaux et les divergences de leurs stratégies climatiques.
La conférence de Kyoto au Japon, autour de l'effet de serre, a mis en lumière l'opposition entre les intérêts des grands blocs régionaux et les divergences de leurs stratégies climatiques.
Cent soixante-cinq pays réunis pour définir une politique mondialiste face au défi bien réel du réchauffement - même provisoire et cyclique - de notre planète, l'année 1997 se révélant la plus chaude depuis 1860, voilà un symbole assez fort pour une réalité inquiétante. Cette indication pourrait n'être qu'anecdotique si l'on ne constatait que depuis 1990 ce record se trouve battu pour la cinquième fois.
Nous sommes donc de toute évidence dans une période de réchauffement et face à un défi climatique.
Une fois de plus au-delà des beaux discours, des votes de résolutions, de principes qui ne seront d'ailleurs jamais appliquées, l'utopie mondialiste a été révélée.
Même sur un sujet d'intérêt commun, tout le monde étant parait-il menacé, il est impossible de parler d'une même voix, les intérêts étant trop divergents. L'accusé, lui, est bien identifié. C'est l'émission de gaz carbonique, renforçant l'effet de serre à l'origine d'une réchauffement jugé catastrophique.
L'opposition est nette entre les USA et le monde anglo-saxon d'une part, le tiers monde et l'Europe des Quinze d'autre part.
Le lobby mondial industriel, lui, est derrière les USA qui affirment qu'il est impossible de réduire de 15 % les émanations de gaz dans un bref délai sans entraîner une crise économique mondiale et une récession générale.
Le renversement de la tendance à la hausse de la production des gaz éco-tueurs parait un pari impossible en Europe qui pourtant donne des leçons, l'augmentation cette année a été de 1,7 contre 3,7 pour les USA et 20 % pour la Chine et l'Inde.
Les USA ne veulent pas diminuer leur avantage économique et les pays émergents ne veulent pas réduire leur effort pour rattraper les autres...
Il s'agit bien de stratégies contradictoires et irréconciliables dans un contexte de pression mondiale des multinationales industrielles qui veulent imposer leur intérêt financier comme d'habitude à celui des nations et des peuples.
Cette stratégie climatologique s'inscrit dans l'application de la géomorphologie climatique.
Cette science est la plus récente sous-branche de la géographie mais c'est elle qui suscite aujourd'hui le plus grand nombre de recherches.
Il y a quelque chose dont on parle peu, c'est que l'érosion des sols ou leur modification a des conséquences géopolitiques considérables, cela touche à la sécurité des États puisque l'histoire est inscrite dans la géographie.
Tous les états-majors modifient leurs plans en fonction des changements géomorphologiques actuels et à venir.
La désertification, par exemple, implique des modifications des prévisions de mouvements des unités militaires sur un terrain hostile.
Les armées de Napoléon ont connu en Pologne et en Russie la fameuse rapoustita où l'hiver cède la place à un dégel de printemps qui transforme des immensités stables en bourbiers ou tout mouvement est quasiment impossible.
Le réchauffement de la planète n'entraîne pas encore la disparition des petits États insulaires, mais déjà des régions d'hiver solide sont menacées par le phénomène du bourbier et des forêts et marais reculent devant les ergs ou l'on s'enlise ou les regs ou l'on peut rouler rapidement.
Tout cela est capital dans les pays notamment du monde arabo-musulman et ceux de l'ex-URSS on s'aperçoit là l'enjeu militaire des changements climatiques qu'étudie à la loupe la géomorphologie que l'on a pas évoquée publiquement à Kyoto ou l'on a médiatisé les grandes causes écologistes à l'usage des opinions publiques.
L'affrontement climatique n'est donc pas qu'une affaire de température, mais aussi et surtout un enjeu industriel et militaire qui donne la fièvre à la planète.
C'est le contrôle économique du monde par le développement de la puissance économique qui est en cause ainsi que la futurologie des stratégies militaires.
C'est pourquoi au-delà des résultats de la conférence ... le sale temps ne risque pas de céder la place dès demain à un nouveau printemps de la planète bleue.
National Hebdo du 11 au 17 décembre 1997