Olivier Dard, spécialiste internationalement reconnu des droites françaises et organisateur de plusieurs colloques consacrés à l’Action française, a bien voulu accorder un entretien à L’AF 2000 pour le 80e anniversaire du 6 février 1934. Il vient de faire paraître aux éditions Armand Colin un "Maurras" qui a été unanimement salué.
L’AF 2879 - Quatre vingt ans après, peut-on affirmer que le 6 février 34 fut un coup de force fasciste qui a échoué, comme le pensent encore certains à gauche ?
Olivier Dard - Les forces de gauche interprètent sur le moment (et durablement) le 6 février comme une tentative de coup d’Etat fasciste. Elles organisent d’ailleurs à cette fin, les 9 et 12 février, des manifestations importantes en province et à Paris. Cette vision des contemporains est démentie par l’historiographie, en particulier depuis l’ouvrage bien connu de Serge Berstein intitulé Le 6 février 1934 et paru en 1975. On rappellera aussi que les ligues nationalistes n’étaient pas seules à manifester le soir du 6 février. Les communistes de l’Association Républicaine des Anciens Combattants (ARAC) ont également mobilisé et l’Humanité dénonçait dans son édition du 6 février « le régime du profit et du scandale », appelant à mettre « à bas le gouvernement voleur des mutilés de guerre et complice des escrocs ».
L’AF 2879 : Quel fut le rôle exact de L’Action Française dans les semaines précédentes et dans la nuit du 6 ?
Olivier Dard - L’Action Française s’est fait une spécialité de la dénonciation des scandales financiers et de la République radicale. Le quotidien a un incontestable savoir-faire en matière de campagne de presse. A l’origine, le traitement de l’affaire Stavisky peut se lire à cette aune. Bien renseignée, L’Action Française publie des documents et des révélations fracassantes. Le discours contre les « voleurs » s’infléchit brutalement au lendemain de la mort de Stavisky le 8 janvier 1934. Comme l’essentiel de la presse, L’Action Française refuse d’avaliser la thèse du suicide (reprise aujourd’hui par les historiens) et y voit un assassinat déguisé. A partir du 9 janvier, l’AF pousse les feux et joue sur le double tableau de sa presse et de ses organisations militantes (ligue, Camelots du Roi, étudiants). Se développent sur Paris et sous l’impulsion de l’AF des manifestations quasi quotidiennes qui débouchent rapidement sur un mouvement d’opinion agrégeant les autres ligues nationalistes (Jeunesses Patriotes, Solidarité Française) à l’exception notable des Croix-de-Feu. [. ?..]
Propos recueillis par François Marcilhac - La suite dans L’AF 2879
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