Les députés du Parlement de Crimée ont déclaré hier par 78 des 81 députés présents la péninsule indépendante de l'Ukraine, étape préalable avant le référendum de dimanche.
Aperçu de la Crimée par Pierre-Alexandre Bouclay :
"Depuis l’indépendance de l’Ukraine (1991), cette péninsule de 2 millions d’habitants est une république autonome, dotée d’une constitution et d’un parlement régional, qui gère son budget sans pouvoir légiférer. La Crimée est majoritairement russe (58,5 % des habitants), avec 24,4 % d’Ukrainiens et 12,1 % de Tatars — des autochtones turcophones, déportés en masse par Staline, de fait hostiles aux Russes et attachés à l’Ukraine. La région dépend entièrement du tourisme saisonnier et des subventions de Kiev (65 % de ses ressources). “Ville autonome” d’une région autonome, Sébastopol est centrée sur sa base navale, quartier général de la flotte russe de la mer Noire (25 bâtiments, 15 000 hommes). La Russie loue ce port militaire pour 100 millions de dollars (au lieu de 2 milliards), en échange de tarifs gaziers “amicaux”. Signé en 1997, ce bail, arrivé à échéance en 2017, a été prolongé jusqu’en 2042 sous la présidence Ianoukovitch. Alertée par le durcissement de Kiev, dès 2004, la Russie aménage deux bases navales alternatives : Tartous (Syrie) et Novorossiisk (sud de la Russie). L’importance militaire de Sébastopol devrait se réduire mais la Crimée restera, pour le Kremlin, un intéressant levier d’action régionale."