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Droits-de-l’homme ? Liberté de la presse ? Parlons-en !

agora.jpgHier, dans le cadre de sa visite d’Etat aux Etats-Unis, Emmanuel Macron a rencontré à l’ambassade de France à Washington quelques Français  expatriés. Il a évoqué devant eux « la relation très spéciale entre nos deux pays » qui reposerait sur « des valeurs et des rêves communs, la démocratie, la liberté individuelle, l’ouverture de la société, la croyance dans le progrès, l’attachement à la culture. »  Soit les Valeurs promues officiellement par  l’Occident marchand et libéral, l’Europe de Bruxelles,   qui ne seraient pas assurées voire qui seraient résolument combattues par  des  Etats développant   une vision  du monde souvent sensiblement  différente mais qui surtout, le hasard fait bien les choses, sont en conflit plus ou moins larvé, ou à tout le moins en situation de très forte concurrence,  avec les Etats-Unis et certains de ses vassaux.  C’est en tout cas ce qui ressort du Rapport annuel sur  les droits de l’homme dans le monde pour 2017, publié vendredi par le département d’État américain. Certes,  l’ONG Human Rights Watch (HRW) a critiqué celui-ci avec force du fait qu’il ne fait pas entrer dans ses critères les sujets sociétaux comme les libertés  sexuelles et les discriminations liées au genre ce qui était  le cas sous l’ère Obama.

 Le secrétaire d’État par intérim, le républicain  John Sullivan, défend  une  approche de la question des droits de l’homme politiquement  plus pragmatique, plus trumpiste en un mot. Il a ainsi précisé que  « la Stratégie de sécurité nationale 2017 reconnaît qu’une gouvernance faible et corrompue est une menace pour la sécurité mondiale et pour les intérêts américains. Certains gouvernements sont incapables de maintenir la sécurité et de pourvoir aux besoins de base de leur peuple, quand d’autres n’y sont simplement pas favorables. »« Les États qui restreignent les libertés d’expression et de rassemblement pacifique, qui autorisent et commettent des violences contre des membres des minorités religieuses ethniques ou d’autres groupes minoritaires (…)  sont moralement condamnables et discréditent nos intérêts. »

Une phrase un peu étrange (en quoi les intérêts de Washington  seraient discrédités par une violation des droits de l’homme dans un Etat tiers ?) mais qui prend tout son sens quand M. Sullivan   précise que  «les gouvernements de Russie, de Chine, d’Iran et de Corée du Nord, par exemple (sic), violent quotidiennement les droits de l’homme. » Que les pays en question,  amalgamés ci alors que leur réalité politique, leur mode de gouvernance  sont très différents, soient  sujets à des degrés divers à  des problèmes de corruption et/ou  de restriction  des libertés individuelles,  est une évidence qui n’est pas contestable.

Ce qui ne l’est pas non plus c’est que nous retrouvons ici  les vieux Etats voyous (Rogue state)  les membres de l‘axe du mal qui figurent sur toutes les listes noires de l’Etat profond  américain  depuis des décennies en ce qu’ils refusent  de courber l’échine devant le nouvel ordre mondial. Ou  parce qu’ils sont considérés du fait de leur existence même  comme  des adversaires géopolitiques… contrairement aux amis de l‘Oncle Sam qui, comme l‘Arabie saoudite peut ratonner  sauvagement  actuellement  les  yéménites chiites sans craindre une pluie de missiles tomahawk. Éternelle hypocrisie d’une morale droit-de-hommiste à la sauce quaker et à   géométrie variable.

Des droits de l’homme à ceux  des médias  il n’y a qu’un pas  et Reporters sans frontières (RSF) vient de sortir son  Classement mondial de la liberté de la presse,  dans 180 pays – la Norvège est en haut du classement,  la Corée du Nord  bonne dernière. «(Il)  révèle un climat de haine de plus en plus marqué. L’hostilité des dirigeants politiques envers les médias n’est plus l’apanage des seuls pays autoritaires comme la Turquie (157e, -2) ou l’Egypte (161e), qui ont sombré dans la mediaphobie (…) De plus en plus de chefs d’Etat démocratiquement élus voient la presse non plus comme un fondement essentiel de la démocratie, mais comme un adversaire pour lequel ils affichent ouvertement leur aversion. Pays du Premier amendement, les Etats-Unis de Donald Trump figurent désormais à la 45e place du Classement, en recul de deux places. Le président adepte du media-bashing décomplexé, en qualifiant les reporters d’ennemis du peuple, use d’une formule utilisée autrefois par Joseph Staline. »

RSF indique  que «c’est en Europe, la zone géographique où la liberté de la presse est la moins menacée dans le monde, que la dégradation de l’indice régional est la plus importante cette année. Sur les cinq plus fortes baisses du Classement 2018, quatre sont des pays européens : Malte (65e, -18), République tchèque (34e, -11), Serbie (76e, -10) et Slovaquie (27e, -10). La lente érosion du modèle européen se confirme. »

Un   Classement qui  montre également « l’influence grandissante des hommes forts et des contre-modèles. Après avoir étouffé les voix indépendantes à l’intérieur de ses frontières, la Russie (148e) de Vladimir Poutine étend son réseau de propagande à travers le monde grâce à ses médias comme RT et Sputnik, et la Chine (176e) de Xi Jinping exporte son modèle d’information verrouillée en Asie. »

CNN, la  BBC, aljazeera ou France 24 ne seraient aucunement des réseaux de propagande plus ou moins appuyé et habile, des instruments  de soft power pour les gouvernements des pays dont  ils sont la voix et l’image à l’étranger ? L’information ne serait   absolument pas verrouillée en France ? 10 milliardaires ne posséderaient pas chez nous 90 % des quotidiens nationaux, des télévisions et radios de grande audience qui  ont toujours  tous fait ouvertement campagne  contre l’opposition nationale ?

Le problème de la liberté de la presse en France  est aussi celui de la liberté du journaliste vis-à-vis de son employeur qui tutoie les puissants, quand bien même beaucoup de titulaires de carte de presse  sont  formatés et relaient par conviction les  idées dominantes.  Bruno Gollnisch l’a dit dernièrement,  la Russie comme la France par exemple  sont toutes deux des démocraties imparfaites et il s’agirait  de ne pas trop s’illusionner sur la réalité de la pleine liberté d’informer le bon peuple  en France sur tous les sujets…  

Le Monde qui évoque ce classement  donne la parole  à Christophe Deloire,  secrétaire général de RSF,  co-auteur  il y a quelques années du très intéressant Circus politicus. Nous ne doutons aucunement de sa sincérité   quand il défendait  « la souveraineté des électeurs»  face à  ceux  « qui détiennent réellement le pouvoir, c’est-à-dire ceux qui sont à Bruxelles, dans des institutions dites indépendantes et qui ne relèvent pas de responsabilité politique. » Il  estime aujourd’hui que  « Les dirigeants politiques qui alimentent la détestation du journalisme portent une lourde responsabilité.» « A propos de l’Hexagone, RSF évoque les attaques régulières du président du parti Les Républicains, Laurent Wauquiez, à droite, et celles du chef de file de La France insoumise, Jean-Luc Mélenchon, à gauche, alimentant un climat délétère ayant atteint  son paroxysme pendant la campagne électorale de 2017 . Contester aujourd’hui la légitimité du journalisme, c’est jouer avec un feu politique extrêmement dangereux , prévient M. Deloire. »

La légitimité du journalisme qui est celle d’informer les citoyens n’est en aucun cas remise en cause par l’opposition nationale, c’est même une question centrale. C’est pourquoi nous estimons aussi que   tronquer sur ordre, par idéologie ou autocensure,  la réalité,  la déformer  voire la passer sous silence quand celle-ci ne va pas dans le sens de l’histoire, du vivre-ensemble ou de l’avènement à marche forcée des sociétés (largement)  ouvertes, lesquelles sont  contestées toujours plus  avant par les peuples européens, c’est aussi jouer avec un feu politique extrêmement dangereux.  

https://gollnisch.com/2018/04/25/droits-de-lhomme-liberte-de-la-presse-parlons-en/

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