De par ses réglementations et ses bienfaits, l'État attire une catégorie d'immigrés qui prélève plus sur la communauté nationale qu'elle ne lui apporte. On peut l'accepter d'un point de vue chrétien, mais il faut alors bien être conscient que cela ne peut se poursuivre indéfiniment. D'où la nécessité de limitations quantitatives.
Comme l'expliquait le prix Nobel d'économie Maurice Allais dans « Le Figaro » du 5.12.90, "lorsqu'un travailleur immigré supplémentaire arrive, il faudra finalement, pour réaliser les infrastructures nécessaires (logement, hôpitaux, écoles, infrastructures de toutes sortes, installations industrielles, etc.) une épargne supplémentaire égale à quatre fois le salaire annuel de ce travailleur. Si ce travailleur arrive avec sa femme et trois enfants, l'épargne nécessaire sera égale à vingt fois son salaire annuel, ce qui manifestement représente une charge très difficile à supporter". En fait c'est la communauté déjà établie qui supporte l'essentiel de cette charge par les mécanismes de prélèvements obligatoires et de redistribution.
Le problème social vient de l'accumulation, dans certains endroits, d'immigrés dont les coutumes sont ressenties comme gênantes par les populations préexistantes.
Comment alors éviter l'invasion de hordes d'immigrants pauvres dans nos pays comparativement riches ?
Dans un système de propriété privée, les droits de chacun sont conditionnels : on entre dans la propriété d'autrui, dans une copropriété, dans une association, dans une école privée, à condition d'en respecter les règles et d'en payer le prix éventuellement demandé. Le droit de propriété se définit comme la liberté d'exclure autrui de l'usage du bien que l'on possède, quelles que soient les motivations de l'exclusion. Si le propriétaire d'une maison refuse de la louer à quelqu'un qu'il considère comme un "étranger" (parce qu'il vient d'un autre pays, qu'il a une couleur de peau différente, d'autres murs, ou simplement une autre moralité - par exemple une grande négligence dans le paiement des loyers), si le propriétaire d'une entreprise refuse d'embaucher quelqu'un qui ne lui plaît pas - par exemple parce qu'il a montré qu'il était un fainéant, cela peut nous choquer, mais nous devons reconnaître qu'ils en ont le droit.
Ayons l'honnêteté de l'admettre, nous passons notre vie quotidienne à définir des exclusions, car personne ne possède de droits illimités sur nos biens, notre personnalité et notre temps. Il faut donc accepter le droit d'un individu à refuser certains autres individus dans sa maison, son entreprise, sa commune, quelles qu'en soient les raisons, même si le refus tient à ce que ces individus sont perçus comme étrangers. C'est un fait : les êtres humains sont tous différents, et chacun a ses préférences en fonction de critères impénétrables. C'est bien pourquoi nous avons des amis : avoir un ami, c'est avoir quelque chose en commun avec autrui, mais c'est aussi exclure les autres de nos relations d'amitié. Nous passons notre temps à discriminer, pour des motifs que les autres peuvent considérer comme bons ou mauvais, selon leur perception et leur morale. Or le problème de l'immigration vient tout simplement du fait que l'État enlève arbitrairement aux individus le droit à la discrimination à l'égard de ce qu'il définit lui-même comme des "étrangers" (à partir du critère de nationalité), mais qu'il s'attribue ce droit de discrimination sous le nom de politique d'immigration.
De quel droit l'État se permet-il de décider de ce qui concerne mes relations privées ?
Dans le contexte actuel où le niveau d'immigration est défini globalement pour l'ensemble de la nation par le pouvoir politique, et où, par ailleurs la "politique sociale" aboutit à subventionner l'immigration des moins productifs, certains, qui se disent favorables à l'immigration et proclament leur générosité par des discours contre le racisme, ne sont pas touchés par le phénomène ; d'autres lui sont opposés, parce qu'ils voient leur environnement culturel, religieux, ou de simple voisinage, se modifier profondément. N'ayant pas le moyen de décider eux-mêmes, ils en appellent à l'État pour résoudre leurs problèmes personnels, qui deviennent ainsi des problèmes nationaux.
Mais aucun compromis global ne pourra être trouvé.
L'immigration "de mauvaise qualité", celle qui donne lieu aux problèmes d'adaptation, et qui coûte cher à la collectivité préexistante, est encouragée, parce que les immigrants peu formés sont ceux qui ont le plus intérêt à immigrer : ils bénéficient "d'avantages sociaux" et de ressources d'infrastructure, dont le financement résulte en partie de prélèvements obligatoires sur les autres. Il est clair qu'ils n'immigreraient pas s'ils devaient payer ces avantages et ces ressources à leur coût réel.
Or en France on a plutôt tendance à taxer ceux qui produisent les richesses et à subventionner ceux qui les consomment.
Émigrer n'est certes pas facile pour celui qui doit ainsi quitter sa famille, son village, sa culture et ses habitudes. Il le fait parce que la différence de niveau de vie entre son pays d'origine et son pays d'accueil est importante, le plus souvent pour des raisons artificielles : sans doute que l'État étouffe toute initiative dans son pays d'origine, alors qu'il est protégé des aléas dans son pays d'accueil sans que cela ne lui coûte beaucoup.
Il faut donc chercher des solutions qui obligeraient les immigrés à assumer la totalité des devoirs et des coûts que leur présence entraîne. Et pour commencer, l'obligation de constituer des systèmes spécifiques d'assurance maladie et de retraites, et de pourvoir au coût de l'éducation de leurs enfants
Extraits du « Bulletin du Cercle Frédéric Bastiat » n° 13
Compte rendu de la soirée du 18/09/1993 avec Pascal SALIN
http://www.bastiat.net/fr/