Le retour en France ce 10 décembre de Serge Lazarevic, heureux dénouement d'une affaire qui traînait depuis trop longtemps, nous a rapprochés de douloureux souvenirs. Au moment de la libération d'Ingrid Betancourt, par exemple, les Français ont eu l'occasion de comprendre que les réseaux terroristes, en l'occurrence ceux des Farc se finançaient en partie par les prises d'otages, c'est-à-dire par des versements de rançons.
Publiée le 30 juillet une enquête du "New York Times" estimait à et égard à plus de 105 millions de dollars le montant des rançons encaissées depuis 2008 par le seul groupe "al-Qaïda". Les Français détiendraient ainsi la triste première place avec des paiements cumulés de 58 millions de dollars, ce qui représentait au change de l'été dernier la valeur de 43 millions d’euros. Une coûteuse et peu honorable médaille d'or dont on se passerait bien.
Qu'il s'agisse de ces islamo-terroristes ou de ceux de "l'État islamiste" (1)⇓ , leurs ressources n'ont pas manqué de se diversifier. Les "djihadistes" d'Irak et de Syrie par exemple s'appuient sur la contrebande du pétrole, au cours très attractif pour les acheteurs de 20 dollars le baril. Ceci a conduit les Américains, engagés dans la lutte depuis août, à entreprendre avec succès de détruire par des bombardements les installations de raffinage.
Autre exemple, quand on apprend que la secte Boko Haram au Nigéria annonce cyniquement, – ce que d'autres accomplissent plus discrètement, – à savoir qu'elle vend comme esclaves les lycéennes enlevées par l'organisation on doit bien se représenter qu'il s'agit aussi, pour celle-ci, d'une source de revenus. Et cet ignoble commerce se retrouve dans un grand nombre de régions où règne ce mode d'action intrinsèquement pervers.
Par nature le terrorisme considère que tout est permis pour sa cause.
Au départ, on retrouve cette idée commune à beaucoup révoltés qui se veulent des révolutionnaires et qui en brandissent les drapeaux. "Eux" et "nous" : l'expression conduisait déjà la ligne de conduite des nihilistes russes, de la secte de Netchaïev. Celle-ci inspira à Dotoïevski son roman "les Possédés/les Démons" qui servit, avec les fausses doctrines de Marx, de matrice au léninisme. "Eux" sont supposés toujours et en toutes circonstances, des "salauds", des exploiteurs, des ennemis du peuple, hier "fascistes", aujourd'hui "néo-libéraux". Donc cela permet à "nous" d'utiliser, en invoquant au départ "la Cause" non seulement n'importe quel moyen d'action mais aussi n'importe quelle méthode de financement.
Le narco-terrorisme en Amérique latine vient de la sorte au secours de la guérilla marxiste-léniniste.
Voici de la sorte ce que je trouve sur l'excellente chronique des événements courants que met en ligne l'Institut d'Histoire sociale ce 11 décembre.
L'AFP, ce 8 décembre diffusait une importante nouvelle en provenance de Bogota. Quoique reprise par certains médias ("Le Parisien", "L'Express", etc) elle est sans doute passée inaperçue. Or, elle confirme matériellement le lien entre cette organisation terroriste d'extrême gauche et le trafic de drogue.
Plus d'une tonne de cocaïne, attribuée à la guérilla communiste des FARC, a été saisie au sud de la Colombie par les militaires près de la frontière avec l'Équateur, ont annoncé dimanche les autorités colombiennes. "Des unités de la marine ont saisi 1 123 kg de chlorhydrate de cocaïne cachés dans une zone marécageuse à l'embouchure du fleuve Mira à une quarantaine de kilomètres au sud de Tumaco, dans le département de Nariño. La cache appartient à une unité mobile des Forces armées révolutionnaires de Colombie (FARC)"indique le communiqué des Forces navales du Pacifique.
La drogue répartie en 1 168 paquets cachés à l'intérieur de soixante sacs de fibres végétales noires, atteint sur le marché noir international une valeur estimée à 30 millions de dollars, précise le communiqué. La marine colombienne a saisi en une année, dans la région Pacifique, plus de trente tonnes de cocaïne, selon la même source. (2)⇓
Au total on se reportera à l'évaluation de l’agence des Nations Unies pour la lutte contre la drogue et le crime organisé. Cette institution estime à cet égard qu'après la Bolivie, gouvernée par le "cocalero" indianiste et marxiste Evo Morales les zones contrôlées par la guérilla en Colombie constituent l'un des principaux producteurs de cocaïne au monde et en ont produit environ 290 tonnes en 2013.
Après cela on aimerait que soient mises en perspective les prétendues révélations sur les méthodes et les mesures que les services de police ou de renseignement des pays occidentaux se trouvent, hélas, amenés à mettre en œuvre pour lutter contre la criminalité et la terreur.
JG Malliarakis
Apostilles
- on commence à prendre l'habitude de l'appeler "Daech" en français "Daesh" en anglais, mais en arabe ça se prononce plutôt "Daash" داعش. ⇑
- cf. le 11.12 Les FARC, entre le communisme et la cocaïne ⇑