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Cachez ce mâle que je ne saurais voir !

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Claude Bourrinet 

Les chiffres, quand ils sont pris dans une globalité qui arase les singularités, ce qui est le cas des statistiques, servent souvent à des fins propagandistes. La « découverte » qu'un tiers des femmes, les moins obèses (les goûts ayant évolué depuis la préhistoire) sont « victimes » de harcèlements sexuels dans le travail, visent, bien évidemment, à continuer la démolitions du mâle et de son prétendu pouvoir dans une société libérale qui cherche frénétiquement à s'éloigner des lois naturelles.

Car, au fond, dans ce qu'il est convenu d'appeler la « civilisation occidentale », dont les aspirations passent désormais par le truchement de la technoscience et de la marchandise, un lopin de jungle dans un univers bétonné, une errance de renard ou de sanglier dans une rue de mégalopole, semblent aussi incongrus qu'un poisson juché sur une bicyclette. L'être humain étant, somme toute, encore un animal, bien qu'on lui prédise des lendemains mutants, il semble en même temps normal et impensable qu'il se laisse aller à ses instincts ataviques dans un cadre, comme celui du travail, qui, par définition, a pour vocation de contredire la nature. De là le scandale.

Sans vouloir nier le phénomène, et même en s'étonnant qu'il ne soit pas plus large – mais il faut peut-être envisager l'hypothèse que certaines femmes, peut-être nombreuses, n'ont rien eu à dire d'être ainsi « harcelées », et y ont même trouvé leur compte - on notera qu'il n'est pas question, dans cette étude, des hommes harcelés par leurs vis-à-vis féminins, les premiers, par pur masochisme, sans doute, n'y voyant aucun inconvénient. Il faudra aussi nous expliquer comment draguer, à moins qu'on nous enjoigne de relire Platon, et de s'en prendre aux âmes, plutôt qu'aux corps. Mais on sait que l'homme n'est pas un philosophe né, et même qu'il est un misérable pécheur.

Toujours est-il que, face à cette exorbitante mise en relief des « dérives » sexuelles, dont l'objectif est de déconsidérer le mâle, donc la nature, les multiples violences, sociales, symboliques (le sexe est partout dans les médias, ainsi que les pulsions les plus crues), politiques, policières, judiciaires, et j'en passe, sont occultées, ou seulement évoquées de façon pudique, l'intérêt de les voiler étant probablement immense.

La vérité est que nous vivons dans un monde où les codes de conduite, les repères moraux, les contrôles familiaux, la décence élémentaire, comme aurait dit Orwell, ont éclaté sous l'action nihiliste de la marchandise, de l'exploitation capitaliste, de la pression libérale, et du dérèglement conséquent des mœurs. Face à ce vide, l'autorité, largement contrôlée par des lobbys minoritaires et variés, n'a plus que la violence des lois, et la peur qu'inspire la police, pour établir un ordre, qui risque bien d'être celui des cimetières, ou ce profond ennui mélancolique qui règne dans les quartiers puritains, le dimanche, où, du reste, se succèdent, le long des trottoirs, temples et sex shops.

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