Les bouquins de Synthèse Nationale, 2015
« L’Europe est une nécessité absolue, mais elle ne se fera jamais si elle n’est pas d’abord une identité consciente et combattante, à la hauteur du Mythe qu’elle représente. » Militant exemplaire au parcours tumultueux, penseur politique actif et auteur de plusieurs ouvrages, dont un abécédaire remarquable et remarqué,Pensées corsaires : abécédaire de lutte et de victoire (Éditions du Lore, 2008), Gabriele Adinolfi est l’un de ces hommes dont l’idéal se résume en un mot : l’Europe. Pour lui, l’Europe est un projet politique vital face au bloc occidental et au triumvirat Washington – City de Londres – Tel-Aviv, comme autrefois face au bloc soviétique. L’Europe comme projet est toujours d’actualité dans un monde globalisé d’où émergent de nouvelles menaces. Parmi elles, notamment, la monté des « BRICS », ce groupe de pays constitué du Brésil, de la Russie, de l’Inde, de la Chine et de l’Afrique du Sud. A l’heure où certains voient en l’Europe un frein, voire un problème, incarné par un conglomérat de technocrates et de porteurs de valises, Gabriele Adinolfi affirme, envers et contre tout, la nécessité d’une troisième voie. L’Europe Puissance, « nation des patries » (selon une formule du MSI), devant être « l’Imperium», le pilier central qui incarne l’axe vertical qui relie le tellurique et le céleste ; en un mot la solution.
Gabriele Adinolfi commence par faire le lien entre passé et présent en inspectant, entre autre, de façon critique, la notion d’avant-garde. Le recul métaphysique évolien est, selon l’auteur, une condition sine qua non pour résister aux assauts mortifères du monde actuel. S’ensuit la genèse et un historique, en quelque sorte, du concept d’Europe Nation. L’influence de Jean Thiriart et surtout de Pierre Drieu La Rochelle y est omniprésente (l’ouvrage leur est dédicacé). « La grande Europe », dont les racines remontent au début du XXe siècle, est bien plus qu’un concept intellectuel, elle est le support de notre destin et de notre identité. C’est pourquoi un chapitre est consacré à l’identité européenne. Ce sentiment d’appartenance à un socle identitaire remonte pour Gabriele Adinolfi à la célèbre bataille des Thermopyles. A travers d’autres exemples, on réalise alors à quel point cette notion d’identité est centrale et va au-delà de la dimension ethnique prônée comme un absolu par beaucoup trop de militants ; l’identité relève davantage des concepts de « race de l’âme » et de « race de l’esprit » chers à Evola, et aussi de l’axe vertical qu’est le pôle viril, dont les symboles sont le sceptre, l’épée, la lance ou le faisceau. Avant de vouloir une nouvelle Europe, il faut d’abord l’incarner soi-même. L’Union européenne est bien entendu passée au crible: l’auteur renvoie dos à dos européistes et eurosceptiques. Il analyse de nombreux lieux communs, comme l’influence maçonnique et américaine sur l’UE ou le rôle de l’Allemagne que certains considèrent comme responsable de tous nos malheurs. Après cette critique vient naturellement le temps des propositions. D’ordres économique, structurel ou militaire, elles sont le point de départ de la reprise d’une souveraineté salvatrice.
N’étant ni un livre « programme » ni une diatribe assenant des coups de marteau à l’aveugle, L’Europe de Gabriele Adinolfi est une synthèse – trop courte diront certains. L’auteur y réaffirme avec un point de vue différent, peut-être plus posé, voire serein, ce que les militants nationalistes révolutionnaires paneuropéens ont toujours appelé de leurs vœux : une Europe Nation, une Europe Puissance et une Europe politique. Malgré une traduction parfois hasardeuse, cette brochure demeure indispensable pour tous nationalistes « alter-européens ». Faisant le lien entre passé, présent et futur, cet ouvrage vous invite à une seule chose : prendre le témoin et brandir l’étendard de l’Europe, la « nation de nos patries ».
« Les masses ne peuvent s’ébranler pour la défense de l’Europe que si le mythe d’Europe et le mythe du socialisme se sont clairement unis et si cette union se manifeste par des actes décisifs. Il n’est jamais trop tard pour bien faire. » disait Pierre Drieu La Rochelle dans un article de mars 1944...
Donatien / C.N.C.