Dans une tribune du Figarovox :
"Jeudi dernier, vous avez été interrogée par le magazine féminin Grazia. L'une des questions de l'entretien portait sur la «Manif pour tous». Vous avez alors qualifié ce mouvement d'«agressif envers les femmes», l'accusant de promouvoir «l'hypersexualisation des petites filles», «une vision très asymétrique des relations homme-femme» et «l'assignation à résidence» des mères de familles.
Comme plusieurs millions de personnes, nous avons participé à ces manifestations et veillé sur les places de France entre 2012 et 2013 ; c'est même dans l'élan de ces mobilisations fédératrices pour les électeurs de droite qu'est né notre engagement politique à Sens Commun et aux Républicains. Vous comprendrez donc que votre descriptif à charge nous offense, de même qu'il insulte ces millions de personnes avec qui nous avons battu le pavé. Sans parler des députés du groupe Les Républicains qui ont pour 95% d'entre eux voté contre la loi du mariage et de l'adoption pour tous, en promettant de «jamais ne rien lâcher». C'est au nom de toutes ces personnes que nous aimerions aujourd'hui répondre à la caricature simpliste à laquelle vous les avez délibérément réduites.
Tout d'abord, il est assez paradoxal de qualifier d'«agressif envers les femmes» un mouvement qui a toujours été incarné par des femmes et qui aura fait émerger un grand nombre de figures féminines nouvelles (et fort peu assignées à résidence…). Nous ne voyons pas non plus de quelle agression misogyne se rendrait coupable un collectif qui se bat précisément contre la réduction marchande du corps de la femme. Car en s'opposant à la gestation pour autrui, la «Manif pour tous» dénonce à juste titre l'exploitation des femmes les plus démunies que la pratique des mères porteuses encourage. [...]
Venons-en maintenant à «l'hypersexualisation des petites filles» dont nous serions complices. Les personnes qui ont défilé dans le cadre des «Manifs pour tous» se sont mobilisés, entre autres, parce qu'elles refusaient qu'on soumette à la réflexion de leurs enfants des problématiques ou des pratiques sexuelles qui concernent un public plus âgé. La vérité, chère Nathalie, la voilà : c'est par le biais de certaines associations obsédées du «genre» que se fait aujourd'hui l'hypersexualisation que vous dénoncez.
Vous pointez ensuite du doigt l'asymétrie des relations hommes-femmes que nous encouragerions. Bien au contraire, c'est l'harmonie de ces relations que nous avons toujours soulignée en défendant une vision de l'égalité homme-femme non pas fondée sur l'indifférenciation des sexes, mais sur leur étroite complémentarité. C'est cette reconnaissance de la singularité des sexes et de la fécondité possible de leur rencontre qui a nourri notre mobilisation, et non pas l'oppression ou la lutte d'un sexe contre un autre.
Vous évoquez enfin «l'assignation à résidence» que nous souhaiterions, selon vous, imposer aux femmes. Cette accusation témoigne d'une méconnaissance profonde de la Manif pour tous, dans la mesure où le mouvement ne s'est jamais penché sur la question du travail des femmes - ça n'est d'ailleurs pas son rôle.
Outre cette méconnaissance, votre réponse mélange tout : mariage pour tous, hypersexualisation des petites filles, travail des femmes… On retrouve tous les raccourcis simplistes dont la gauche nous affublait il y a peu. Plutôt que de les recycler contre les membres de votre propre camp politique, pourquoi ne pas aller cueillir la rose qui vous attend sur l'autre rive ?"