Terminologie issue de la guerre d’Espagne, la cinquième colonne désigne par exemple toute force œuvrant dans son propre pays pour un pays hostile. Le principe de cinquième colonne, permet de semer la guerre psychologique dans les rangs de l’adversaire et sert d’appui intérieur.
Les guerre modernes, qui reposent toujours sur des considérations terre à terre (contrôle des ressources ou d’un territoire stratégique par exemple) sont très souvent idéologisées pour s’assurer l’appui des masses. Ainsi les conflits sont un mélange d’intérêts et d’idéaux. Le patriotisme est typique de cette exaltation idéologique qui sert in fine les intérêts des oligarchies prédatrices comme nous l’a démontré le nombre important d’engagés volontaires en 1914-1918… Les défilés et autres commémorations ont pour objectif de donner un caractère rationnel au sacrifice irrationnel de milliers d’hommes. Sitôt les traités de paix signés, les oligarchies font des affaires et les peuples continuent de payer l’addition. Le front de l’est, plus grand front militaire de l’histoire, et ses millions de victimes, aura par exemple été tout autant l’occasion d’une confrontation sanglante entre les intérêts allemands et les intérêts russes, que la confrontation de deux visions du monde. Le nazisme et le bolchevisme servant à justifier les engagements des uns et des autres. Ceux qui déclarent et engagent les guerres n’étant pas toujours motivés par les mêmes raisons que ceux qui combattent.
Les guerres civiles récentes démontrent une chose: les oligarchies agitent systématiquement les ressentiments identitaires, qu'ils soient ethniques, culturels ou religieux, jamais les antagonismes de classe. Non seulement cela bat en brèche l'analyse marxiste classique, puisqu’il n’y a pas de conscience de classe mais cela doit nous rentre très vigilant face à toute tentative de détourner tout combat identitaire ou nationaliste de ses objectifs : la souveraineté, la justice ou la liberté.
En effet, comment défendre son identité et sa souveraineté, sans devenir la 5e colonne dont se servent les oligarchies?
Le scénario ukrainien suscite un certain nombre d’inquiétudes à ce titre, la propagande russe fait des nationalistes souverainistes ukrainiens des agents occidentaux et la propagande occidentale fait des séparatistes des agents pro-russes. Dans les deux cas, les foules combattent pour une certaine conception de leur souveraineté et de leur identité, là où les oligarchies qui font la propagande s’opposent sur des questions comme le contrôle des ressources ou le contrôle de territoires stratégiques, pour rappeler ce que j’ai écrit plus haut. L’émotion suscitée par les massacres de civils sont un carburant idéal pour mystifier les masses et justifier une montée aux extrêmes qui débouchera de toute façon sur la paix soit par écrasement complet de l’ennemi, soit par un partage ou par la renégociation de certains accords. Nous avions aussi évoqué précédemment le fait que la guerre en Syrie n’est au fond qu’une guerre du gaz dans laquelle les qataris comme les russes ont des intérêts et que toute diatribe anti-impérialiste comme droitdelhommiste ou djihadiste n’est là que pour mobiliser des partisans autour de deux factions qui cherchent à contrôler des ressources.
En France nous devons être vigilants à ces questions. Bien que notre pays ne soit pas un territoire clef pour les matières premières, les routes commerciales ou l’eau, il pourrait vivre des tensions politiques de diverses natures en raison de sa situation socio-économique, de sa crise identitaire, de son rejet de plus en plus marqué de l’Union européenne, pour ne donner que quelques exemples. Il serait alors assez simple pour des factions opposées d’agiter les ressentiments identitaires, qu'ils soient ethniques, culturels ou religieux. Nous pourrions ainsi assister à un scénario où les salafistes auraient pour mission de favoriser l’embrasement de certains territoires et de pousser la population vers une force résolument hostile à l’islam. Cette force aurait préalablement donnée un certain nombre de garanties au camp libéral, sioniste et sécuritaire et recueillerait les fruits d'un long travail idéologique de séduction des masses. Cette force pourrait même s’affirmer pendant ses événements, écartant toute autre faction refusant de rentrer dans ce type d’engrenage. En effet, toute faction qui aurait un projet politique visant à empêcher l’oligarchie de gouverner par le chaos serait alors impitoyablement combattue. Peut-être faut-il comprendre ici l’hostilité du système envers toute structure ou personnalité qui vise à désamorcer l’hostilité des populations arabo-musulmanes envers les français de souche européenne. On notera aussi la schizophrénie apparente de l’Etat français, appelant à la lutte totale contre Al-assad en Syrie mais emprisonnant préventivement de présumés djihadistes sans que cela soulève le moindre questionnement. Cette volonté de créer une cassure entre l’Europe et le monde musulman, alimentée initialement par les Etats-Unis, n’est-elle pas aussi une volonté d’empêcher toute coopération euro-maghrébine dans la lutte contre l’immigration sub-saharienne à l'heure où le Maroc et l'Algérie commencent à sentir les effets de la submersion démographique?
Cependant, ce type de manipulation est tout autant possible au nom de « l’anti-impérialisme » comme les communistes français en ont été l’exemple, eux qui furent la cinquième colonne de l’URSS pendant un demi siècle… pour empêcher par exemple la constitution d’un projet alter-européen.
A ce titre, tout combat doit toujours être mené en opposition au système, à l’Etat, aux pouvoirs publics, aux médias, aux organismes financiers et non contre des populations ou des communautés. Ce qui n’empêche pas un discours clair sur le refus du grand remplacement par exemple et la définition d‘une doctrine. Chaque prise de position doit être analysée à l’aune de ce critère : vais-je servir potentiellement de cinquième colonne?
Malheureusement, ce sont souvent les événements et leur brutalité qui poussent les populations à choisir leur camp, rendant toute solution politique ou toute position neutre ou de troisième voie difficile à tenir, au moins à court terme. C’est donc par un travail d’information, de formation et de sensibilisation que nous parviendrons à empêcher l’édification d’une cinquième colonne dans nos rangs.
Jean/C.N.C
http://cerclenonconforme.hautetfort.com/archive/2014/05/11/la-cinquieme-colonne-5366788.html