Pressé de "réassurer" ses alliés européens, Pologne en tête, Washington vient de confirmer qu’il déploierait, l’année prochaine, une brigade blindée à la frontière orientale de l’Otan. Sous la houlette d’un Donald Trump, chantre d’une Amérique plus isolationniste, peut-être la Maison-Blanche sera-t-elle plus réticente à répondre ainsi aux sollicitations des capitales européennes. Autrement dit, sans bouleverser la donne internationale, peut-être son élection contribuerait-elle à infléchir la politique des États-Unis. Au risque de placer les États européens face à leurs responsabilités ? On n’en est pas encore là, quoique le président tchèque se soit honoré, dernièrement, d’esquisser un rapprochement avec Pékin, au motif que son pays, par la faute de son précédent gouvernement, « succombait trop à la pression des États-Unis et de l’Union européenne ». En tout cas, la campagne en cours ne saurait nous indifférer : soucieux des intérêts de la seule France, nous n’en avons pas moins conscience que le destin de la puissance américaine ne sera pas sans incidence sue celle-ci.
Chez les démocrates, la situation paraît relativement claire : Hillary Clinton, soixante-neuf ans, la "dame trois ex" (ex-first lady, ex-sénateur, ex-secrétaire d’État) a 90 % de chances de remporter ces primaires et d’être déclarée championne du parti de l’âne pour l’élection présidentielle du 8 novembre prochain. Son rival, Bernie Sanders, soixante-quatorze ans, sénateur du Vermont, qui lui a servi de faire-valoir depuis février, sera remercié pour ses bons et loyaux services le moment venu. Au parti de l’éléphant, en revanche, les choses semblent beaucoup plus compliquées. Deux raisons font de ces primaires républicaines un scénario à suspense sans précédent dans les annales américaines. D’abord, un parti anémié, conformiste, coupé de sa base comme des réalités, qui s’efforce depuis des années de gérer ses crises internes sans idées et sans ressort. Ensuite, un candidat sorti d’ailleurs, sans mandat électoral, sans expérience politique, qui a eu la géniale intuition de bousculer tous les usages afin d’occuper le seul créneau réellement porteur : la défense de la classe moyenne blanche.
Le double visage de Donald Trump
Ce candidat, c’est Donald Trump. Crinière blonde et teint brique : une soixantaine massive, tonitruante et impulsive qui met en scène son propre personnage. En fait, deux personnages. Le premier est celui de la presse à sensation : l’empereur de l’immobilier, le géant des casinos, le magicien de la télé-réalité. C’est l’homme aux trois mariages, aux résidences somptueuses, aux dix milliards de dollars, aux cinq cent cinquante deux entreprises, aux milliers d’employés. C’est l’homme de Big Apple (une série télévisée NDLR), un mélange de cabotinage extravagant et d’audace calculée. C’est l’homme de tous les risques, de tous les retournements, de toutes les acrobaties. Trump peut être aussi convaincant qu’imprévisible, aussi odieux que charmant. Mais il existe un autre homme en lui, plus fin, plus subtil, plus tacticien : celui qui a mis son flair d’affairiste au service d’une aventure électorale. De même que Trump sait renifler un contrat juteux, il a senti un peuple aux abois. Il lui a parlé. Il a ouvert ses plaies pour y appliquer un baume. Il a écouté ses doléances et perçu ses frustrations. Il a palpé son angoisse et partagé son amertume. Trump en père justicier. [....]
Philippe Maine
Correspondant aux États-Unis
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