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L’IMMORTEL ET LE ROCKEUR S’EN SONT ALLES MAIS LA LECTURE A TREPASSE…

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Le bloc-notes de Jean-Claude Rolinat

Le jour même où le plus célèbre de nos académiciens quittait le monde des vivants, on annonçait, comme en écho à cette ultime pirouette de notre facétieux aristocrate, que la France tutoyait le peloton de queue dans le classement des écoliers européens pour la lecture.

Promis, juré, craché, le ministre de l’éducation nationale va « prendre le taureau par les cornes ». Acceptons-en l’augure, car « la France, pays des armes et des lois » de notre bon Joachim Du Bellay n’est plus qu’un lointain souvenir….

Le lendemain de l’annonce de la disparition de Jean d’Ormesson, la France était à nouveau saisie par le deuil : notre « rockeur » national venait de mourir des suites d’une « longue maladie » comme ils disent, dans la nuit du mardi 5 au mercredi 6 décembre dans sa maison familiale de Marne la Coquette. A quelques lieues de distance et à quelques heures d’intervalle, deux gloires nationales quittaient la scène de la comédie humaine.

Comme toujours, Macron n’utilise pas les bons mots

En effet, le Président de la République a qualifié « de héros » Johnny Hallyday le mercredi 6 décembre depuis Alger où il se trouvait en visite, avant de rejoindre le Qatar, un autre pays « ami » de la France. Non, notre Johnny national, cette immense vedette, n’est pas un héros, c’est un monstre sacré du « showbiz », « l’idole des jeunes et des moins jeunes », un talentueux « rockeur» qui a électrisé les foules pendant plusieurs décennies. Et bien souvent nous fredonnons une ou deux de ses chansons qui ont marqué notre temps.

Mais un héros, c’est un Darnand, celui de 1940, pas de 1943, qui ramène sur son dos, depuis les lignes ennemies, le corps de son officier, c’est un passant qui sauve de la noyade un inconnu ou un pompier qui, se jetant dans les flammes pour en retirer une personne, fait honneur à sa devise, « sauver ou périr ». Emmanuel Macron cultive l’outrance verbale, comme le prouve, coïncidence, sa brutale analyse délivrée aussi à Alger, lorsqu’il était candidat à la fonction présidentielle, qualifiant la colonisation française de « crime contre l’humanité ». Comme quoi des études très supérieures ne donnent pas forcément un bon brevet en sémantique.

« Tout ce qui est excessif est insignifiant »

Certains ont même évoqué comme sépulture pour Johnny, carrément, le…Panthéon ! Qu’un hommage national soit rendu à ce « gratte guitare » de génie, à ce géant de la scène, soit. Mais là encore, sachons mesure et raison garder. Et le signataire de ce court papier est d’autant plus à l’aise pour l’écrire qu’il se trouve qu’il était jadis, il y a longtemps, au siècle dernier, en 1965, dans la même caserne d’Offenbourg (FFA) que le sergent Smet du 43 ème RBIma.

Et je me souviens d’une folle soirée où, sur le plateau des couleurs, Johnny et Sylvie, hissés sur un châssis de VTT ou d’AMX, je ne sais plus, chantaient en duo devant un public fraternellement mêlé d’Allemands et de Français, de jeunes appelés et de cadres de carrière, képis ou bérets en bataille, bousculés par l’ardeur des spectateurs.

C’est, je l’avoue, un souvenir inoubliable. Et, avec la mort du célèbre chanteur, avec la disparition du soldat Smet qui gagna ses galons de sergent, c’est aussi, pour nous ses contemporains qui partagions les mêmes chambrées, les mêmes réfectoires, un peu à notre propre effacement auquel nous assistons. Français d’origine belge, - c’est presque pareil ! -, populaire, adoré d’un public bien « franchouillard », Johnny ne quittera jamais nos mémoires.

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