Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

L'Europe en crise existentielle!

L'Europe, faut-il y croire? La question taraude les Européens qui, de plus en plus nombreux, s'interrogent sur l'avenir d'une Union faite de bric et de broc. Et ce ne sont pas les eurosceptiques qui les démentiront, dont le Royaume-Uni en donne un avant-goût. Le «Brexit» - British exit, ou sortie de la Grande-Bretagne de l'UE - excite et désole des Européens qui ne savent où se situer dans un ensemble [l'Union européenne] qui n'arrive ni à convaincre ni à prendre les contours d'un gouvernement européen avéré. Les Européens ne s'y retrouvent simplement pas dans un pouvoir bruxellois en décalage par rapport aux réalités européennes. S'il existe une «Union européenne», il n'existe pas en revanche des «citoyens européens». Les Français, Belges, Allemands, Italiens, Anglais et les 23 autres nationalités ne se sentent seulement pas européens. De fait, les Européens, si autant ils existent, vivent une crise existentielle et sont de plus en plus nombreux à refuser l'autocratie d'un pouvoir non élu. C'est sans doute là le noeud gordien du problème européen au moment où les notions de liberté et de démocratie se sont potentiellement élargies. On ne s'intéresse pas suffisamment à cet aspect de la question alors que les citoyens européens ne se reconnaissent pas dans des dirigeants «cooptés», sans lien avec les populations. En fait, dès le départ, le projet européen était une utopie, issu d'un rêve sans consistance dès lors qu'il ne s'inscrivait pas dans la perspective d'une «nationalité-identité» européenne. La crise des réfugiés a d'ailleurs été un révélateur de la faiblesse de la notion identitaire européenne lorsque chaque pays a retrouvé ses réflexes nationalistes, s'enfermant sur son quant-à-soi, nourrissant une xénophobie poussée par un populisme exacerbé. De fait, eurosceptisme et populisme s'alimentent l'un l'autre. La bureaucratie bruxelloise a fait le reste, mettant à mal les souverainetés nationales, quand l'élite bruxelloise prend l'ascendant sur les Etats nationaux. En fait, les Européens sentent confusément comme un défaut, un manque dans une UE sans âme sous l'emprise des multinationales. La dérive s'est accentuée ces dernières années, l'UE s'éloignant des peuples tout en se rapprochant d'une mondialisation sous la férule des multinationales. Le corollaire étant celui de la disparition progressive des Etats nations sans que, pour autant, soit offerte une citoyenneté européenne de rechange. Dans un accès de lucidité, le président du Conseil de l'UE, Donald Tusk a jugé récemment que l'Union, «obsédée avec l'idée d'une intégration instantanée et totale», n'avait «pas remarqué que les gens ordinaires, les citoyens européens, ne partagent pas notre euro-enthousiasme». Sans doute que le dirigeant européen n'est pas allé au fond de son analyse - ou ne voit pas le problème sous cet angle - car la première anomalie de l'UE est que ses dirigeants [commissaires «ministres»] ne sont pas élus par les citoyens européens, alors que la Commission européenne [le pouvoir européen installé à Bruxelles] prend de plus en plus de l'ascendant sur les Etats, imposant des lois qui prennent le pas sur les lois nationales. En fait, depuis une trentaine d'années, les Etats européens ont transféré des parts de plus en plus importantes de leurs pouvoirs à l'Union européenne dont, rappelle-t-on, les institutions ne sont pas démocratiques, ne serait-ce que du fait que la Commission européenne ne rend pas compte aux Européens, ni n'est «limogée». Si le Parlement européen est élu au suffrage universel, certes, ses pouvoirs de décision sont limités et n'a que peu d'influence sur la gestion des affaires européennes par l'UE. Il suffit de noter que le «gouvernement» européen [la Commission européenne] n'est pas issu d'une élection normale par les citoyens européens. Ce n'est pas cela la démocratie dont se réclame l'UE. En effet, quelle différence peut-il y avoir entre la Commission européenne (non élue et cooptée) et le Soviet suprême en ex-Urss tout aussi coopté? Aucune! Les deux pouvoirs sont (ou ont été) désignés dans l'opacité totale. Et vive la démocratie! Et ce sont ces gens qui parlent des libertés au nom de l'Europe et des Européens, qui décident pour le devenir du monde et, partant, pour d'autres peuples. Aussi, l'Europe des 28 fait-elle face à un déficit flagrant de démocratie, surtout pour des pays férus de «libertés» et de «démocratie». Ce que sans doute les pro-Brixit, plus tournés naturellement vers les Etats-Unis, ont compris sans le dire explicitement.
 

http://populismes.blogspot.fr/2016/06/leurope-en-crise-existentielle.html

Les commentaires sont fermés.