Voici 180 ans, le 21 juin 1834, Pierre-Antoine BERRYER était élu député de Marseille. Ce fut un grand moment pour le royalisme et pour Marseille.
Né à Paris, Pierre-Antoine BERRYER n’était pas du tout Marsellais, « mais son royalisme sans faille, sa chaleureuse éloquence, sa séduction personnelle en ont fait le représentant de Marseille sous diverses législatures » (Pierre GUIRAL dans « Dictionnaire des Marseillais »).
Avocat, il fit acquitter le général CAMBRONNE et défendit la liberté de la presse. Sa réputation grandissant, il fut élu député légitimiste de Haute-Loire en 1830. Il fut appelé par son parti pour se présenter aux élections de 1834 à Marseille. Il fut élu et réélu constamment jusqu’en 1851.
A la Chambre, il lutta constamment pour la monarchie traditionnelle sous la Monarchie de Juillet comme sous la Seconde République. Après le coup d’Etat de Louis-Napoléon BONAPARTE, il ne se représenta pas. Il devint bâtonnier de l’ordre des avocats et membre de l’Académie Française. En 1863, il redevint député de Marseille, en battant le maire nommé par NAPOLÉON III. En plus des royalistes, « les républicains ont voté pour lui par haine de l’Empire et aussi parce que BERRYER, nature généreuse, a pris souvent la défense des travailleurs et des déshérités » (P. GUIRAL, ouvrage cité).
En effet, il se battit contre les lois iniques interdisant à l'ouvrier de s'associer pour son « prétendu intérêt commun » (loi le Chapelier 1791). Sa défense des compagnons charpentiers de la Seine, poursuivis en 1845 par les juges louis-philippardiens, pour délits de coalition et atteintes à la liberté du travail pour avoir réclamé une augmentation de salaire, est restée célèbre. Devant les magistrats du Second Empire, avocat des ouvriers imprimeurs en 1862, BERRYER plaida en faveur du droit de réunion inexistant depuis la Révolution et critiqua le libéralisme:
"Mais que veulent les ouvriers ?", dira-t-on. Ils ont, comme tout le monde, la liberté que leur donne la loi de 1791: pourquoi ne s'en prévalent-ils pas ? Ah, c’est que, depuis 1791, les choses ont bien changé. La loi de 1791, abolissant les forces collectives, avait étendu à l'individualité les pouvoirs les plus grands; il ne devait plus y avoir de corporation, plus d'assemblées, plus de registres, plus de présidents; les forces collectives étaient détruites, afin que la France, disait-on, pût jouir des efforts individuels, de l'activité de chacun. C’était l'utopie du temps.
Mais aujourd’hui, qui donc n'est pas corporé ?
Nous ne voyons autour de nous que chambres syndicales : agents de change, notaires, avoués, huissiers, entrepreneurs de tous les corps d'état, tous ont leur chambre ; tout le monde est en corporation; à une condition cependant : c'est qu'on soit maître.
Et quand on sera ouvrier, on sera l'homme isolé, réduit à la seule force individuelle. S’il arrive à l'ouvrier de vouloir communiquer avec l'intelligence des siens, il commettra un délit !
La liberté des transactions, la loi de 1791 ! Savez-vous ce qu'il en reste ? Je vais vous le dire : il en reste l'oppression de ceux qui ont le plus besoin de protection. Je ne suis certainement pas un agitateur, je suis essentiellement conservateur, et c'est pour cela même que je repousse les traités de gré à gré entre le maître et l'ouvrier; le traité de gré à gré, c’est le marché de la faim ; c’est la faim laissée à la discrétion de la spéculation industrielle."
Il rendit son âme à Dieu le 29 novembre 1868, dix jours après avoir écrit une dernière fois au comte de Chambord pour réaffirmer ses convictions catholiques et royalistes.
Son souvenir est marqué à Marseille par sa statue qui est près de l’entrée du Palais de Justice.
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