Quand tout n'est pas négatif dans un débat républicain on peut marquer l'événement d'une pierre blanche.
Certes en 145 minutes, à diviser par 7 candidats, limités à des réponses d'une minute, questionnés par 3 journalistes, on ne pouvait pas aborder tous les sujets importants. Et à vrai dire quand je relis les 25 pages de script je trouve évoquées des questions qui relèvent surtout de l'assistance sociale et ne correspondent pas à la mission constitutionnelle d'un chef d'État authentique.
Mais, en dehors de ces réserves, tout n'était pas négatif, bien au contraire, dans ce premier débat, à 7, de la primaire de la droite et du centre ce 13 octobre.
On aura noté, en particulier, qu'à 80 %, en dehors de points économiques en relative question, les programmes de tous ces gens convergent sur le fond. Il n'en va absolument pas de même à gauche et au centre-gauche, où coexistent des points de vue radicalement antagonistes.
Savoir s'il faut commencer par réduire la pression fiscale ou diminuer la dépense publique représente certes un vrai problème ; à la fois théorique et pratique, mais l'important est de se préparer à cette double politique, et d'y préparer le public avec son accord puisqu’on lui en serine la nécessité de façon récente.
Il est toujours facile de mettre en cause la crédibilité des promesses électorales de la part de gens qui dans le passé ne nous ont pas laissé le souvenir d'une adéquation parfaite entre leurs dires et leurs actes : vous voyez comme je pratique, ici, la litote.
Mais, si on peut ranger au nombre des promesses les baisses d'impôts, voire de charges on ne peut pas en dire autant des diminutions envisagées de la dépense publique.
Puis-je me permettre de témoigner de ce que, lorsque j'ai entrepris en 2011, pour répondre à la "révolution fiscale" (rouge) du néo-marxiste Piketty, d'écrire une "libération fiscale" (bleue) (1) j'ai développé exactement l'argumentaire que je retrouve sous la plume et dans la bouche en 2016 des candidats de la droite.
Or, il y a 5 ans nous étions infiniment peu nombreux à prendre position dans ce sens, et personne dans la classe politique prétendument "responsable" ne développait la nécessité de diminuer franchement, structurellement, la dépense publique.
Les politiciens, habituellement, pensent en effet d'instinct que diminuer la dépense c'est diminuer leur pouvoir.
Aujourd'hui ils se sont tous, à droite, emparés de l'idée, parce que la France n'a plus le choix, et on doit se féliciter de leur ralliement, sinon de la situation.
Un journaliste classé à gauche, Matthieu Croissandeau, directeur de la rédaction deL'Obs, se plaignait à ce sujet, le soir même du débat. Il qualifiait ces programmes de droite de "punitifs" par référence à cette vision de l'État Père Noël qui donnerait autre chose que ce qu'il a pris. Mais Croissandeau a-t-il pris la mesure du changement profond de l'opinion qui "ne marche plus" dans cette illusion naïve et destructrice dont les politiciens de gauche ont fait pendant des décennies leur fonds de commerce ?
La question du vainqueur de l'épreuve passionne les journalistes et les supporteurs. Elle me semble un peu dérisoire, lors même que deux autres débats interviendront avant le 20 novembre. Ils aborderont des sujets essentiels quant à la fonction présidentielle. La sécurité intérieure, la politique extérieure, le rapport de la France à l'Europe, la défense nationale et bien entendu la réponse à l'offensive du terrorisme islamiste compteront au moins autant dans le choix à opérer.
Si l'on en croit, cependant, la grosse presse le grand vainqueur aurait été d'emblée Juppé qui était au départ le favori des sondages. Jean-Frédéric Poisson a certes été plébiscité, au titre d'un prix de consolation.
Mais on tient absolument à nous convaincre qu'il n'existe que deux candidats plausibles à droite et que le meilleur serait le maire de Bordeaux. Sur ce point qu'on nous permette d'exprimer notre scepticisme.
JG Malliarakis
Note:
(1) Le titre de ce livre bleu "Pour une libération fiscale" le situe en réponse au livre rouge de l'équipe de gauche dirigée par Thomas Piketty "Pour une révolution fiscale".
Il souligne les voies de réformes possibles de l'archaïque fiscalité française, en fonction des réductions nécessaires de la dépense publique. Il reste quelques exemplaires de ce livre de 190 pages publié en 2012. Son prix est de 20 euros, port compris.
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