Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

L’omniprésence des écrans

La vieille lucarne 

Après travailler et dormir, regarder la télévision est la troisième occupation des Occidentaux. Elle est le premier loisir. Pour l’année 2006, les Français (de 4 ans et plus) la regardent en moyenne 3h 24 par jour. Elle est allumée quotidiennement 5h 27 par foyer. Entre 1993 et 2004, la consommation journalière de télévision a augmenté de 50 minutes environ. 

     En moyenne, le temps libre représente 34% des activités d’une journée et, d’une façon générale, celles effectuées à domicile sont prédominantes (72%) par rapport aux activités hors domicile (28%). Regarder la télévision vient en tête des activités pratiquées pendant ce temps libre (32%), devant les loisirs intérieurs (24%). Les nouvelles technologies occupent une place croissante dans les loisirs. 

     La télévision a pénétré très rapidement dans les foyers. En 1950, seules 287 familles françaises étaient équipées d’un poste de télé. En 1971, 11 millions en possédaient au moins un. En 1970, 32% des ménages n’avaient pas de téléviseur, en 1977 : 13%, en 1988 : moins de 5%. Actuellement, 22 millions de foyers sont équipés, et plus de 40% possèdent plusieurs téléviseurs. L’absence de télévision surprend bien plus que sa présence, car, comme l’explique le psychiatre Jean-Louis Camoscio : « La télévision est devenue un être à part entière, un élément qui appartient à la famille. Beaucoup de gens ont un téléviseur dans leur chambre ». Elle s’immisce partout, une enquête révèle que 62,8% des enfants déclarent que la télévision fonctionne pendant le dîner. Elle reste allumée en permanence, on la regarde par automatisme... On l’allume par simple habitude ou pour le côté lumineux et sonore. Presser le bouton de la télécommande ne constitue pas, dans la plupart des cas, une décision relevant d’un véritable choix, c’est un geste naturel. 

     Cette conquête des foyers se traduit par une présence physique particulière. Dans la plupart des maisons, le téléviseur a un statut privilégié. Il trône à la meilleure place dans la pièce principale – il a remplacé la cheminée – et l’agencement de la salle de séjour se fait autour de lui. Cette pièce, traditionnellement organisée pour permettre les échanges, s’est transformée en salle de projection. Cette configuration se retrouve partout où la culture occidentale s’est diffusée car « premier agent de la mondialisation des mœurs, elle suscite un ensemble quasi rituel de comportements uniformes, quels que soient les environnements et les messages visuels : dispositions du mobilier, assemblée de spectateurs orientés vers la source lumineuse, horaires contraints par un spectacle généralement programmé à heure fixe, etc. » 

     En quelques années, le nombre de chaînes a été multiplié par vingt ; elles se spécialisent de plus en plus : cinéma (suspense, comédie, art et essai, etc.), chasse, enfants (garçons de 6 à 11 ans, filles de 13 à 17 ans, etc.), équitation, pornographie, etc. Les canaux se diversifient aussi : hertzien, câble, satellite, ADSL, TNT, téléphonie mobile, etc. Trente millions d’heures de programmes sont produites chaque année dans le monde pour répondre à cette explosion des canaux de diffusion. 

     Ne pas posséder de télévision ne nous protège pas totalement de son emprise car une véritable culture s’est développée autour d’elle, avec sa presse (qui vend en France de 15 à 17 millions d’exemplaires chaque semaine), ses multiples objets (le merchandising autour des émissions rapportent aux chaînes des sommes parfois supérieures aux revenus publicitaires), ses codes (langagiers, vestimentaires), ses références historiques (la mémoire collective se structure aujourd’hui autour de références à des programmes audiovisuels), ses héros, ses mythes, sa manière d’appréhender le monde (au travers du prisme de la célébrité), etc. 

Cédric Biagini, L’emprise des écrans

http://www.oragesdacier.info/

Les commentaires sont fermés.