Condamnée à accueillir et enseigner à la grande masse de la médiocrité, l’université sélectionne naturellement par l’exigence que n’a plus le lycée : en deuxième, puis en troisième année, il ne reste à peu près que des étudiants qui sont à leur place.
Il s’appelle Ayoub, Adrian ou Kenny. Mais ce pourrait tout aussi bien être Lætitia ou Héloïse. Il a décroché un bac au rabais après un parcours moyen dans un système scolaire médiocre qui n’est plus capable de transmettre les bases de la pensée, du raisonnement et du français.
Ce bac est son premier diplôme universitaire. Il ne sanctionne pas un parcours scolaire mais constitue, théoriquement, un examen de sélection à l’entrée de l’université (c’est pourquoi les jurys de bac sont, normalement, présidés par un universitaire qui doit attester, par sa présence, que le bachelier fraîchement diplômé a les compétences requises). Il est donné à plus de 85 % des lycéens après que les correcteurs ont reçu la consigne de bien réfléchir avant de mettre une note inférieure à 8/20 (même si elle vaut allègrement 2/20). C’est ainsi que l’Éducation nationale ment à ces jeunes et leur fait croire qu’ils ont le niveau pour poursuivre des études « supérieures ».
Arrivé sans but en fac, Kenny est très vite largué. Immature, il ne comprend pas que son cours en amphi n’est que 50 % des connaissances à acquérir et qu’il a beaucoup de travail personnel à fournir. Ses copies sont bourrées de fautes d’orthographe, de conjugaison et de contresens. Son raisonnement est quasi inexistant et son écriture déplorable. Il confond souvent causes et conséquences. Est incapable de bâtir un raisonnement structuré et argumenté. Sa capacité d’expression orale est d’une médiocrité désespérante. Son vocabulaire se limite à 150 mots.