POLITIQUE (8482 Présent)
Ça devait finir par arriver ! Après un long concubinage, ils vont régulariser. C’est Manuel Valls qui l’a annoncé : le temps n’est plus à la complicité, ni même à l’union, mais à la fusion entre le PS et Les Républicains. Pour l’instant, il ne s’agit que de noces nordistes. Afin d’empêcher Marine Le Pen de l’emporter lors des régionales, il faudra donc que les listes socialistes et républicaines fusionnent. Ce qu’il a confié à des journalistes en privé, il l’a répété en public au Sénat. Il a même assuré que « ceux qui écartent aujourd’hui cette hypothèse mentent aux Français : il faudra bien trouver, si cette situation se présente, une solution, le soir du premier tour ».
Cela signifie d’abord que le plébiscite en faveur de Marine Le Pen est si puissant que le simple retrait de la liste PS ou LR – le fameux « front républicain » – ne suffirait pas à la faire battre. Et ce n’est même pas certain en cas de fusion ! Il faudrait qu’une majorité d’électeurs de gauche votent pour la droite libérale ou l’inverse, ce n’est pas gagné. Ces combines politiciennes, ces traquenards d’états-majors que vomissent les Français ne peuvent empêcher que monte encore la vague en faveur du Front national, au contraire.
Ce que veut imposer le Premier ministre permet à ceux qui en doutaient encore de se rendre compte que ce qui sépare Les Républicains des socialistes est aussi épais qu’une feuille de papier à cigarette. Valls invoque les idéaux de la République, alors qu’il mendie auprès des Républicains quelques places sur leur liste pour que les socialistes ne soient pas totalement absents de l’assemblée régionale.
Certes, à gauche comme à droite, on repousse la perspective ouverte par le chef de la majorité. Car c’est évidemment anticiper la défaite, ce qui n’est guère mobilisateur ou, si ça l’était pour la gauche, pourquoi ses électeurs, quitte à voter pour la droite, ne le feraient-ils pas dès le premier tour ? Ceux qui ne veulent pas de ce mariage aujourd’hui diront-ils non au soir du 6 décembre, quand il s’agira de s’assurer une poignée de strapontins au conseil régional ? Si, dans le Nord, le sarkozyste est devancé par le socialiste, ne trouvera-t-il pas des charmes à la proposition de Valls ? Il se murmure déjà qu’en cas de fusion, selon l’ordre d’arrivée, la tête de liste LR pour le second tour serait Valérie Létard et celle du PS Frédéric Cuvelier.
De toute façon, Valls ne se soucie guère des états d’âme des uns et des autres. Il voit plus loin que les régionales dans le Nord qui, pour lui, sont déjà perdues, tout comme la présidentielle de 2017. Sur les ruines du PS, il entend bâtir une nouvelle majorité, dont il jette les bases dès maintenant. Il l’a dit : « Marine Le Pen est au second tour, il faut bien être conscient que celui qui sera élu face à elle le sera avec des électeurs de droite et de gauche. » Et de donner en exemple la grande coalition en Allemagne, où conservateurs et sociaux-démocrates gouvernent ensemble. Conclusion ? Il n’y a plus aujourd’hui qu’une seule alternative véritable à l’UMPS dans le pays, ce qui sera encore plus vrai demain : le Front national.
Guy Rouvrais