La polémique actuelle sur les moyens, alloués en France aux fonctions régaliennes de l'État, démontre, s'il en était encore besoin, la mauvaise foi des gens de la gauche française et l'ignorance dans laquelle on enferme le public.
La thèse actuelle des socialistes consiste à se prévaloir, entre 2012 et, l'an prochain en 2017, de 9 300 postes créés pour la sécurité dont 5 700 policiers et 3 200 gendarmes. Or, ceci se révèle très insuffisant face aux progrès et à la sauvagerie grandissante de la criminalité, face au terrorisme et aux tâches résultant de l'état d'urgence.
On a, de la même façon, sanctuarisé, on a arrêté de baisser des budgets militaires, alors que l'on développait les missions extérieures de l'armée.
Face au malaise, plus exactement l'exaspération, des policiers, on prétend d'abord les cantonner, artificiellement, dans les limites des conditions matérielles, et des lignes budgétaires.
Bien entendu, ces dimensions ont leur importance.
Mais il est, par ailleurs, aberrant de prétendre faire reposer sur les seuls prédécesseurs la responsabilité d'un déclin qui, d'autre part, tient aussi bien à la situation morale qu'aux restrictions financières et au manque global d'effectifs.
À plusieurs reprises, pendant le quinquennat précédent, alors que la situation sécuritaire était infiniment plus normale, cette chronique a souligné le danger que faisait courir l'application de la RGPP aux fonctions régaliennes.
Parents pauvres du budget de l'État, et pourtant indispensables, celles-ci voyaient réduire leurs effectifs dans la même proportion que celle applicable à des missions secondaires, mais richement dotées, de la dépense publique.
C'était sans aucun doute une erreur sous Sarkozy et votre serviteur n'a jamais cessé de la combattre.
Or, de tels errements se sont aggravés, en fait, sous Hollande.
Quand on déplore aujourd'hui, en 2016, le délabrement des forces de police, de gendarmerie et de défense après 4 ans de présidence Hollande et de majorité PS à l'assemblée, la gauche, et pas seulement les derniers cireurs de bottines du président en chute libre, répond comme si les moyens mis au service de la mission de sécurité étaient tout à fait suffisants et que tout le mal provenait exclusivement de ce qu'en 1981 on a inventé d'appeler l'héritage,.
Un argument pervers est ridiculement avancé : le nombre des condamnations.
Certes, ce nombre, n'a jamais été aussi grand, mais en réalité il n'exprime pas la sévérité des magistrats, il ne permet même pas de la mesurer, il reflète d'abord la progression galopante de la voyoucratie, habituée à l'impunité, et celle de la criminalité.
Chaque jour nous montre une progression, dans la quantité et dans la violence, des agressions commises par des bandes, dont il est évidemment interdit d'évoquer le recrutement, mais qui doivent beaucoup à la faillite de l'école publique d'État, et de l'impuissance de toute ce qui pourrait contribuer à l'intégration.
Si les moyens des fonctions régaliennes n'ont pas été portés à la hauteur des besoins, 4 ans après l'élection de Hollande, à la présidence et l'arrivée d'une majorité PS à l'Assemblée, c'est paraît-il de la faute de l'héritage.
La vérité est aussi que l'on ne peut pas se soustraire à certains choix : on ne peut pas aujourd'hui subventionner Alstom, et en même temps, répondre aux besoins nouveaux de l'armée et de la police.
Même un Jacques Attali va jusqu'à entrer, avec sa fatuité habituelle, dans la campagne présidentielle en blâmant la droite, lui qui la conseillait, d'avoir réduit le nombre global des fonctionnaires entre 2007 et 2012, ce qui, à l'entendre, pénaliserait les forces de sécurité du pays.
L'argument est particulièrement significatif. Mais il trompe son monde. Car si les effectifs de la police et de la gendarmerie ont effectivement été alors diminués dans le cadre de la Révision générale des politiques publiques, cela ne veut pas dire que cette indispensable RGPP aurait été, dans son ensemble, une politique erronée : elle aurait pu, et dû permettre au contraire, et son équivalent futur permettra effectivement, de doter plus aisément les missions régaliennes des moyens qui leur manquent aujourd'hui. Ce n'est seulement qu'en délaissant les missions abusivement confiées à l'État qu'on pourrait au contraire rétablir, grâce aux marges financières nouvelles ainsi récupérées les fonctions que l'on doit, en effet, tenir pour essentielles pour un pays : police, justice, défense.
JG Malliarakis