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Le plan secret de l’ultra-droite

cette mouvance qui va de l’Action française, royaliste, aux catholiques, intégristes ou pas, en passant par les plus motivés des combattants du mariage homosexuel, veut rétablir un modèle de société....

L’Action française s’active en tractant deux fois par semaine, comptant sur 200 militants mobilisables à tout moment dans la seule région parisienne.

Conscient de la nécessité de "se fédérer", le mouvement royaliste n’hésite pas à prêter ses locaux, près du Louvre, pour des réunions du Printemps français et élargit au maximum ses rendez-vous. Lors du colloque Carrefour royal du 18 janvier s’expriment l’ancien ministre de François Mitterrand Roland Dumas ou Eugène-Henri Moré, adjoint au maire de La Courneuve, membre du Parti de gauche de Jean-Luc Mélenchon. ....

Des royalistes aux traditionalistes ou aux plus radicaux des militants antimariage homo, c’est une mouvance disparate qui cherche à se fédérer. Elle ne compte guère sur les politiques - FN compris - pour combattre le "changement de civilisation". Enquête sur les partisans, toujours plus mobilisés, d’un Tea Party à la française.

Jour de colère, à Paris, le 26 janvier : le drapeau français, symbole d’une fronde aux contours flous.

REUTERS/Philippe Wojazer

Il a touché la grille de l’Elysée. Le 24 mars 2013, ce jeune homme, opposant très déterminé au mariage gay, profite de l’affolement des forces de l’ordre à l’issue d’une grande manifestation pour palper de ses mains la porte du pouvoir. Il en retire un sentiment mêlé : toute-puissance et envie de contre-révolution.

Dix mois plus tard, le 26 janvier 2014, le voilà défilant au Jour de colère, un pluvieux dimanche, avec des dizaines de milliers de personnes. Il a voulu marcher, il a voulu crier, pour montrer son exaspération au gouvernement. Tout à sa désillusion institutionnelle, ce garçon a rejoint entre ces deux dates le Printemps français, la division jusqu’au-boutiste de la Manif pour tous, persuadé que l’initiative, la mobilité, et, in fine, la victoire seraient du côté des radicaux. En ce Jour de colère, a-t-il entendu l’animateur de l’un des cortèges prévenir, après avoir laissé son mégaphone de côté : "Vivement le putsch... Le but est d’inoculer à la population l’idée d’un coup d’Etat militaire" ?

Une tension couve dans le pays, alimentée par "la spirale de l’exacerbation du fondamentalisme identitaire", selon l’expression du sociologue de gauche Jean-Claude Kaufmann. Dans la conclusion de son dernier ouvrage, Identités. La bombe à retardement (Textuel), il annonce "cette catastrophe qui se caractérise par des éclats et des violences, devenant très vite incontrôlables". Dans son numéro de décembre 2013, le journal de l’Action française titre en Une : "Le pays légal, on n’en veut plus !" Dans son numéro de janvier, l’éditorial d’un journal catholique traditionaliste interroge : "Vers une révolution ?" Un projet plus vaste que le combat contre une loi

Après s’être réveillée, l’ultra-droite française est désormais en train de se fédérer autour de dénominateurs communs. Présente à l’intérieur mais, surtout, en dehors des murs des partis politiques traditionnels, cette mouvance qui va de l’Action française, royaliste, aux catholiques, intégristes ou pas, en passant par les plus motivés des combattants du mariage homosexuel, veut rétablir un modèle de société. Elle s’appuie sur les "trois points non négociables" édictés par l’ancien pape Benoît XVI en 2006 : la protection de la vie à toutes ses étapes ; la reconnaissance et la promotion de la structure naturelle de la famille ; la protection du droit des parents d’éduquer leurs enfants.

Un demi-siècle après le libertaire Mai 68 et son idéal supranational, la marée s’inverse au profit de la nation, de l’ordre, de la justice et de la famille. Si Frigide Barjot s’est fait exclure de la Manif pour tous après un an de mobilisation, c’est sans doute pour n’avoir pas compris qu’il y avait un projet plus vaste que l’éphémère combat contre une loi : lutter contre un changement de civilisation. Entre la famille sans histoires des défilés bleu-blanc-rose et l’étudiant du GUD aux slogans musclés, peu de points communs à première et à deuxième vue.

Par Tugdual Denis, Claire Chartier, Manon Gauthier-Faure et Agnès Laurent,

La suite sur le site de l’Express

http://www.actionfrancaise.net/craf/?Le-plan-secret-de-l-ultra-droite

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