« Une partie de ce que l’on enseigne à l’école sur cette période [haut Moyen Âge] est fausse. On nous raconte une fable qui travestit la réalité historique »
(Propos recueillis par Fabrice Dutilleul)
Votre livre est-il un de plus sur l’Islam ?
Non. C’est un livre sur l’Histoire de France. Lorsque le Professeur Sydney Forado effectue ses recherches dans les archives du haut Moyen Âge, ce qu’il découvre le stupéfie. Une partie de ce que l’on enseigne à l’école sur cette période est fausse. On nous raconte une fable qui travestit la réalité historique. Pourquoi ? Pour qui ?
Qu’est-ce qui est faux ?
Après l’invasion de l’Espagne à partir de 711, la prochaine étape dans l’irrésistible expansion musulmane est naturellement la Gaule ! Et l’Émir de Cordoue, Essam ibn Malik, est bien décidé à offrir ce bijou à Allah. Mais c’est sans compter avec le duc Eudes d’Aquitaine. Aussi, après un siège de six mois devant Toulouse, les deux forces antagonistes des Arabo-berbères d’un côté et des Francs et Aquitains de l’autre vont se jeter les unes sur les autres dans une bataille d’une férocité inouïe. L’Émir y laissera la vie, et pour le restant des combattants islamiques ce sera la débandade. Et c’est à partir de cette terrible défaite, qu’ils commémoreront pendant quatre cent ans, que les musulmans vont décider de renoncer à la conquête de la Gaule.
Voilà ce qu’a découvert le Professeur Forado, et c’est évidemment bien différent de ce que l’on enseigne à l’école.
Charles Martel n’aurait pas existé et la bataille de Poitiers serait une invention ?
Non, évidemment. Mais si les faits sont réels, la justification qui en est faite est fausse. C’est à Toulouse, et non à Poitiers que les Arabes abandonneront leur rêve de conquête de la Gaule. Et c’est ce que révèlent les archives du haut Moyen Âge. La bataille de Poitiers amena à la destruction d’un puissant rezzou arabe, visant à piller une importante abbaye. Il n’était alors pas question de conquête territoriale. De plus, pour cette victoire, Charles Martel n’était pas seul, mais allié au duc Eudes venu le rejoindre.
Alors, pourquoi inventer une histoire, attribuer la victoire à un seul duc, et lui donner un retentissement aussi important ? Ces révélations sont étonnantes…
Oui et elles nous laisseraient incrédules si elles n’étaient faites par un historien d’une aussi grande réputation. Aujourd’hui, le Professeur Forado est décédé. J’ai poursuivi ses travaux, assemblé les données de façon cohérente et ainsi pu écrire un livre donnant la parole au duc Eudes d’Aquitaine. Avec lui, nous assistons à la mise en esclavage de Narbonne par les musulmans, au ravage des campagnes, aux alliances contestées et nous compatissons au drame de sa fille. Nous sommes aussi aux côtés des combattants à Toulouse et à Poitiers. Enfin, nous ressentons la fin de l’indépendance de l’Aquitaine et assistons à l’irrésistible ascension de Charles Martel, avec l’avènement de la dynastie carolingienne à la tête du royaume Franc. Ce livre redonne toute sa place au duc Eudes d’Aquitaine, alors qu’il fut injustement écarté par les apologistes de Charles Martel.
C’est ainsi que l’Histoire se réveille !
L’islam face à la Gaule (Édition augmentée et corrigé de « La Chaussée des martyrs »), Gilbert Sincyr, Éditions Dualpha, collection « Vérités pour l’Histoire », dirigée par Philippe Randa, 220pages, 29 euros.