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Les politiques nucléaires dans le monde [1.L’Europe] Energie et affaires commerciales

Notre collaborateur Michel Gay nous communique son étude géopolitique des politiques nucléaires dans le monde. La France tergiverse, l'Angleterre fonce, l'Allemagne s'enfonce, l'Amérique du nord se renforce, le Japon se prépare, la Russie et la Chine avancent, et le reste du monde… émerge. Il nous a semblé, pour une meilleure lisibilité, de mettre en ligne cette étude en cinq parties correspondant aux cinq grandes économies du monde : Europe, Amérique du Nord, Russie, Chine et Asie. Aujourd'hui, l'Europe. 

EUROPE : LA FRANCE TERGIVERSE, L'ANGLETERRE FONCE, L'ALLEMAGNE S'ENFONCE

France : Une bien longue pause. Durant seize ans, de 1991 à 2007, aucun chantier nucléaire n’a été ouvert en France. Dans les années 1990, Areva décide de mettre au point, avec l’Allemand Siemens un nouveau produit nommé "Evolutionary Pressurized Reactor" (EPR), qui devait être construit en France et en Allemagne. Il n’y a pas eu que de bonnes fées autour du berceau de l’EPR. En Allemagne, les Verts qui tenaient l’Autorité de Sûreté Nucléaire, compliquèrent le projet dans le but de le rendre inconstructible. En France, le gouvernement de Lionel Jospin, devant l’hostilité des Verts, renonce à lancer sa construction fin 1990. Ce même Gouvernement décide de démanteler le surgénérateur Superphénix, ce qui handicape aujourd'hui considérablement le développement de cette filière de réacteurs de quatrième génération en France, alors que le pays était leader mondial en la matière.


Chateau

Finalement, le premier chantier français d’EPR s’ouvre à Flamanville en 2007. Un second chantier est envisagé à Penly, près de Dieppe. Il sera repoussé en 2011, à la suite de l’accident de Fukushima. Un nouveau gouvernement, arrivé au pouvoir en 2012, confirme la construction de l’EPR à Flamanville, mais renvoie le second (Penly) aux calendes grecques. Il annonce la fermeture du plus ancien des réacteurs du parc actuel, Fessenheim, fin 2016, et la réduction de la part du nucléaire de 75 à 50% dans la fourniture d’électricité à l’horizon 2025.
EDF, traditionnellement, jouait deux rôles dans le nucléaire : le premier dans la gestion des chantiers de centrales électriques dont les centrales nucléaires, le deuxième rôle dans la gestion de ce parc. Le parc nucléaire français est le plus important du monde possédé par une seule compagnie d’électricité. Il fournit entre 75 et 80% de l’électricité française et 17% de l’électricité nucléaire mondiale. En 16 ans, les équipes dirigeantes et les ingénieurs ont changé. Un nouveau chantier nucléaire est redevenu une aventure technico-financière pleine d’inconnues. La filiale d’EDF au Royaume-Uni, EDF Energy, a finalement obtenu fin 2013, des conditions de financement pour lancer la construction de deux réacteurs EPR. Les difficiles négociations ont été menées principalement par le patron de EDF Energy.
La gestion des chantiers nucléaires a été longtemps un sujet de friction entre EDF et Areva. Les deux chantiers, français et finlandais connurent des déboires similaires…quatre ans de retard et un coût multiplié par 2,5. Areva n’avaient pas encore les compétences nécessaires et EDF les avaient perdues. Les déboires des chantiers finlandais et français commençaient à faire douter de la viabilité du réacteur EPR. Le salut vint de Chine, où le chantier des deux EPR se déroule suivant le planning prévu et au coût annoncé. Certes, le projet chinois bénéficiait des expériences européennes. Mais, comme il devance désormais les chantiers européens, cette explication a des limites. Surtout, les ingénieurs chinois ont géré de nombreux chantiers nucléaires depuis vingt ans et acquis les compétences correspondantes. Le bon déroulement de la construction des deux EPR en Chine a joué dans la décision britannique d’en accepter la construction sur son sol. Areva dispose d’un autre produit, le réacteur ATMEA (1000 MW), élaboré de concert avec le japonais Mitsubishi. En 2013, ATMEA a été préféré à ces concurrents pour le projet nucléaire turc de Sinop. Une compagnie d’électricité est associée au projet. Ce n’est pas EDF mais GDF-Suez (qui gère le parc nucléaire belge). On notera qu’au niveau politique les contacts avec le Gouvernement turc ont été assurés par le Premier Ministre japonais et que le Gouvernement français a observé une grande discrétion.
La France s'est tirée une balle dans le pied en détruisant la filière des surgénérateurs avec l'arrêt de Superphénix et de Phénix alors qu'elle était la première au monde dans ce domaine. L’industrie nucléaire française a peu à attendre du marché français pendant encore quelques années. Mais Areva propose deux réacteurs à l’exportation. Les récents succès au Royaume- Uni (avec l'EPR) et en Turquie (avec l'ATMEA) permettent d’être optimiste pour d’autres ventes.
Le Royaume Uni a décidé la construction d’un nouveau parc nucléaire. La construction des premiers réacteurs à Hinkley Point (Somerset) va commencer prochainement. D’autres suivront probablement. Il est prévu de construire jusqu'à 10 réacteurs EPR au Royaume-Uni….

Chateau

En Allemagne, en 2010 avant l’accident de Fukushima, le nucléaire produisait 22,6% de l’électricité à partir de 17 réacteurs. Huit furent arrêtés à la suite de l’accident japonais, et les autres doivent être tous stoppés en 2022 au plus tard. Même si le processus de transition énergétique est modifié, ce qui est probable devant le gouffre financier qui s'annonce, le nucléaire est condamné à terme en Allemagne. La structure de l’industrie elle-même est touchée. Les grandes compagnies d’électricité se sont retirées des projets nucléaires britanniques. Le fleuron industriel de l’atome allemand, Siemens, est frappé au coeur après avoir rompu avec le Français Areva et avoir vu son offre de collaboration à l'Est repoussée par les Russes. Le nucléaire allemand n’a plus d’avenir.
En revanche
, les dirigeants du "groupe de Visograd" (Pologne, Hongrie, Tchéquie, Slovaquie), ont lancé le 15 octobre 2013 un appel à l’Union Européenne pour le soutien de leurs nouveaux projets de réacteurs. La Slovaquie a un chantier en cours. Il est possible qu’un projet voie le jour en Pologne et/ou en Lituanie.

La Finlande et la Suède vont probablement renforcer leur parc nucléaire.
En Belarus, un projet est confirmé.

NotesAmérique du Nord, Russie, Chine et Asie, de nouveaux projets apparaîtront certainement. Ils feront l'objet des quatre études suivantes.

SourceMétamag :: lien

http://www.voxnr.com/cc/dh_autres/EuppuEFVFyxdwnoAPz.shtml

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