De Jacques Trémolet de Villers dans Présent :
"Les choses, tout de même, se confirment. La politique de François Hollande, s’il est permis d’associer ce beau mot à ce vilain nom, porte ses fruits. Le peuple ne s’y trompe pas, qui signifie par les urnes que ce qu’il veut, c’est ce qu’il y a de plus opposé à ce que nous vivons. Et donc, la cote électorale de Marine Le Pen et du Front monte, monte, jusqu’où ira-t-elle ? Je ne suis ni devin, ni spécialiste en politique électorale, mais le souhait que forme aujourd’hui tout citoyen à peu près sensé est que cette montée ne s’arrête pas… d’ailleurs qui peut l’arrêter ? Certainement pas les autres partis, dont l’affolement est cause de réjouissance.
La question que nous pose cette actualité heureuse est plutôt : comment accompagner, soutenir, entourer ce réveil de la France qui se manifeste aussi dans les urnes ? Car il faut bien le reconnaître. Un seul regard sur notre histoire nous le dit sans hésitation aucune : le vote sanctionne un état de fait préalable. Il est la conséquence d’un autre mouvement, plus profond en lui-même. Il n’est jamais fondateur. Il confirme. Il approuve. Il ne bâtit pas.
Se situant, par nécessité, dans le champ des institutions telles qu’elles existent au moment où il intervient, le vote, évidemment, ne peut pas modifier ces institutions. Le parti devenu par lui majoritaire se satisfait du système dont il croit être devenu le maître.
Or, le problème français est d’abord un problème politique, au sens où il est institutionnel. Les maux dont nous souffrons : sociaux, culturels, moraux, économiques ont leur cause principale – pas la seule, mais la principale, celle qui est à la source – dans notre système qui mécaniquement accroît la centralisation – le centralisme démocratique – et la puissance des partis qui se partagent – ou se disputent – les retombées de finance ou de prestige de ce centralisme. L’accroissement de l’Etat, de ses services publics, de son coût, et donc de l’impôt est la seule constante de notre histoire depuis plus d’un siècle. Aucune majorité, même la plus réactionnaire, n’y a porté remède, et aucune, non plus, malgré les quelque soixante lois de décentralisation, n’a vraiment décentralisé.