Perspectives (2ème partie)
Notre premier article avait pour but de présenter plusieurs modèles actuels -notamment Cuba-pouvant nous apporter quelques clés sur les bienfaits apportés par un retour à la terre dans une optique révolutionnaire (par rapport aux chimères de la production-consommation mondialiste actuelle). Cette seconde partie présentera plusieurs idées susceptibles de concourir à une réflexion sur le besoin impérieux d'une Révolution verte dans un pays comme la France. Il va sans dire que les pistes de réflexion qui suivent ne prétendent pas apporter la solution à tous les maux dont nous souffrons.
Indépendance et nouveau modèle
En premier lieu, nous avions souligné à quel point le renouveau dans la manière de cultiver (l'agriculture urbaine, dont le développement apparaît essentiel dans notre époque d'urbanisation à outrance) et la recherche de la qualité semblaient fondamentales. Nous devons nous adapter à un monde qui a changé. En effet, l'agriculture n'est plus ce qu'elle a toujours été... Cela fait des décennies que les manières de produire et de consommer ont été cadrées par une course effrénée au rendement, au profit, au business. On a industrialisé l'agriculture comme pour mieux la vider de son essence. L'agriculteur actuel est pris à la gorge par une cohorte de parasites mondialistes (UE, Monsanto etc) qui n'ont comme seul dessein que de l'asservir dans des buts marchands où toute morale est absente. Résultat : le suicide de tant de ces travailleurs de la terre dont le nombre ne cesse de décroître avec les années (environ 900.000 aujourd'hui alors qu'ils étaient encore 4 millions il y a 50 ans). Le constat est tristement simple : aujourd'hui, tout est maltraité, trafiqué, transformé, empoisonné, nié : la terre, les graines, les animaux, les hommes.
Pour nous, il est donc urgent de repenser le mode (mais surtout la manière) de production afin de nous affranchir au plus vite de la tutelle mortifère que le Système nous impose également sur ce sujet primordial. Il en va de notre survie. Le XXIe siècle sera celui de la surpopulation démentielle -il l'est déjà- mais nous n'avons encore rien vu. Les Européens doivent retourner à la terre s'ils veulent perdurer et ne pas laisser les rennes de leur destin à ceux qui veulent les voir crever (par idéologie ou profit).
Les modèles présentés dans la première partie de l'article montrent que tout est encore possible. Cuba, grâce à ses centaines de milliers d'exploitations agricoles urbaines (crées en seulement 20 ans!) est en route vers l'autonomie alimentaire ! Face aux dangers actuels et futurs, un Etat sage serait celui qui chercherait à s'affranchir de la tutelle mondialiste des marchés et à recouvrer son autonomie, donc sa souveraineté. Ceci est une évidence.
Afin de faire face à toutes sortes de problèmes liés aux approvisionnements et pour ne plus dépendre de la grande distribution (la seule à proposer, aujourd'hui, des réserves de nourriture pour quelques jours), on a vu comment des villes telles que Lisbonne ont entamé des programmes d'indépendance alimentaire. Si toutes les villes d'importance sont capables de subvenir, elles-mêmes, aux besoins de leurs habitants et si elles peuvent en outre réagir rapidement à tout souci alimentaire non prévu, le pari est gagné : elles sont autonomes. Et si elles le sont, c'est parce qu'inévitablement, elles ont favorisé la production (et donc la consommation) locale. Elles ont fait travailler leurs terres et donc leur région. Ville et campagne deviennent complémentaires et non antagonistes. Le lien est rebâti.
Quels gains pour la société ?
Le retour à la terre est un projet révolutionnaire par son aspect éminemment inactuel. Ne vivons-nous pas en une époque où l'on considère peu ou mal l'agriculteur, son travail, son mode de vie ? Ne raille-t-on pas le « bouseux », le « ringard », l' « arriéré » entre une collation au Starbucks et un tweet sur la dernière émission de Hanouna ? La politique agricole de la France et ceux qui la mènent (ou la soutiennent) nous confirment bien cette impression. Et tous les zombies du Système également. Allez demander à un « homo festivus » ce qu'il en pense de la terre et de l'agriculture. Vous serez servis...
Cette haine de la terre et, finalement, de tout ce qu'elle représente (le lien avec la nature, la vie, les racines...) a participé au meurtre des sociétés traditionnelles ou de ce qu'il en restait. L'homme de l'époque de la Révolution industrielle a quitté la terre, le village et la communauté pour aller travailler dans des villes grises où il a perdu, peu à peu, son âme. Lui et les générations qui ont suivi ont été gagnés par toutes les tares du monde moderne : perte d'identité et de toute spiritualité, individualisme, parasitisme... Pour imager et simplifier, on pourrait dire que nos sociétés doivent devenir plus vertes et moins grises (le gris représentant ici à merveille le monde libéral et cosmopolite).
Plus de trois quarts des français vivant en ville, il est impérieux qu'ils soient les cibles de la Révolution verte... d'où l'agriculture urbaine qui présente, en plus de tout ce que l'on a évoqué plus haut, un bon nombre de perspectives intéressantes :
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Tout le monde peut, en principe, participer. Jeunes et moins jeunes ; chômeurs, « actifs » ou retraités... Par ce biais, les gens peuvent, grâce au travail commun, se connaître, se côtoyer, recréer des liens, s'entraider. Voilà un bon moyen pour lutter contre l'hyper-individualisme qui a pourri la vie de nos « sociétés » qui n'en sont plus réellement. Nous sommes arrivés à une situation si critique d'atomisation du corps social qu'il faut urgemment penser aux manières de recréer de la communauté. Travailler la terre peut, en conséquence, permettre un certain réenracinement pour bien des personnes.
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L'adage dit qu'il n'y a de richesse que d'hommes... Effectivement, des bras, nous n'en manquons pas ! Chômeurs, retraités ou bonnes volontés peuvent servir un objectif commun. Et que dire des millions d'assistés ne faisant strictement rien et dégénérant de génération en génération ? On pourrait enfin les mettre au travail et les revaloriser en tant que personnes et en tant que membres de la communauté. On les soustrait à la télé et on les oblige à donner, chaque semaine, un peu de leur temps pour cultiver dans leur quartier ou dans leur ville. Finies les aides sans contrepartie qui tombent de la naissance à la mort ! Tu veux être aidé ? D'accord, mais tu fais ta part du boulot et tu cesses d'être un parasite pour tout le monde. En plus, tu pourras bénéficier du fruit de ton travail en nature. Cela t'aidera à sortir de ta totale dépendance vis à vis de l'Etat. N'oublions pas non plus que l'oisiveté est la mère de tous les vices. Il faut donc réoccuper des millions de personnes. Là encore, la terre nous semble être un moyen des plus sains pour faire sortir de l'impasse une partie de notre population. La richesse qui sera créée à cette occasion sera multiforme : personnelle, communautaire, nationale.
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Dans une époque de technique, il serait stupide de la rejeter. Si elle est bien utilisée, elle permettra des innovations dans les cultures, une meilleure production, une augmentation de la qualité et des pratiques. Les gens qui travailleront ensemble apprendront les uns des autres. Assistés de quelques spécialistes (comme à Cuba), des cultivateurs novices peuvent rapidement faire des merveilles.
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Les possibilités sont, pour ainsi dire, infinies. Les villes ont des tas de terres inutilisées ou pouvant être valorisées par une activité agricole. Nous renvoyons une fois encore à notre premier article. Cultiver permet de se réapproprier l'espace proche et de ne plus être un étranger dans son propre environnement.
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Il convient de choisir un système d'exploitation qui bénéficie d'abord à ceux qui travaillent la terre (paiement du travail en nature, constitution de coopératives...). Cependant, les gens des alentours doivent pouvoir venir se ravitailler à bas coût en produits de qualité. L'argent ainsi récolté pourra permettre d'amortir les coûts mais aussi d'innover si besoin est.
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Le changement apporté pourrait modifier en profondeur les habitudes et les modes de vie urbains. Il permettra aux jeunes et aux générations suivantes de ne plus être coupés de la terre nourricière et de pouvoir se débrouiller seuls grâce à ce qu'ils auront appris.
Beaucoup de modalités seraient à discuter mais les quelques pistes que nous présentons méritent, selon nous, réflexion. Elles peuvent être retravaillées, corrigées et complétées.
Il y a cependant fort à parier que des initiatives telles que celles que nous avons présentées vont continuer à se développer partout en Europe. Il ne faut pas laisser à nos ennemis le bénéfice de monopoliser la question. Nous devons y réfléchir mais également agir quand il le faut et ne pas hésiter à soutenir et participer aux initiatives de bon sens. Le sujet traité ici bouleverse les clivages politiques et peut plaire à tout le monde. Ce type de projet est des plus rassembleurs... cela tombe bien, c'est une des clefs pour bâtir un futur meilleur pour notre peuple !
Rüdiger et Ann / C.N.C.