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Cinéma : entretien avec Arnaud Guyot-Jeannin

ournaliste au Spectacle du Monde et sur Boulevard Voltaire, Arnaud Guyot-Jeannin dirige également « Le Libre Journal des enjeux actuels » sur Radio Courtoisie tout en animant une émission consacrée aux grandes figures du cinéma populaire français sur TV Libertés.com : « Nos chers vivants ». 

 

L’Action Française - Dans l’avant-propos de votre livre Les Visages du cinéma : 35 portraits non conformistes [1], vous regrettez la disparition du « cinéma populaire français de qualité ». Pourquoi ?

Arnaud Guyot-Jeannin - Depuis le milieu des années 80, le cinéma français s’est défrancisé. Les années Fric, Pub et Potes ont très bien symbolisé cette défrancisation. Elles ont correspondu à l’émergence de Canal Plus, de SOS-Racisme et du magazine cosmopolite Globe. C’est l’époque où Bernard Tapie anime sur TF1, une émission au titre emblématique, « Ambitions », revendiquant un capitalisme entrepreunarial sur fond de variétés musicales. Le pari est à l’audace bien sûr ! Or, c’est bien connu, le Capital n’a pas de patrie ! Parallèlement, Sylvio Berlusconi dirige la 5e chaîne, très représentative de la« télépoubelle », avec sa vulgarité spectaculaire-marchande où règne le strass, les paillettes et le sexe massifiés. Le relâchement osé, le festif dévoyé et le cynisme relooké sont aux avant-postes de la branchitude intégrée. L’hyperclasse globalisée fait de l’antiracisme son cheval de bataille face à la montée du national-populisme ! Une décennie plus tard, les années bling-bling hyperlibérales laissent place aux années libérales-libertaires, racoleuses par leur misérabilisme émotionnel, et non plus par leur cynisme matériel (même si en réalité l’un recouvre l’autre). Elles incarnent une microsociété spectaculaire bobo et culturo-mondaine, aux antipodes des soucis du peuple et de toute décence ordinaire.

Je viens de décrire s’applique parfaitement au cinéma depuis trente ans. Le cinéma est le miroir de la société. Catherine Deneuve, Fanny Ardant, Emmanuelle Béart ou Carole Bouquet illustrent très bien cette avant-garde de jolies actrices bobos qui ne veulent pas être réduites à leur physique et témoignent alors pour des causes humanitaires. Syndrome navrant de notre hypermodernité cool (coule) ! Une hypermodernité bobo-homo-gaucho qui se trouve parfaitement en phase avec le système capitaliste qui veut abolir les différences sexuées, la famille traditionnelle, les peuples enracinés dans leur identité, la religion et la morale chrétienne, juive ou musulmane. La théorie du genre est déjà appliquée dans la réalité ciné-sociologique.

Un type d’homme et de femme français ont disparu depuis environ trente ans. Nous nous rappelons avec nostalgie des acteurs tels que Louis Jouvet, Pierre Fresnay, Paul Meurisse, Jean Marais, Bernard Blier, Maurice Ronet, Jean Poiret, Michel Serrault ou Jean Yanne. Les médias essayent de trouver des remplaçants pour faire oublier la vacuité ambiante de notre cinéma hexagonal. C’est ainsi que Jean Dujardin est comparé à Jean-Paul Belmondo, Benoît Magimel à Alain Delon, Clovis Cornillac à Jean Gabin et Michaël Youn à Louis de Funès. De qui se moquent-t-ils ? Il faut dire qu’à partir du moment où Jamel Debouze, Gad Elmaleh et François-Xavier Demaison se réclament également du comique de De Funès- comme ce fut le cas dans une émission télévisée récente — il n’y a plus de limites à ce que l’imposture s’étende de façon abyssale. Nous avons changé de monde !

Ces trente-cinq portraits rappellent qu’un acteur est aussi une personne à part entière : on les croit happés par un milieu que d’aucuns jugent superficiel, alors qu’ils peuvent attachés à leur foi et aux valeurs traditionnelles chrétiennes.

Oui, mais c’est de moins en moins vrai ! Personne n’a le courage de dire que « c’était mieux avant », par peur de passer pour un vieux con. Cela dit, il y a des exceptions. A commencer par Louis de Funès justement ! Grand d’Espagne, Luis de Funès de Galarza était d’origine modeste et aristocratique. Catholique fervent, il était traditionaliste et hostile aux réformes conciliaires. Il avait légué une petite partie de sa fortune à la Fraternité Saint Pie X. Claude Rich qui avait joué dans Oscar, film d’Edouard Molinaro (1967) et ne s’était pas bien entendu avec Fufu, est aussi un homme de foi et de tradition, parlant aussi bien à ses anges gardiens qu’aux arbres. Il m’avait déclaré, lors d’un entretien publié dans Valeurs actuelles datant du 21 janvier 2006 : « Je ne suis pas un très bon chrétien. Je n’étudie pas beaucoup ma religion, mais je crois en l’amour de Dieu. De la même façon que l’on ne sait pas toujours pourquoi on aime une personne, j’aime Dieu. Je le fréquente tous les dimanches ». Une foi chrétienne qu’il prend donc très au sérieux. En témoigne encore l’entretien qu’il m’a donné le 10 avril 2012 sur les ondes de Radio Courtoisie à propos de Pierre Schoendoerffer - également très catholique - et de son rôle dans Le Crabe Tambour (1977). [...]

Propos recueillis par François Marcilhac - La suite dans L’AF 2881

http://www.actionfrancaise.net/craf/?Cinema-entretien-avec-Arnaud-Guyot

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