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L'Afrique noire, entre guerres et explosion démographique

L'image de l'Afrique noire reste sombre, associée à des guerres et des catastrophes humanitaires permanentes, ce qui repose sur des faits le plus souvent indéniables, tout en s'avérant par sa généralisation heureusement excessif. Toutefois quelques conflits localisés se poursuivent, en particulier au Mali, en Centrafrique, au Congo-Démocratique.
Au Mali, en apparence stabilisé, les élections présidentielles ont été à peu près honnêtes. Selon l'idéologie mondialiste, cet événement marquerait le retour à une normalité internationale indiscutable, sinon la fin de tout danger de déstabilisation majeure. Non, il demeure un fort risque de retour des djihadistes en Azaouad, sitôt les armées tchadienne et française reparties ; les gros effectifs salafistes sont repliés dans les déserts libyens, en particulier dans le Fezzan voisin, où ils restent hors d'atteinte, à moins de se lancer dans des opérations militaires terrestres sans fin, tout comme dans une moindre mesure dans les immensités sahariennes du Niger et de la Mauritanie, pays qui pourraient être atteints par des offensives djihadistes "surprises". Derrière l'apparent triomphe de François Hollande, sa seule réussite, rien n'est réglé. En outre, vouloir faire régner l'ordre à Gao paraît ridicule, lorsque, de notoriété publique, y compris pour les notables locaux de gauche, le désordre mafieux, fondé sur le trafic de drogue au vu et su de tous, avec des meurtres réguliers, ravage Sevran, en pleine agglomération parisienne, ou Marseille. Quant au salafisme, il n'y a hélas pas besoin de voyager jusqu'à Tombouctou pour le rencontrer : Trappes, en banlieue parisienne suffit, ou même des quartiers islamisés de Paris intra muros dans le Nord et l'Est de la capitale. Aussi les rodomontades actuelles de l'Elysée s'avèrent parfaitement ridicules.
La Centrafrique a complètement sombré dans le banditisme généralisé, forme de guerre civile totalement éclatée. La Seleka, coalition précaire, qui, avec un support logistique tchadien, avait pu s'emparer de Bangui il y a quelques mois, serait donc revenue à la juxtaposition de mouvements antagonistes armés, faibles en soi mais qui sévissent impunément faute de résistance organisée, ravageant par des pillages systématiques un des pays déjà les plus pauvres d'Afrique - malgré des richesses potentielles en tous domaines très réelles -. Au détour d'un entretien consacré à son autocongratulation - sur le Mali, François Hollande a déclaré qu'une intervention militaire en Centrafrique serait nécessaire. Sans nier le drame humain terrible des populations locales, on peut quand même soutenir que ce n'est pas à la France d'assurer la fonction de gendarme en Afrique - sous-traitant local du mondialisme - ; une énième intervention française n'aurait de sens que si elle s'accompagnait d'un mouvement significatif de retour de populations africaines actuellement en France, par centaines de milliers puis millions, ce qui, sous ce gouvernement socialiste fossoyeur de notre pays, reste complètement hors de l'univers mental.
Au Congo-Démocratique, l'offensive commune de l'armée nationale et des troupes onusiennes semble l'emporter sur le mouvement rebelle M-23, repoussé loin de Goma, au point que le parrain rwandais menace d'intervenir - alors qu'il avait nié tout lien effrontément avec le M-23 jusque-là -, ce qui inverserait probablement le cours des combats. Les pays voisins antagonistes offrent un parfait contraste, entre le petit Rwanda très bien géré, modèle de croissance économique et de développement, sous la dictature militaire tutsie du président-général Paul Kagamé depuis 1994, tandis que le vaste Congo du président Laurent-Désiré Kabila, à la réélection initialement très contestée et non reconnue par la prétendue « communauté internationale » -, demeure l'exemple du pays très mal géré, largement anarchique, malgré des richesses potentielles considérables.
À l'extrémité orientale du continent, le sort de la Somalie demeure bien incertain, avec la poursuite de la guerre civile ; mais s'organisent des entités territoriales cohérentes, autour du Jubaland au Sud, sous protection kenyane, du Pountland au Nord-Est, enfin autour de Mogadiscio pour le gouvernement dit "central". Les djihadistes des « Tribunaux islamiques » demeurent menaçants ; les clans somaliens s'affrontent encore régulièrement, mais la tendance générale malgré tout demeure plutôt positive, en comparaison de l'anarchie totale ou de l'ordre salafiste.
À la frontière du Sud-Soudan et du Soudan, le conflit a fortement diminué en intensité. Le Soudan lui-même appartient désormais de manière indiscutable au monde arabe ; l'assimilation des populations noires du Darfour se poursuit, dans un conflit larvé persistant, marqué par un racisme ethnique, pourtant entre musulmans.
Malgré bien des fragilités persistantes, qui font qu'en aucun pays d'Afrique Noire la stabilité
qu'à l'échelle continentale, ces territoires connaissent depuis une quinzaine d'années de fortes croissances, souvent à plus de 5 % annuels. En partant de très bas, les résultats sont rarement spectaculaires, à l'exception du Rwanda, ou de l'Angola, à forte richesse pétrolière, attirant même des dizaines des milliers d'immigrés européens et des centaines de milliers de Chinois. Des cas a priori désespérés comme le Mozambique ont aussi participé de cette croissance, qui s'explique largement par un cycle haussier des matières premières minérales et agricoles, accompagnées d'investissements étrangers massifs, tout d'abord chinois, puis indiens, sud-coréens, des Pays du Golfe - principalement dans des pays musulmans - ; les ressources en charbon du Nord du Mozambique ont bénéficié d'investissements miniers étrangers considérables, en particulier chinois. De même sont relancées très fortement les productions de fer au Gabon, de cuivre et de zinc en Zambie et au Congo-Démocratique. Les infrastructures, principalement ferroviaires et routières, ont été largement remises en état à travers le continent, avec des grands travaux qui se poursuivent, souvent avec des compagnies chinoises, désormais réputées pour leur efficacité dans le continent des travaux interminables. Même le Zimbabwe du marxiste Mugabe, récemment réélu président - à une majorité certainement exagérée, mais pas forcément irréelle face à un opposant historique Tsvangirai très affaibli avant le scrutin -, renoue avec la croissance, au sortir d'années de désastre total d'expérience d'indigénisation agraire, grâce à la reprise très nette de l'activité minière.
De 4 à 7 enfants par femme
Des débuts d'industrialisation s'observent même au Nigeria, en Ethiopie, au Kenya, grâce aux très faibles coûts de la main d'œuvre et de la sécurité relative. S'appuyant sur des armées de qualité, l'Angola et l'Ethiopie constituent désormais de petites puissances régionales, en forte croissance économique, soutenues par le pétrole pour le premier, de grands barrages hydroélectriques sur tous les cours d'eau importants pour la seconde - source de tensions avec les pays en aval, qui n'en peuvent mais -.
Le problème majeur de l'Afrique noire demeure l'explosion démographique. Avec 4 à 7 enfants par femme dans la plupart des pays, il est à craindre que l'économie ne puisse sur le long terme croître à un rythme suffisant pour assurer une baisse durable de la pauvreté. La situation, et ce n'est pas un hasard, s'aggrave particulièrement, avec une surpopulation sur des terroirs fragiles, au Sahel, menacés de désertification ; la situation ne serait pas insurmontable en des territoires régulièrement arrosés et encore peu densément peuplés, comme la Zambie. Evidemment hélas, la pression migratoire demeurera forte vers l'Europe sur les décennies à venir.
S. de S. Rivarol du 5 septembre 2013

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