Si face à la police les révolutionnaires se présentent pour l’heure faibles, désarmés, inorganisés, fichés, ils ont sur elles cet avantage stratégique de n’être le moyen de personne, de n’avoir aucun ordre à maintenir et de ne pas être un corps. Nous autres révolutionnaires ne sommes liés par aucune obéissance, nous sommes liés à toutes sortes de camarades, d’amis, de forces, de milieux, de complices, d’alliés. Cela nous rend à même de faire peser sur certaines interventions policières la menace que l’opération de maintien de l’ordre ne déclenche en retour un désordre ingérable. Si depuis l’échec de l’opération César aucun Gouvernement ne s’est aventuré à expulser la ZAD, ce n’est pas par crainte de perdre militairement la bataille, mais parce que la réaction de dizaines de milliers de sympathisants pourrait s’avérer ingérable. Qu’une « bavure » en banlieue déclenche des semaines d’émeutes diffuses, c’est payer trop cher la licence d’humilier laissée à la BST. Lorsqu’une intervention de police produit plus de désordre qu’elle ne rétablit l’ordre, c’est sa raison d’être même qui est en cause. Alors, soit elle s’entête et finit par apparaître comme un parti avec ses intérêts propres, soit elle rentre à la niche. Dans les deux cas, elle cesse d’être un moyen utile. Elle est destituée.
Comité invisible, Maintenant