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Taubira prend ses distances

Quand les bonnes nouvelles sont rares, on s'accroche comme on le peut aux annonces positives. Ce 27 janvier était-il à marquer d'une pierre blanche dans notre mémoire institutionnelle ? Pour m'en assurer j'ai acheté le journal officieux de la gauche molle dans son édition papier. Depuis plusieurs années les exemplaires du Monde sur papier qui me passaient par les mains ne me servaient plus guère qu'à allumer ma cheminée.

Je n'ai pas totalement regretté cet achat. Car, pour 2,40 euros, j'ai pu comprendre le signal que l'ex indépendantiste guyanaise, recyclée par les radicaux de gauche, parvient à faire passer. C'est le gros titre du Monde, énorme, le principal message que l'on retiendra dans certains milieux : "Taubira claque la porte".

Son propos de démission ne nous indique en rien quelle raison raisonnante est invoquée pour ce qui est présenté pour une décision unilatérale.

En même temps elle s'arc-boute encore sur une sorte de position globale, répudiant l'ensemble de l'évolution du gouvernement où elle faisait figure de caution de gauche, d'un gauche absolue en quelque sorte. Elle mesure aussi sa popularité au sein d'un camp plus large que celui du parti socialiste auquel elle ne s'est jamais inféodée.

Ce n'est donc pas son comportement qui est sanctionné, c'est Madame la Ministre qui se drape dans son hautain désaveu. Hollande une fois de plus, loin de passer pour l'homme d'État qu'il ne sera jamais, se trouve ravalé au rang du petit politicard budgétivore parachuté en Corrèze qu'il n'aurait jamais dû cesser d'être. Bravo. Au lieu d'exclure celle qui se refusait à la solidarité gouvernementale, voilà que tous semblent d'accord pour encenser son bilan, son éloquence, son élégance, sa générosité, son apport à notre civilisation, que sais-je encore. "Ah qu'en termes galants ces choses-là sont dites".

Celle qui par sa candidature de 2002 avait si brillamment contribué à empêcher la gauche d'être présente au second tour, lui permettra-t-elle en 2017 de ne pas se trouver en position marginale ? Un petit message approbateur de Montebourg vite diffusé sur Twitter dévoile désormais cette arrière-pensée, inquiétude des uns, ambition des autres : en faveur de qui la nouvelle diva fera-t-elle pencher la balance ?

Or ceci intervient au moment même où l'équipe gouvernementale se déchire sur un autre dossier, celui de ce qu'elle appelle la "laïcité". Ce concept est assorti de l'insupportable déclinaison qui nous est récitée à l'envi : "valeurs de la république", "vivre ensemble", "pas d'amalgame", "ne pas stigmatiser", et patin et couffin comme on disait autrefois en Algérie.

Il existe un point commun entre la "gauche Taubira" et la pseudo-laïcité. Celle-ci se veut faussement équilibrée entre mahométans et chrétiens, conçue par cette simple équivalence pour ménager les intérêts de l'islamisation de l'Europe. La convergence réside peut-être dans l'explication donnée par Françoise Laborde sénatrice radicale de gauche de Haute Garonne : "A la veille de chaque élection on fait les comptes en se demandant à qui les musulmans vont donner leurs voix en s’interdisant le débat d’idées."  (1)⇓

De même Taubira n'est pas estimée en fonction de son bilan ministériel mais de son image en direction d'une frange de l'électorat.

L’incapacité de la gauche à cerner le phénomène de l’islamisme n'a d'égale que la démission dans la lutte contre la délinquance et contre les réseaux islamo-terroristes en milieu carcéral.

Cette femme reconnaît n'avoir pas voulu s'occuper de ses enfants. Et ceux-ci d'ailleurs semblent lucidement s'en féliciter. Mais elle met son inépuisable jactance à préconiser une semaine de "32 heures, afin de permettre aux salariés de s'investir dans des associations."  (2)⇓

Comment ne pas voir en elle un vecteur de choix susceptible de rassembler demain autour de son nom les nuisances concurrentes, qui semblent aujourd'hui irréconciliables, de tous les visages blafards et sectaires de la "gauche de la gauche".

Taubira prend ses distances avec un gouvernement en perdition. Bon vent, pense toute la droite. Mais n'oublions pas qu'elle peut revenir.

JG Malliarakis

Apostilles

  1. conclusion d'un entretien donné au site de L'Obs le 21 janvier.
  2. cf. Le Monde.fr le 20 juin.2015.

http://www.insolent.fr/2016/01/taubira-prend-ses-distances.html

 

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