Le Devoir consacre un article intéressant (le premier de trois, semble-t-il) sur les vocations traditionnelles au Canada, suite à l'ordination de deux prêtres canadiens de la Fraternité Saint Pierre. Extraits :
"Pendant que l’héritage catholique québécois s’effrite et que les églises se vident, certains jeunes bravent les préjugés en se tournant vers Dieu. Qu’ils s’engagent dans une voie traditionnelle ou plus contemporaine, tous ont leur raison de lever les yeux vers le ciel, à la recherche de sens. Premier de trois textes sur ces jeunes Québécois qui, en 2015, croient toujours.
Dans la chapelle du séminaire de Saint-Hyacinthe, des notes d’orgue graves et rapides marquent l’entrée de deux Québécois dans la vingtaine qui, dans quelques heures, seront prêtres. Les fidèles se lèvent dès que les deux futurs abbés franchissent la porte de la chapelle avec un convoi de religieux de la Fraternité sacerdotale Saint-Pierre.
Malgré leur âge, Alexandre Marchand (27 ans) et Jacques Breton (29 ans) ont choisi une branche traditionaliste du catholicisme — qui conserve l’aspect liturgique d’avant 1962, année des réformes religieuses du concile Vatican II. Le rite traditionnel est considéré par leur communauté comme plus« sacré ».
En cette chaude journée d’été, Alexandre Marchand et son confrère ont revêtu l’aube. Ils s’agenouillent, puis se prosternent, vivant un moment déterminant dans leur vie. Les deux jeunes hommes font partie des rares Québécois à avoir fréquenté le séminaire européen de la Fraternité sacerdotale Saint-Pierre.
Des chants grégoriens et l’emploi du latin tout au long de la cérémonie témoignent de l’utilisation du rite traditionnel.Une cérémonie d’ordination selon ce rite n’avait pas eu lieu au Canada depuis 1962 [confusion entre la date du Concile et celle de la réforme liturgique, à moins qu'il n'y a pas eu d'ordination entre 1962 et 1969... NDMJ]. [...]
L’abbé Marchand, de Gatineau, a senti l’appel de Dieu dès l’âge de cinq ans et a rapidement opté pour le traditionalisme.« Petit, je suis allé plusieurs fois à la messe traditionnelle. Il y a une paroisse de la Fraternité sacerdotale Saint-Pierre à Ottawa depuis 1995, au sein de l’église Sainte-Anne. » Il dit avoir été charmé par la« beauté de la liturgie » traditionnelle et ses symboles. « Ces derniers sont nombreux[durant la messe]et parlent d’eux-mêmes », comme le prêtre qui se met à genoux, s’humiliant pour Dieu, et qui fait la messe tourné vers l’autel et non vers les fidèles, puisqu’il s’adresse au Tout-Puissant. [...]
Au Canada, les paroisses Saint-Clément, à Ottawa, et Holy Family, à Vancouver, appartiennent à la Fraternité sacerdotale Saint-Pierre et célèbrent la messe selon le rite traditionnel. La Fraternité est également installée dans cinq apostolats.Huit Canadiens, dont un Québécois, seront en formation cette année aux séminaires américain et européen de la Fraternité sacerdotale Saint-Pierre.
D’autres communautés traditionalistes, comme la Fraternité sacerdotale Saint-Pie X — qui a créé de vives tensions au sein de la communauté catholique dans les années 1970 en s’opposant à certaines« tendances modernes » —, célèbrent des messes dans une trentaine de villes canadiennes. [...] Si la tradition continue à vivre, c’est parce qu’elle est« authentique »et« héritée de 2000 ans d’histoire »,estime l’abbé Marchand. Désormais prêtre, ce dernier compte rester quelques semaines au Québec avant de s’envoler pour la Belgique, où il se joindra à une église à Namur.