Voilà un ouvrage qui sera bien utile : un dictionnaire des mots de Nietzsche. « Chaque mot est un préjugé », disait l’homme de Sils Maria. Il faut donc se soucier du sens qu’on leur donne. Nietzsche a voulu ne pas trébucher sur « des mots pétrifiés ». « Le langage est bavard, […] il lui arrive de bégayer, plus qu’il ne le pense » soulignent les auteurs. Nietzsche a voulu avoir « un langage à moi pour toutes ces choses à moi ». Il espérait ainsi éviter les contresens et empêcher que « les porcs et les dilettantes » ne fassent irruption dans le jardin de ses pensées.
Il n’y est évidemment pas totalement parvenu. D’autant que pour Nietzsche, les mots ne sont pas des choses mais désignent avant tout des processus et des perspectives. Isolés, les mots ne signifient rien, ils doivent être compris en tenant compte, notamment, de leur origine pulsionnelle. Chaque notion est expliquée dans les différents contextes dans lesquels Nietzsche la fait se mouvoir. Le dictionnaire comporte une cinquantaine de mots, il va de l’apparence (« la véritable et l’unique réalité des choses ») au corps (« prendre pour point de départ et fil conducteur le corps, voilà l’essentiel »), en passant par la volonté de puissance (« forme primitive de l’affect »). Un livre à garder à portée de main.
Pierre Le Vigan http://www.europemaxima.com/
Céline Denat et Patrick Wotling, Dictionnaire Nietzsche, Ellipses, 308 p., 18 €.