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Russie-Ukraine : Le "complexe de l'encerclement"

Moscou, depuis le temps des tsars et même lors de la grandeur de l'URSS, a toujours entretenu un "complexe de l'encerclement". Aussi étonnant que cela puisse paraître, l'offensive qui devait conduire l'Armée rouge aux côtes atlantiques de l'Europe était une manœuvre destinée à briser l'étau que faisaient peser les forces de l'OTAN sur l'URSS et ses alliés.

     Washington, depuis l'effondrement de l'URSS, un jeu qui consiste à grignoter les marches de la Russie via l'OTAN. Dans ce cadre, l'initiative d'installer un bouclier antimissile, théoriquement destiné à contrer une menace balistique iranienne, a été très mal ressentie par Moscou. 

     Les initiatives de l'Occident, emmené par les États-Unis, qui ont conduit aux révolutions arabes (ou, selon les analyses, ont suivi les révolutions arabes) sont considérées par la Russie comme "hégémoniques". De plus, le camouflet imposé par l'interprétation des décisions de l'ONU vis-à-vis de la Libye(censées défendre la population, mais qui, dans les faits, visaient à renverser Kadhafi) est restée en travers de la gorge de Vladimir Poutine (et aussi de la Chine). Son idée, depuis : "plus jamais ça !"

     La révolution ukrainienne, appuyée par l'Occident en général et l'Europe en particulier, est ressentie comme une véritable agression des intérêts de la Russie, qui considère l'Ukraine comme faisant partie de son pré carré.

     Les installations navales russes en Crimée sont vitales pour Moscou, car c'est le seul accès aux mers chaudes, même s'il faut traverser le détroit du Bosphore. Il ne s'agit plus du "pré carré", mais du cœur de la puissance maritime russe.

     Au cas où certains l'auraient oublié, la Russie reste la deuxième puissance nucléaire de la planète. L'éventualité d'une "première frappe" n'est pas exclue si le Kremlin juge que ses intérêts sont en jeu. Dans ce domaine, heureusement que l'Ukraine a renoncé à son arsenal nucléaire. Si ce n'était pas le cas, la situation serait beaucoup plus "explosive".

     Les liens économiques Europe-Russie sont extrêmement imbriqués aujourd'hui. Les deux parties n'ont aucun intérêt à ce que la crise perdure. Tout retournement d'alliance (l'Europe vers les États-Unis et la Russie vers la Chine, avec toutes les difficultés politico-économiques que cela implique) ne peut se faire que sur le long terme. Les deux entités sont obligées de composer, du moins après une certaine période de brouille. A ce titre, l'Allemagne et la Pologne sont très dépendantes du gaz russe.

     La Russie n'est pas si isolée que veulent bien le dire les États-Unis. Les BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud) restent sur une réserve prudente.

     L'Occident va devoir accepter que la Crimée, via un référendum "démocratique", soit rattachée d'une manière ou d'une autre, à la Russie. De son côté, la Russie va être obligée de laisser les provinces orientales ukrainiennes au nouveau régime en place à Kiev. Par contre, beaucoup de passeports russes vont être accordés aux Ukrainiens qui en feront la demande (les futurs "pieds-noirs" de la Russie).

Alain Rodier pour RAIDS n°335

http://www.oragesdacier.info/2014/04/russie-ukraine-le-complexe-de.html

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