En politique, il n’y a pas de miracle. Les succès électoraux sont toujours la rencontre entre un programme en adéquation avec les attentes du corps électoral et un travail de terrain, de réflexion, de pédagogie, d’explication dudit programme. Il s’agit donc de le présenter le plus clairement possible aux électeurs en en faisant ressortir les idées forces –les électeurs sont peu nombreux à mémoriser et/ou à s’intéresser à l’intégralité d’un projet-, à dissiper les arguments hostiles distillés par ses adversaires. Une propagande antinationale, nous le savons, qui ne s’embarrassent jamais de subtilités à l’encontre du grand Satan frontiste mais qui garde (encore) une certaine efficacité. Enfin, au-delà même de ces éléments tangibles, il y a aussi, notamment pour ce qui concerne la reine des batailles dans notre «monarchie républicaine», à savoir l’élection présidentielle, la part de l’équation personnelle du (de la) candidat(e). Or, la perception par les Français de la personnalité briguant leurs suffrages, ne répond pas toujours à des critères de rationalité, mais laisse la part belle à l’impression, à la subjectivité.
C’est pourquoi la complaisance médiatique, la presse pipole aux tirages non négligeables contrairement aux journaux dits « sérieux » mais démonétisés, et surtout les émissions d’infotainement, d’information-spectacle, concept né aux Etats-Unis, pèsent d’un poids non négligeable. Ils participent pour beaucoup dans la manière de façonner l’image d’un candidat, de le rendre plus humain sympathique, proche des gens. L’exemple est connu et parfaitement emblématique, le slogan Mangez des pommes, popularisé par les guignols de canal plus et placé dans la bouche de la marionnette Chirac, a autant fait pour sa victoire en 1995 que sa volonté affichée de réduire « la fracture sociale »…
Bien sûr, ne nous y trompons pas, le FN, Marine ne jouiront jamais de cette complaisance là, du fait même des idées, des valeurs défendues par notre famille politique ; elles suscitent l’hostilité d’une très large fraction de la caste médiatique, laquelle est structurellement et idéologiquement opposée à notre projet. Journalistes qui dépendent aussi matériellement de groupes financiers dirigés le plus souvent par des personnalités qui partagent le tropisme mondialiste de «nos» élites politiques, intellectuelles, sociétales…Une évidence à prendre en compte pour souligner que l’éventuel changement de nom du FN, un débat qui n’est pas en soi illégitime, Bruno Gollnisch l’a dit, ne saurait être forcément une solution miracle pour gagner en attractivité. Au-delà de la forme (le nom de notre Mouvement) c’est bien le fond, la colonne vertébrale patriotique de notre programme, qui est combattu par nos adversaires.
Marine le rappelait avant même les scores historiques engrangés par le FN aux dernières élections, dans un documentaire diffusé sur France 3 en octobre 2014, «il y aussi des gens extrêmement attachés (au FN), c’est quand même une marque le Front National. C’est une marque de courage, c’est une marque de longévité, de persévérance, de pugnacité. Chacun a son avis sur le sujet. Ce n’est pas pour moi un sujet tabou mais je n’envisagerai sérieusement une éventuelle modification du nom du FN si je m’apercevais qu’à un moment donné il y avait un décrochage entre l’image du leader ou du candidat à la présidentielle et le Mouvement ».
« Mais comme l’augmentation de la confiance qui nous est faire fonctionne de manière parallèle et que le FN engrange de plus en plus d’électeurs, de plus en plus d’adhérents, de plus en plus de sympathisants, je ne vois pas de raisons dirimantes aujourd’hui pour envisager une modification qui peut être nous ferait plus perdre qu’elle nous ferait gagner.»
Nous le notions à la même période, l’opportunité du maintien du nom du FN ne doit pas être motivée par une nostalgie, un passéisme contre-productif ou a contrario son changement par l’illusion de l’obligation d’une novation pour être dans l’air du temps médiatique, qui le serait tout autant. Soyons clair: la finalité de notre combat politique est d’accéder au pouvoir et non de communier confortablement dans l’entre-soi, dans le témoignage, aussi est-il légitime que cette question soit posée si ledit changement d’appellation pouvait être bénéfique et permettre de rassembler plus largement nos compatriotes autour de nos idées.
Bruno Gollnisch l’affirmait pareillement nous n’avons pas à rougir du nom de notre mouvement, sous le nom duquel des milliers d’adhérents ont milité courageusement, et pour beaucoup d’entre eux au prix de nombreux sacrifices, avant de récolter les fruits dans les urnes de leur persévérance. Mais «le Front National est un instrument au service de la France. Si le FN devait s’appeler autrement demain, je ne m’attacherais pas l’étiquette mais à la substance». «Si dans l’avenir, il y a une novation importante dans la vie politique de notre pays, si nous devons donner le signe fort de quelque chose d’autre, on pourra l’envisager». «En revanche, si le Front National devait abandonner ses convictions, il cesserait de m’intéresser comme tel même s’il conservait le nom et la flamme. »
Pour autant, nous l’avons dit, il appartient aussi au FN de clarifier son projet économique, sa vision de l’Europe, encore mal compris ou peu identifiés par beaucoup de nos compatriotes pourtant acquis aux autres grands axes de son programme. Il est assez évident que la diabolisation de l’opposition nationale – certes moins vive qu’avant mais persistante – ne se fait plus tant sur le thème d’un FN fascisant, héritier des heures les plus sombres de l’Histoire, que par l’ exposé d’un scénario anxiogène, décrivant un FN au pouvoir entraînant la France dans le chaos économique sur fond de guerre civile plus ou moins larvée.
Fantasmes qui gardent encore un pouvoir de nuisance -malgré les succès incontestables de gestion dans les mairies FN- notamment auprès de l’électorat castor, comme le nomme avec un humour pertinent Marine, celui qui se mobilise pour faire barrage au FN. Et ce, avec encore un certain succès puisque malgré nos 7 millions d’électeurs le 13 décembre, nous n’avons échoué à prendre les deux ou trois régions qui nous étaient promises.
Dans les semaines qui viennent, Marine Le Pen a donc décidé de prendre de la hauteur, de privilégier le dialogue direct avec les Français en allant à leur rencontre dans nos terroirs, là où ils vivent et ils travaillent, et de ne répondre qu’avec parcimonie aux sollicitations des « grands médias ». Il s’agira ainsi pour la présidente du FN de nourrir sa réflexion dans le cadre de l’élaboration en de son programme présidentiel pour 2017, et d’échapper au filtre médiatique qui donne souvent une perception déformée de sa personnalité et de ses idées.
Signalons enfin que Bruno Gollnisch sera bien évidemment présent au séminaire prévu fin janvier- début février et qui réunira les parlementaires, les membres du Bureau Politique du FN mais aussi quelques personnalités extérieures –à l’instar du maire de Béziers Robert Ménard. Occasion, à l’aube des très décisifs scrutins de 2017, de plancher sur tous les sujets qui font débat : la stratégie, le programme, l’éventuel changement de nom du FN, les modalités des alliances à nouer pour élargir notre audience électorale.