Dans Le Point, Hélène Visiière s'inquiète : Donald Trump est en train de dégauchir la justice américaine. Depuis son arrivée, il a nommé près de 60 juges fédéraux. A la Cour Suprême, Donald Trump a nommé le conservateur Neil Gorsuch. Quatorze ont déjà reçu le feu vert. Ils sont aidés par le fait que les démocrates ont changé en 2013 les règles et que la confirmation se fait désormais à la majorité simple. Sur les deux dernières années de la présidence Obama, les républicains ont délibérément freiné ou bloqué des nominations. Ils ont confirmé seulement 22 juges, le taux le plus bas depuis les années 50. Par comparaison, lors des deux dernières années de la présidence Bush, le Sénat, contrôlé par les démocrates, avait confirmé 68 juges.
Le choix des juges fédéraux est crucial parce que, ce sont eux, de plus en plus, qui décident in fine dans des sujets aussi importants que l'immigration, le redécoupage électoral, l'avortement ou la réforme de la Santé... Or, les candidats de l'administration Trump sont sélectionnés par la Federalist Society, et Heritage Foundation, deux think tank tout aussi à droite. Comme la plupart sont nommés à vie, leur influence va s'étendre bien après le départ de Donald Trump de la Maison-Blanche. John Bush, qui a été confirmé pour siéger à Cincinnati, a comparé l'avortement à l'esclavage, « les deux plus grandes tragédies de notre pays ». On comprend que les libertaires du Point soient choqués...
Ces nominations vont se poursuivre. Nombre de juges actuellement en poste sont âgés. Il devrait donc y avoir dans les années à venir beaucoup de vacances, y compris à la Cour suprême. Cela pourrait être le legs le plus important de l'administration Trump.