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[Tribune] L’impossible langage – par Pierre Saint-Servant

N’est-ce pas un formidable symbole de la modernité que de joindre, dans un temps extrêmement bref, l’appauvrissement d’une langue millénaire et belle comme aucune autre à l’obsession de tout ce que nous comptons d’élites de créer sans cesse de nouveaux langages compatibles avec leur quête illimitée du profit ?

Expliquons-nous. Il était un temps, bien peu éloigné, où ces ouvrages que l’on qualifiait de romans “populaires” étaient construits à partir des solides matériaux de la langue française, en respectant les non moins solides règles de l’artisanat littéraire. Ces romans, nouvelles, feuilletons, étaient lus par le petit peuple français, quand celui-ci existait encore en chair et non seulement dans le verbiage politicien. Nous pouvions alors parler de culture populaire sans rougir, car il existait bel et bien une culture très largement partagée. La langue française était une matière inaltérée, simplement retravaillée et affinée par la succession de quelques génies et d’une myriade de serviteurs attentionnés. Matière inaltérée mais vivante, organique. Une langue mâchée, digérée, chantée et criée à chaque étage des corps sociaux, de ces corps intermédiaires qui n’avaient pas encore été broyés par le jacobinisme niveleur. Une langue accentuée, parfois malmenée, mais avec quelle tendresse, dans nos provinces les plus contrastées.

Comme toute particularité, tout caractère trop fortement marqué, une telle langue, si exigeante et si jalouse, en somme si inégalitaire, devait disparaitre. De ce projet, nous pouvons constater l’indéniable succès. De haut en bas de la société, nous observons depuis les décennies 1950 et 1960 le profond déclin de notre langue. Au sommet de l’Etat, la richesse du champ lexical du président De Gaulle a laissé place à une affligeante pauvreté, tant dans les interventions de Nicolas Sarkozy que dans celles de François Hollande. Le dictionnaire Larousse se félicite d’ouvrir ses pages à “zénitude”, “candidater”, “vapoter” ou encore “iconique”.

 

L’anglais envahit notre vie quotidienne, chacun devant se soumettre à sa si merveilleuse conquête, qui est celle de la science, du progrès, des “hautes” technologies et de la “turbo-finance” mondialiste. L’anglais ? Certainement pas la langue anglaise, si belle et riche, mais plutôt un mélange de vocabulaire réduit et de construction grammaticale simpliste. International, facilement exportable et permettant à un monde livré aux financiers, aux démiurges scientifiques et aux marchands, de fonctionner à moindre effort. Comme nous aurions tort de considérer les reculs de notre langue comme secondaires. Nous ne parlons pas de simples considérations d’esthètes mais bien de l’indispensable devoir de préserver l’une de ces solides murailles qui nous protègent encore du Grand Nivellement. Le combat patient mais acharné, mené – entre autres – par Radio Courtoisie, et dont les assauts répétés peuvent parfois nous faire sourire, est donc un combat de chaque jour. Il doit être nôtre.

Il vous sera alors peut-être permis d’entendre, après les combats, ces quelques vers récités avec émotion par votre fils, petite-fille ou nièce, en amical hommage à une grande âme franque :

O Seigneur, vous savez que couchés sur la paille
Ou sur le dur ciment des prisons sans hublot,
Nous avons su garder en nous, vaille que vaille,
L’espoir sans défaillance envers des jours plus beaux.

Psaume I, 28 octobre 1944, Robert Brasillach

Le Français dans ce qu’il a de plus pur, de plus clair, de plus fin. Tout simplement.

Pierre Saint-Servant

http://fr.novopress.info/184388/tribune-limpossible-langage-pierre-saint-servant/

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