Aymeric Chauprade, géopoliticien français reconnu et auteur notamment de Géopolitique : Tendances et changements dans l’Histoire, a récemment publié une tribune sur la place de la France face à la question islamique, qu’il définissait comme une priorité. Récemment engagé aux côtés du Front National, avec lequel il a été élu au parlement européen, M. Chauprade a répondu à nos questions suite au débat qui a suivi sa prise de position radicale contre l’État islamique et, secondairement, en faveur d’Israël face au Hamas.
LBDP : Est-ce la mort de Dominique Venner qui dicte votre engagement politique aujourd’hui ?
A. Chauprade : Ce qui dicte mon engagement politique aujourd’hui c’est d’abord une réalité charnelle et sentimentale : une famille, des enfants auxquels je veux laisser un avenir français et européen. Mais il y a aussi trois écrivains qui, à la fois sur le plan intellectuel et amical, ont beaucoup compté pour moi, trois hommes radicalement différents.
Charles Saint-Prot, le maurrassien, pro-arabe, fervent défenseur de la Francophonie, soutien du baasisme irakien devenu islamophile (il a suivi l’évolution du monde musulman au fond), Dominique Venner qui m’a consolidé dans mon combat pour l’identité de notre civilisation. Et François Thual, un homme du Grand Siècle français (raison et classicisme), juif d’origine et orphelin, converti au christianisme orthodoxe, franc-maçon, un conservateur d’une intelligence fulgurante et qui m’a appris à dépasser le déterminisme scientifique et à me passionner pour la philosophie de l’Histoire.
Je les considère tous les trois comme des maîtres qui ont compté dans ma formation intellectuelle et je les tiens en grande estime mais je sais que chacun des trois aurait aujourd’hui quelques motifs de désaccord avec moi. C’est normal, chacun suit son chemin en homme libre.
Y a-t-il une différence de ligne entre le Chauprade géopoliticien indépendant et le Chauprade candidat du Front National ?
Une différence de ligne certainement pas. Je me suis engagé pour faire gagner mes idées et non pour en changer. Une différence d’approche et de traitement des idées oui et c’est normal. Le champ libre de la politique est plus réduit que le champ libre de l’écriture. Il y a des contraintes de formulations évidentes. L’autre différence c’est que l’écriture est tendue vers l’explication tandis que la politique est tendue vers la solution.
Je n’ai pas dit la solution idéale laquelle n’existe pas puisqu’on ne refera pas le monde, mais la solution crédible. Moi je suis entré en politique avec un objectif simple : aider Marine Le Pen à arriver au pouvoir pour que celle-ci stoppe le changement de population qui est en train de nous vider de notre substance, de notre civilisation. Je suis comme le militaire, je commence par définir l’EFR (l’effet final recherché) et je bâtis ensuite une stratégie politique en fonction de cet objectif.
La suite sur Le Bréviaire des Patriotes