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Quand l'extrême gauche redescend dans la rue

Sur le site de "Libération", ce 16 novembre, la description de la manifestation de la  veille (1)⇓ commençait par deux paragraphes, dont le décalage laisse perplexe :

Premier paragraphe [en plus gros caractères] :Plusieurs dizaines de milliers de personnes ont manifesté samedi à Paris et dans toute la France à l’appel de la gauche de la gauche pour protester contre la politique de Manuel Valls.

C'est, soulignons-le quand même, par pure complaisance que l'on a pris l'habitude et qu'on nous impose presque de parler de "gauche de la gauche". Dans cette nov'langue seuls les libéraux sont ultras, seule la droite est extrême.

Deuxième paragraphe [en plus petits caractères] : "Plusieurs milliers de personnes ont manifesté samedi à Paris à l’appel du collectif 'Alternative A l’Austérité' (3A)."

141117aSoulignons donc aussi que ledit collectif "3A" organisait le même type de défilé dans quelque 18 villes dont Toulouse, Bordeaux ou Strasbourg.

Annoncée par "L'Humanité" du 14 novembre, la cible commune était définie, en théorie "contre le budget d’austérité inefficace".

Soulignons donc enfin que ces gens appellent, sans rire, "politique d'austérité" un budget qui prévoit, pour 2015, une hausse de la dépense publique de 0,8 %, avec 0,1 % une inflation de et une croissance globale de 0,3 %.

Les programmateurs de cette agitation tiennent en fait le plus grand compte des calendriers parlementaires, car se propose de les influencer et de les intimider. 

Le 18 novembre l'ordre du jour de l’Assemblée nationale prévoit en effet les "explications de vote et vote par scrutin public sur le projet de loi de finances. Selon la bonne vieille méthode coco on avait ajouté un autre sujet de mécontentement : la "répression accrue des mouvements sociaux, écologiques et citoyens, suite à la mort de Rémi Fraisse."

D'autre part, le 4 décembre,les élections syndicales de la fonction publique revêtiront une grande importance pour la CGT.

En fait on se trouvait donc en présence d'une mobilisation destinée à assurer le relais entre ce scrutin et les mobilisations anti-austérité du 16 octobre, déjà pas très réussies.

Dans la capitale, le défilé partait de la Place Denfert-Rochereau et il se déplaçait jusqu'à l’Assemblée nationale. Il aurait réuni entre 7 500, évaluation de la Préfecture de police, et 30 000 personnes, à en croire les enthousiastes. Au total, certains vont jusqu'à prétendre que, dans tout le pays, "100 000 personnes" seraient descendues dans la rue. Cette petite évaluation bidonnée vient du "parti de gauche". Pas sûr que le nombre, plus modeste, de 20 000 ait été effectivement atteint.

Les basses eaux, en quelque sorte.

Pourquoi les manifestations prévues dans un nombre de villes inférieur de régions n'ont-elles reçu que cet écho extrêmement limité en ce 15 novembre ?

D'Avignon à Quimper en effet elles prétendaient faire reculer le gouvernement Valls, et en dénoncer la volonté réformiste. Or, en recherchant les informations dans les pages locales des journaux régionaux, en général moins menteuses que les moyens de désinformations "nationaux", on découvre que la majorité d'entre eux n'ont publié aucune recension des rassemblements pourtant prévus. 

Les abonnés du "Dauphiné libéré" par exemple pouvaient, seuls, accéder au détail d'un décompte selon lequel 500 personnes (?) se seraient déplacées dans le chef-lieu du Vaucluse, haut lieu de l'intermittence et de l'assistanat.

Les lecteurs du "Télégramme de Brest" ont pu voir les photos d'un regroupement assez pathétique comptabilisé à hauteur 150 personnes, d'après le rédacteur. Mais sur la photo on les imagine 50, pas beaucoup pour le chef-lieu du Finistère.

À Nice, pas une ligne dans "Nice-Matin" beaucoup plus attentif au déplacement du maire Estrosi à Saint-Pétersbourg.

À Strasbourg les "Dernières Nouvelles d'Alsace" font plutôt écho à la protestation de la région contre une réforme absurde qui projette de l'agglomérer à la Champagne et à la Lorraine, et aux quelques élus qui défendent le droit au bilinguisme franco-allemand.

À Lille, on n'entend parler ni des manifestants de la fameuse "gauche de la gauche" ni des frondeurs que Martine Aubry cherche à ranger derrière son fanion. À peine avait-on noté le 14 novembre : "Lille : une vingtaine d’InterLuttants brave la pluie pour défendre les droits des chômeurs. Ils sont actuellement une petite vingtaine à manifester dans les rues du centre-ville de Lille. Un petit groupe d’InterLuttants brave la pluie, à vélo ou à pied, pour la Journée d’action européenne des droits des chômeurs." Autrement dit, s'agissant de "couvrir" une manifestation de gauche la Voix du nord ne méprise pas l'infiniment petit. 

Or l'Humanité du 14 novembre annonçait pour le lendemain que "les forces anti-austérité ont rendez-vous dans la rue". La rhétorique du PCF, force centrale de ces mobilisations consiste à soutenir que "dans son immense majorité le peuple rejette cette politique imposée sans débat et avec autoritarisme."

Mais ces porte-parole autoproclamés du peuple, n'ont enregistré, depuis la victoire socialiste de mai 2012, que des défaites électorales. La liste impressionnante des organisations participant à leur manœuvre ne se retrouve pas dans le nombre réel des manifestants. Enfermés dans leur négation, ou leur simple ignorance des réalités économiques ces gens n'ont d'ailleurs voté Hollande qu'au second tour.

Leur grand argument actuel consiste à dire qu'ils n'ont "pas voté Hollande pour ça". S'ils étaient dotés d'un minimum de bon sens, ils auraient dû réfléchir à leurs propres arguments et suivre le conseil de Molière dans Les Femmes savantes : "Si n'être point cocu vous semble un si grand bien/ Ne vous point marier en est le vrai moyen." 

JG Malliarakis

Apostilles

  1.  Copiée collée de la dépêche AFP du 15 novembre à 17 h 47 mise à jour le 15 à 18 h 24.

http://www.insolent.fr/

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