Le grand essayiste et sociologue Jules Monnerot (1908-1995), ancien membre du Bureau Politique et du Conseil scientifique du FN, disait du communisme qu’il était «l’islam du XXème siècle», pointant par là dans cette idéologie la confusion du politique et du religieux qui caractérise la religion mahométane. Les spécialistes aujourd’hui s’interrogent sur la manière de caractériser l’islamisme radical et djihadiste. DansLibération il y a quelques jours, Nicolas Lebourg, politologue, spécialiste es FN, récusait l’utilisation du «concept d’islamofascisme». «Ce mot est un non-sens historique et intellectuel, récusé par la totalité des historiens du fascisme. Vouloir assimiler les deux phénomènes ne sert à rien et témoigne d’une incapacité à penser la violence, la radicalité et les sociétés fermées hors des totalitarismes européens du XXe siècle. Ils ne se rapprochent guère que dans leur conception de la société comme un tout organique, autoritaire et hiérarchisé ». Son collègue Jean-Yves Camus partageait son point de vue: «Ce qui me frappe chez les essayistes qui utilisent ce terme, c’est leur incapacité à penser un objet qui est le principal totalitarisme contemporain, autrement que par référence à un objet antérieur (…). Je veux souligner deux différences fondamentales entre islam radical et fascisme. D’abord les régimes islamistes s’inscrivent dans la logique du libéralisme économique. Ensuite l’Etat islamique n’a pas pour objectif de forger un homme nouveau mais de revenir à l’homme musulman des origines. »
Au-delà de cette querelle sémantique, mais elle a tout son sens quand il s’agit de désigner correctement l’adversaire, Le Figaro, comme beaucoup de ses confrères, a consacré un article sur la politique de communication de l’Etat islamique (EI). En l’espèce une évocation du dernier numéro, post attentats du 13 novembre, de Dar al Islam, « le magazine francophone en ligne» de l’EI, intitulé «La France à genoux».
«Cet outil de propagande, officiel, destiné à toucher de futurs djihadistes francophones, propose deux longs dossiers. L’un dénonce l’École de la République française et son éducationmécréante, invitant à combattre et tuer tous ces corrupteurs, notamment les professeurs qui enseignent la laïcité aux enfants. L’autre présente de façon très favorable les écrits du pamphlétaire français Marc-Edouard Nabe, nouvelle star de l’État islamique, donc, après le philosophe Michel Onfray». « Plusieurs pages sont aussi consacrées à un texte sur Daech de Marc-Edouard Nabe, paru en décembre 2014 dans le premier (et dernier) numéro de son (loufoque, NDLR) magazine Patience. Entièrement consacrée à l’État Islamique, cette analyse bien que non dénuée d’erreurs, n’en demeure pas moins plus réaliste que l’écrasante majorité de ce qu’écrivent journalistes spécialisés et autres analystes», insiste Dar al Islam.
À l’inverse, le magazine de l’Etat islamique s’en prend violemment à l’essayiste Alain Soral, pour son soutien au régime laïque syrien, à « l’Iran rafidite et la Syrie noussayrite dans leur guerre contre les musulmans sunnites de l’État Islamique »
Le gouvernement français poursuit lui aussi sa politique de communication après les attentats islamistes du 13 novembre. Il a été annoncé que trois mosquées salafistes ont été fermées depuis cette date. Cinq employés d’Aéroport de Paris (ADP) , s’ajoutant à-t-on on appris à cette occasion, à une cinquantaine d’autres depuis les attentats de janvier, ont été également privés de leur habilitation à travailler sur l’aéroport pour cause de «radicalisation». ADP recrute (sur ordre) principalement ses effectifs en Seine-Saint-Denis.
Cela fait des années que de nombreux employés d’ADP et/ou des personnes travaillant à Roissy, mettent en garde les autorités, leur hiérarchie, signalent les dérives, les attitudes, les propos haineux d’une partie du personnel, de leurs collègues. Des avertissements étouffés et restés jusqu’alors lettre morte pour éviter «amalgame» et «stigmatisation»… au nom du « vivre ensemble ».
Invité hier de BFMTV et RMC, l’ancien Premier ministre de Jacques Chirac, Dominique de Villepin, a mis en garde contre un des «pièges que nous tendent les terroristes », à savoir « la dérive autoritaire et sécuritaire» qui pourrait se manifester par la prolongation de l’Etat d’urgence.
Autre «piège», selon Dominique de Villepin, «celui de l’interventionnisme militaire». «Plus nous ferons la guerre dans ces régions, plus nous mettons le doigt dans un engrenage sans fin qui conduira à davantage de catastrophes là-bas, et davantage de catastrophes ici ». Partageant la même analyse, très décriée, d’un Michel Onfray, M. de Villepin, ajoute : «nous menons depuis plusieurs années une politique militariste, occidentaliste et moraliste, qui nous a mis au premier rang des cibles. Il faut donc revoir notre politique de renseignement, il faut revoir notre diplomatie, pour la ramener au rôle historique qui est celui de la France, un rôle de médiation, un rôle d’initiative, un rôle de paix ».
Reconnaissons à l’ex Premier ministre d’avoir porté, en 2003, le refus de Jacques Chirac, une des rares décisions positives à porter à son crédit, d’un engagement militaire de la France contre le régime laïque irakien, voulue par George W. Bush. M. de Villepin ne manque jamais de rappeler dans ce cadre, son intervention devant l’assemblée des Nations-unies. Même si ce discours homérique n’a pas conduit la France de M. Chirac à lever sa participation à l’infâme blocus de l’Irak, responsable de la mort de centaines de milliers d’enfants. Autant de victimes, dites pudiquement « collatérales », comme le sont aussi aujourd’hui les civils mourant sous les frappes, pas toujours chirurgicales, de la Coalition, qui alimentent d’autant la propagande anti-occidentale.
Le cas Chirac-Villepin est plus largement emblématique des limites du courage de la classe politique quand elle se targue d’indépendance vis-à-vis de l’hégémonisme états-uniens. C’est d’ailleurs ce même Jacques Chirac, pleinement soumis à l’idéologie immigrationniste qui, comme le rappelait Eric Zemmour après le 13 novembre, «avait inventé des racines musulmanes à la France et refusé que l’Europe reconnaisse officiellement ses racines chrétiennes…».
Racines qui sont défendues par le FN, ce qui lui vaut un soutien croissant de nos compatriotesqui refusent le monde gris, sans frontières ni repères, habités par de simples consommateurs hors-sol, interchangeables et précarisés. Jean-Yves Camus, dans ce même article de Libération que nous citions plus haut, affirmait que «ce qui fera la victoire du FN, c’est une société conforme aux souhaits de Jacques Attali, selon qui nous serons tous intermittents du spectacle. C’est une phrase terrible, parce qu’il y croit et qu’il n’est pas le seul. Il y a un fossé entre ceux qui aiment être intermittents, ou qui en ont les moyens, et ceux qui subissent ce statut… »
Racines qui sont plus que jamais nécessaires pour ne pas être emportés par les tous les mauvais vents de la mondialisation, mais qui sont toujours un gros mot pour la Caste politico-médiatique constate Bruno Gollnisch. Voudrait-on une nouvelle preuve de ce décalage entre le peuple et lesélites, les « bien-pensants » ont ainsi crié au scandale à la suite des propos de Marion Maréchal-Le Pen lors de sa réunion publique à Toulon.
La tête de liste FN en PACA a simplement rappelé que «nous (la France, NDLR) ne sommes pas une terre d’Islam.» «Si des Français peuvent être de confession musulmane, c’est à la condition seulement de se plier aux mœurs et au mode de vie que l’influence grecque, romaine, et seize siècles de chrétienté ont façonné .Chez nous, on ne vit pas en djellaba, on ne vit pas en voile intégral et on n’impose pas des mosquées cathédrales ».
« Je veux continuer à me promener dans des villages bâtis à l’ombre des églises, je veux une crèche dans mon hôtel de ville» a affirmé également lors de cette même réunion le maire de Béziers, Robert Ménard.
Le magazine Le Point sur son site faisait une recension aujourd’hui des cris d’alarme poussés par les éditorialistes devant cette poussée du FN dans les sondages, dans l’attente de sa confirmation dans les urnes dimanche prochain.
« Pour Bernard Stephan (La Montagne Centre-France), « si pour faire barrage au FN au soir du premier tour l’un des deux (LR, PS) se retire, il disparaît de l’assemblée régionale pendant six ans. Mais si « le PS et Les Républicains fusionnent leurs listes, ils brouillent les cartes, instillent la confusion et, au lieu de contrer le Front national, ils lui décernent le label anti-système». «Nicolas Sarkozy a tranché hier» remarque Xavier Brouet du Républicain Lorrain: c’est non aux combines d’états-majors. Mais alors, comment stopper l’irrésistible ascension du Front National ? ».
« Si les sondages ont raison, le FN sera présent au second tour partout et l’emportera dans plusieurs régions », s’inquiète Laurent Mouchard, alias Laurent Joffrin dans Libération. Est-ce grave ? Oui , dit-il en expliquant que si le FN est un parti légal, (il) n’est pas un parti comme les autres , car, pour lui, la nation, ou l’idée qu’il s’en fait, passe avant tout. Avant la liberté, l’égalité ou la fraternité ? Il faut le craindre. Dès lors, dit-il, il faut tout faire pour barrer la route aux ennemis de la République ».
Devant les échecs, les reniements, l’aveuglement des partis du Système, ce langage là, usé, fatigué, vieilli, déconnecté du ressenti de nos compatriotes est-il encore vraiment audible ? «Les faits sont têtus » affirmait Lénine avec justesse, ou comme le disait aussi, dans un accès de lucidité, M. Joffrin, «le réel est toujours réactionnaire»…