L’opposition traditionnelle entre droite et gauche est-elle obsolète ? Elle semble aujourd’hui faire place à une confrontation entre patriotes et mondialistes, symbolisée par l’affrontement entre Marine Le Pen et Emmanuel Macron.
Emmanuel Berl considérait jadis l'opposition politique entre droite et gauche comme « la distinction de beaucoup la plus vivifiante pour la masse de l'électorat français ». Alain de Benoist, dans son livre Le Moment populiste, estime qu'aujourd'hui, cette contradiction est « en passe de perdre une grande partie de sa signification ». Or, les deux personnalités que les sondages placent en tête au premier tour de l'élection présidentielle, Marine Le Pen et Emmanuel Macron, partagent tous deux cette analyse.
En 2014, la candidate Front national avait déjà annoncé « la fin de la bipolarisation de la vie politique », à laquelle elle considère, comme elle l’a dit le 9 février sur France 2, que s'est substituée la confrontation entre patriotes et mondialistes.
En avril 2016, Emmanuel Macron avait lui aussi récusé cette fracture gauche-droite, en pratiquant le double discours qui le caractérise : « Je suis de gauche, j'assume d'où je viens. Mais je veux fonder une offre politique progressiste, car le vrai clivage aujourd'hui, il est entre les progressistes et les conservateurs, plus qu'entre la gauche et la droite. (...) Ce n'est donc pas "ni droite, ni gauche" mais et "droite, et gauche" car nous devons rassembler toutes les bonnes volontés autour d'un projet commun. »
« En marche ! », donc, vers ce mystérieux projet, qui pour l'instant ne contient rien de précis, hormis les ambitions d'Emmanuel Macron. Trader impénitent, celui que les instituts de sondage placent en deuxième position au premier tour de la présidentielle vend des mots qui n'ont pas plus de réalité que l'économie irréelle qui a fait sa fortune. Ainsi, lorsqu'il déclare, le 14 février lors d'un déplacement en Algérie, que sa colonisation fut un « crime contre l'humanité » : curieux « crime », en vérité, dont il avouait pourtant en novembre dernier qu'il avait permis « l'émergence d'un État, de richesses, de classes moyennes... ». Mais le banquier en attend un retour sur investissement que ne dirait-on pas pour « draguer » les électeurs français d'origine immigrée, fut-ce au risque de jeter de l'huile sur les feux allumés au même moment dans les banlieues ? Le même motif explique les propos qu'il a tenus le 4 février lors d'une réunion publique à Lyon « Il n'y a pas de culture française. Il y a une culture en France. Elle est diverse. » On aurait cru entendre l'ancien ministre de l'identité nationale de Nicolas Sarkozy, Eric Besson, en 2010 à La Courneuve.
Des mots contre les maux
Macron a des intérêts, pas de convictions. Avec le même aplomb, il fait semblant de regretter - lui que soutient Pierre Berger ! - qu'une partie de la France ait été humiliée lors du vote de la loi Taubira sur le pseudo « mariage pour tous » affirme, au Puy du fou, n'être pas socialiste, après avoir été secrétaire général de l'Elysée et ministre sous Hollande ou tente-t-il, lors des fêtes de Jeanne d'Arc à Orléans, de récupérer la Pucelle - ce qui ne l'empêche pas, le 10 janvier, de prononcer un discours en anglais à Berlin, en plaidant devant un public allemand pour un « Schenghen renforcé ».
Macron ressemble en réalité à Cauchon plutôt qu'à Jeanne... Il n'existe que par ce qu'il représente et qui le porte le mondialisme et les puissances d'argent qui ont partie liée avec le mondialisme, dont le gérant associé de la banque Rothschild est le féal. À cet égard, il est symbolique et significatif qu'il ait fait appel, pour animer sa campagne présidentielle, à Bernard Mourad, ancien de la banque d'affaires Morgan Stanley et proche collaborateur de l'affairiste franco-maroco-israélien Patrick Drahi. Macron est le candidat de la haute finance internationale, libre-échangiste favorable au CETA (cet équivalent canadien du calamiteux TAFTA), partisan de l'immigration et de la politique d'ouverture aux migrants d'Angela Merkel pour des raisons d’ « opportunité économique », dût-on l'imposer au peuple français « Ce n'est pas un sujet sur lequel on doit gouverner aux sondages », déclare-t-il en septembre 2015, lors d'une visite en Israël. « L'histoire a montré que quand on suit parfois la volonté des peuples, surtout dans des moments difficiles, on se trompe. »
Marine Le Pen voit juste, la présidentielle de 2017 n'oppose pas tant la droite à la gauche que les patriotes aux mondialistes. Mais comme le système financier dont il est le produit, Macron ressemble à la statue du songe de Nabuchodonosor cet homme d'argent a une tête d'or, mais des pieds d'argile.
Hervé Bizien monde&vie 23 février 2017