On connaissait la résistance des anciens satellites de l’URSS, et de l’Autriche, face à la politique européenne de grand remplacement. On connaissait les révoltes des partis populistes. Mais voici que les choses bougent en Europe du Nord, très précisément du côté des pays scandinaves qui semblent glisser vers des positions dures. Les Scandinaves ont la réputation de défendre les politiques sociales les plus « avancées », et on pouvait légitimement craindre de les trouver à l’avant-garde du vivre-ensemble. D’autant que la classe politique reste dominée par la social-démocratie, cette espèce de socialisme mou, véritable machine à décerveler.
Et pourtant c’est du parti social-démocrate danois que sont venues certaines réactions virulentes à la déferlante migratoire. En 2016, le Danemark avait accueilli 30 000 réfugiés, pour une population d’environ 6 millions de personnes. En 2017, il n’en a accueilli que 3 500.
On croit rêver devant la modestie de ces chiffres. Mais pour ces socio-démocrates danois, c’est déjà bien trop. Ils constatent qu’en 1980, 1 % de la population danoise était non européenne, ce chiffre étant passé à 8 % actuellement.
Au pouvoir au Danemark, et bousculé sur sa droite par le Parti du peuple danois, le parti social-démocrate a annoncé qu’il entendait tarir l’arrivée d’étrangers, du moins d’étrangers « non occidentaux ». Voilà un tabou que nul n’oserait violer, en France : se lancer dans le tri des réfugiés et ne pas accepter ceux qui ne sont pas issus des pays occidentaux.
Mais ces socio-démocrates danois – décidément en verve – prévoient aussi de plafonner le nombre de réfugiés et surtout de réformer en profondeur le système d’accueil : les candidats au statut de réfugiés, s’ils sont refusés, seront renvoyés chez eux illico. Mais s’ils obtiennent ce statut de réfugié si envié, qu’ils viennent chercher ici, ce n’est pas pour autant qu’ils pourront s’installer au Danemark : ils devront rester dans des centres d’accueil implantés à l’extérieur de l’Europe.
Eviter que les migrants se diluent dans la nature
Ces camps de réfugiés à la charge du Danemark, comme le prévoit la commission européenne, et faits pour accueillir leur quota obligatoire de réfugiés ne seront pas construits en Europe, en Occident, mais dans des régions peu gratifiantes de pays non européens. C’est évidemment la meilleure formule pour éviter que les migrants se diluent dans la nature.
Les Danois sont si inquiets du risque de submersion migratoire, tous partis confondus, à l’exception de quelques groupuscules d’extrême gauche, qu’ils entendent renforcer leur frontière terrestre avec l’Allemagne, pays considéré comme anormalement laxiste.
Or il semble pourtant que la social-démocratie allemande soit à son tour frappée par le syndrome identitaire. L’ancien président social-démocrate, Joachim Gauck, qui a été à la tête du pays ces cinq dernières années avec un soutien rouge-vert, ne vient-il pas d’avouer : « Le multiculturalisme m’effraie », ajoutant « je trouve honteux que certains ferment les yeux sur l’oppression des femmes dans les pays islamiques » ?
Quant au maire de la ville de Cottbus, en Allemagne (100 000 habitants), il vient de déclarer que 3 500 réfugiés pour sa commune, c’était trop, et de proclamer, avec un soutien massif de ses administrés, le gel de l’accueil. Contre l’Union européenne, contre l’Etat fédéral.
Francis Bergeron
Article repris du quotidien Présent